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On ne parlait jamais des parloirs de prisons...
Prix Louis-Delluc du premier film
à Léa Fehner (28 ans) pour :
Qu'un seul tienne
et les autres suivront...
Synopsis :
- "Destins croisés dans un parloir de prison.
Stéphane, Zorah et Laure parcourent les rues d'une même ville mais ne se connaissent pas. Stéphane, un trentenaire perdu dans un monde sur lequel il n'a pas de prise, se voit proposer un marché qui pourrait changer sa vie, mais à quel prix ?
Zorah a quitté l'Algérie pour chercher à comprendre la mort de son fils assassiné en France.
Laure vit son premier amour pour un jeune révolté avec ferveur et innocence, jusqu'au jour où ce dernier est incarcéré.
Rien ne les appelait tous trois à se retrouver un jour dans un parloir de prison, c'est pourtant dans ce lieu, où les passions s'exacerbent, qu'ils auront chacun à prendre en main leurs destins..."
Léa Fehner :
- "Une image a fondé le désir du film. À Toulouse, mon collège Émile-Zola jouxtait la prison Saint-Michel. Avec mes amies, on se rendait en cachette dans la Maison blanche, un lieu abandonné, interdit, dont le toit en forme de promontoire servait de parloir sauvage. Un jour une femme s'est mise à hurler ses sentiments à son homme qui se tenait en face, derrière les barreaux. C'était dérangeant parce qu'il y avait de l'indécence à étaler ainsi son intimité, mais magnifique par cette liberté à vouloir passer par-dessus les murs. J'avais 13 ans, ce cri a laissé son empreinte."
- "J'ai toujours eu envie de montrer des personnages qui essaient de tenir debout, d'attraper leur histoire quel que soit leur environnement..."
Vincent Rottiers et Pauline Etienne.
Emmanuèle Frois :
- "Elle est enthousiaste, passionnée, chaleureuse et formidablement humaine. Ce sont quelques-unes des qualités de Léa Fehner, jeune cinéaste toulousaine surdouée de 28 ans qui a déjà tout d'une grande.
Son premier film ? Un coup de maître ! Qu'un seul tienne et les autres suivront, drame puissant et profond, suit la trajectoire de trois personnages, Stéphane (Reda Kateb), Zohra (Farida Rahouadj), Laure (Pauline Étienne). Trois destins que le hasard va réunir un même jour entre les murs d'un parloir de prison.
Stéphane censé prendre la place d'un détenu qui lui ressemble lors d'une évasion de substitution, Zohra qui veut se retrouver face à l'assassin de son fils, Laure qui vient voir son amoureux incarcéré."
(Le Figaro.fr, 8 décembre 2009).
Roland Hélié :
- « Qu’un seul tienne… » attaque la prison - l’une des hontes de la France avec le sort réservé aux sans-papiers - par la face généralement la moins pratiquée, en s’attachant au sort de tous ceux qui ont un parent ou un proche en prison. Il en résulte un film choral en champ/contrechamp avec d’un côté des barreaux, des gens de peu, des gens de rien, auxquels il était urgent de rendre un visage, et de l’autre, des gens qu’il ne faut pas abandonner, auxquels il est une nécessité vitale de rendre visite. Fiction magnifiquement documentée, le film de Léa Fehner s’adosse à une judicieuse distribution des rôles où se mélangent acteurs professionnels et non professionnels, lesquels parviennent, grâce à l’intelligence et à la sensibilité dont l’écriture fait preuve, à donner corps à la parole de personnages complexes et tourmentés."
(evene.fr, 8 décembre).
Vincent Avenel :
- "Faisant preuve d’une remarquable sagesse dans la construction de son scénario, Léa Fehner parvient à contrebalancer des choix potentiellement puissamment casses-gueule (le premier amour de Laure, la croisade de Zohra) avec l’écriture de personnages justes, aux psychologies en demi-teintes, qu’elle prend le temps de laisser se construire, et qui amène le plus souvent (avec tout de même quelques bémols sur le pathos autour de l’un d’entre eux) une véritable crédibilité.
Marie de Laubier, directrice de casting venue du documentaire, a constitué une équipe d’acteurs tout à fait à la hauteur des enjeux de cette écriture − une équipe que Léa Fehner se révèle tout à fait à même de diriger avec maîtrise. La confiance de la réalisatrice dans ses acteurs transparaît dans sa propension affirmée à leur laisser occuper le centre de l’écran."
(Critikat.com, s. d.).
Farida Rahouadj dans le rôle de la mère en quête de vérité sur la mort de son fils.
Serge Kaganski :
- "A travers ces trois histoires s’ébauche un tableau de la France contemporaine, société métissée, fliquée, précarisée, pays en proie à diverses convulsions nées de la crise économique et d’une chape politique répressive. Léa Fehner ne nomme jamais Sarkozy, mais suggère les dysfonctionnements sociaux et l’ambiance maussade du pays par certaines scènes savamment distillées – comme cette expulsion musclée de sans-logis.
Par ses choix de casting (des acteurs peu connus mais qui ont des “tronches”), l’âpreté de certaines séquences où ça gueule et ça castagne, un filmage sans fard, le cinéma de Fehner pourrait être estampillé “pialatien”. Mais la réalisatrice tempère son réalisme social brut de brut par des plages plus silencieuses, contemplatives, intérieures, caméra posée, plans composés et musique signifiante, comme hésitant entre deux esthétiques, deux régimes de regard (l’action et la réflexion)."
(les inrocks.com, 4 décembre).
Jérôme Garcin :
- "Le premier film de la Toulousaine Léa Fehner, 28 ans, n'est pas «juste un choc», c'est un choc. Une telle maîtrise, si tôt. Une telle connaissance du milieu carcéral. Un scénario au cordeau qui mène, à leur insu, plusieurs personnages vers le même parloir d'une maison d'arrêt, où les destins basculent selon des lois mathématiques. Un portrait de groupe de femmes et d'hommes blessés qui n'abdiquent pas. Et des comédiens incroyables, parmi lesquels la magnifique Farida Rahouadj et Reda Kateb, qu'on avait déjà vu en prison dans «Un prophète», le film de Jacques Audiard dont «Qu'un seul tienne et les autres suivront» est le complément d'objet direct.
Qu'un seul spectateur y aille, et les autres suivront."
(Le Nouvel Observateur, 3 décembre).
Pour être révolté... Vincent Rottiers.
Jean-Luc Douin :
- "Qu'un seul tienne et les autres suivront est un film pensé. Les fils n'y sont pas invisibles. Le dénouement, qui voit les personnages des trois récits se rejoindre dans le parloir, zone symbolique, peut sembler théâtral. On ne croit qu'à moitié à l'épisode Zohra ; la dialectique de cette Mère Courage laisse perplexe, en partie à cause du déficit d'émotion qu'elle suscite.
Ce n'est pas le cas des deux autres histoires, grâce aux comédiens.
Propulsé dans Je suis heureux que ma mère soit vivante, de Claude et Nathan Miller, et A l'origine, de Xavier Giannoli, Vincent Rottiers, attachant petit voyou, est très crédible. Sa partenaire, Pauline Etienne, est touchante.
Avec sa gueule cassée de Gitan prêt à péter les plombs, mais à l'âme d'enfant, Reda Kateb a de la présence. Et le talent de sa jeune complice, la Russe Dinara Droukarova, n'est plus à démontrer.
Ces quatre acteurs séduisent si bien la caméra que le film dépasse son concept et réussit à incarner une intrigue tissée sur le double, la ressemblance, la permutation des situations."
(Le Monde, 9 décembre).
Bande annonce.
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28 commentaires:
entendu une très bonne critique hier je crois
@ brigetoun
effectivement, et pour une fois, j'ai l'air de prendre un train en marche
le premier film de cette jeune cinéaste ne semble pas promis aux oubliettes dès sa sortie
mais je laisse cette page
le choix de son sujet rappelle mes engagements entre 1986 et le début des années 2000...
Une cinéaste de 28 ans ?? Et déjà cette envie de s'engager qui passe à l'action ! Le cinéma est une voie très efficace pour frapper les esprits.
J'irai voir ce film. Merci JEA.
@ claire
et Libération insiste : Léa Fehner n'a pas réussi des études de mise en scène mais bien de scénariste...
elle est vraiment originale cette nouvelle figure du 7e art....
Je suis ravie que vous parliez de ce film. Léa est la fille d'amis comédiens qui sont eux aussi de sacrées belles personnes. Je n'ai pas pu voir le film alors que j'étais invitée à la projection en avant première, emploi du temps trop chargé mais je vais aller le voir à Toulouse dès que je le pourrai. Un premier film et un succès sur un tel thème. Le monde serait-il en train d'accoucher dans autre air du temps?
D'un court métrage, Sauf le silence à un premier film, une variation réussie sur un même thème ?
La presse est élogieuse. Remarquable, c'est très rare pour un premier film
@ zoé lucider
il faut vous avouer cet embarras : Zoé et/ou Zoë ???
pour vous écrire, je danse d'un pied sur l'autre ce qui me donne un air pataud, là n'est pas le problème, mais revient à risquer de piétiner vos plates-bandes, et voilà qui est moins léger...
@ Elisabeth.b
dans la presse, on n'a pas encore abouti au point où une critique va se croire obligée de lui reprocher son succès, mais ce genre de mise au pilori n'est pas exclu...
@ zoé-ë lucider
j'oubliais, ses parents ne sont-ils pas comédiens et ambulants ??? et leur fille n'aurait-elle pas été plongée très tôt dans le chaudron magique du spectacle ???
j'oubliais aussi (enfin, feignais), à mardi matin, ici sur ce blog, pour votre page nomade !
Je ne sais pas s'il y a une explication à la magie du talent.
Oh JEA il y a toujours des esprits chagrins. Peut-être que déjà chez les Néandertal... mais, ne pouvant confirmer mes sources, je ne développerai pas.
bonjour JEA -oui c'est fascinant comment les destins se croisent. Cela semble comme un beau film. C'est un thème intéressant qui me fascine.
Et moi je crois que si on pourrait tout apercevoir on pourrait voir tous les chemins que ce n'est pas une surprise du tout que nos destins se croisent.
Merci pour le beau travail et belle journée à vous.
@ Elisabeth.b
Est-ce à l'époque de l'Homme de Spy que fut inventé l'adjectif : "grotesque" ? (oubliant un T au passage mais ce ne devait pas être leur tasse préférée...)
@ jedaen
mardi, votre destin pourra croiser celui de Zoé Lucider (du moins si la boule de christal de ce blog ne débloque pas...)
Oh JEA malgré votre impressionnant esprit de déduction, je ne me risquerai pas à confirmer.
Une hypothèse : leur tasse n'était pas en porcelaine de Tournai.
@JEA les chemins de la boule de christal sont précaire mais j'ai de la confiance en votre vision mystique.....
@ Elisabeth.b
Après vous avoir lu avec la plus grande attention, les responsables vont reprendre les fouilles à la Grotte de Spy (vallée de l'Onoz) dans l'espoir d'y retrouver des éclats de porcelaine tournaisienne...
@ jedaen
la boule de christal suggère aussi un détour par le blog de Tania :
http://textespretextes.lalibreblogs.be/archive/2009/12/12/drole-de-jeu-par-jea.html
"Un Prophète", de Jacques Audiard, ayant reçu il y a quelques jours le Prix Louis Delluc du meilleur film de l'année 2009, il était logique - mais je ne l'ai pas encore vu - que celui de Léa Fehner remporte (sur un sujet à barreaux assez proche) l'autre prix Delluc, celui du Premier film.
Surtout avec un des acteurs jouant déjà dans le premier cité !
@ D. Hasselmann
Merci de le souligner. Audiard et Fehner ne se sont pas concertés mais le jury du Louis-Delluc a salué les liens entre deux films au même courage, avec des approches complémentaires et des lucidités rares...
Pour la Toulousaine Léa Fehrer, Zoë Lucider veut lui marquer toute son estime sur son blog de l'arbre aux Palabres (liens, colonne de droite).
Cher JEA, je redécouvre votre blog que je ne lisais pas facilement et vous manifeste toute mon admiration pour votre talent, la variété de vos sources et le « luxe » de votre présentation. J’ai toujours aussi apprécié vos interventions dans le blog de Tania, filleule qui « me coupe le souffle » rivalisant avec vous quant à la qualité de ses interventions.
@ Philippe Mailleux
Sincèrement désolé que le fond noir de ce blog pose problème à votre vue. D'autant que je l'avais modifié (voici au moins une année) parce que ce noir, au contraire, soulage ma lecture...
Bisque, bisque...
Tania, celles et ceux de la page 200 et combien d'autres encore, nous ne sommes que des grains de sable qui grippent la machine à décerveler. Si nous pouvions être de petits cailloux d'un grand poucet nommé humanisme ???
Voilà de biens grands mots pour tenter de dissimuler ma timidité à la lecture de votre commentaire...
Selon mon habitude, je me suis contentée de lire le synopsis et le pedigree de la réalisatrice qui décrit avec émotion comment l'idée de ce film trouve ses sources dans sa jeunesse. Si elle a réussi à donner un tel élan à son film, il vaut certainement le détour.
Comme on dit, "la valeur n'attend pas le nombre des années".
Serions-nous en quelque sorte déterminés dès l'enfance ?
Merci pour cette découverte.
Vous donnez envie...
Une fois de plus renouvelé, cet émerveillement devant ces fragments minuscules et humains, devant ces notes justes. Faire, chacun à son aune, un peu de lumière.
@ Saravati
Ce blog est aussi, un peu, comme un banc public. Pour s'y asseoir ou non (et peu importe comment). Ne penser à rien ou à beaucoup. Lire ou jeter la page (à la poubelle). Donner à picquoter aux oiseaux ou grignoter soi-même. Admettre qu'ici les gsm ne fonctionnent pas. Bavarder avec d'autres ou préférer un manteau de silence. Regarder l'horizon comme un écran de cinéma, des planches de théâtre, une salle de concert, un jardin, une bibliothèque...
@ anita
Votre lettre au Père Noël (lire votre blog dans les liens, à droite) m'a fait rire pour une année au moins...
@ anita
Votre lettre au Père Noël (lire votre blog dans les liens, à droite) m'a fait rire pour une année au moins...
@ Philippe Mailleux
Elisabeth.b s'est proposée comme guide pour sortir du "noir c'est noir" et passer au gris comme fond de ce blog
malgré mes maladresses, voici un résultat
avec l'espoir qu'il vous agresse moins la vue
et avec toute ma gratitude à Elisabeth.b
Un film à voir donc, sans hésiter...
merci pour ces coups de projecteurs:)
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