DANS LA MARGE

et pas seulement par les (dis) grâces de la géographie et de l'histoire...

dimanche 28 décembre 2008

P. 62. Philippe, Alexandre, Rousseau, Alfredo, Pablo Noiret...

Quatre Philippe Noiret pour entamer le tournant vers l'an nouveau...

Publiée chez Robert Laffont en 2007, la Mémoire cavalière de Philippe Noiret vient d'être rééditée dans Le Livre de Poche (n° 30921).

Cet anarchiste (il insiste) en... Rolls Royce, cancre total ayant taillé sa voie au théâtre (TNP de Vilar) puis au cinéma (lire la page 58 des plages d'Agnès Varda), éclaire de l'intérieur chacun des très nombreux films qu'il a imprégnés de sa silhouette et de sa voix uniques.
Pour vos projections de fin d'année, le blog programme quatre de ces films qui cultivèrent ce superbe paradoxe de rendre lumineuses les salles obscures.

1967 : Alexandre le Bienheureux.

Philippe Noiret :

- "A l'origine, il y avait une nouvelle qu'Yves {Robert} avait écrite. Je l'avais trouvée formidable... Une fois de plus, nous étions dans ce territoire cher à Yves, pas très loin de Louis Pergaud, ou du Jules Romains des Copains. Comme on sait, Alexandre est un agriculteur surexploité par une épouse autoritaire, la Grande, que jouait Françoise Brion. Lorsque cette dernière passe l'arme à gauche dans un accident de 2CV, il décide tout bonnement de cesser de travailler, et la fureur scandalisée d'une bonne partie du village ne change rien à l'affaire. Avec ce désir de bousculer l'ordre établi, de revendiquer le droit à la paresse et d'accéder à la jouissance, le film reniflait déjà de façon prémonitoire l'atmosphère de Mai 1968." (PP. 205-206).

- "Nous tournions dans un village de la Beauce, et l'atmosphère était celle des grandes vacances. Les habitants étaient joués par d'excellents acteurs comiques. Paul Le Person était formidable en paysan accablé d'enfants binoclards... Quant à Pierre Richard, curieusement vêtu de treillis militaires, c'était son premier film... Tsilla Chelton jouait une terrifiante épicière... Pour la première fois, je tournais avec Jean Carmet, ce merveilleux fou surréalisant..." (PP. 206-207).

1975. Le Juge et l'Assassin.

Philippe Noiret :

- "Pour jouer l'assassin Emile Bouvier, le choix de Michel Galabru a pu étonner bien des gens, sauf ceux du métier. nous savions tous, en effet, que Galabru était un immense acteur... Tout de suite j'ai senti que Michel serait prodigieux en "anarchiste de Dieu", appuyé sur le verbe. Mon personnage du juge Rousseau, en revanche, était d'une telle complexité larvée, toute en retenue, qu'il fallait dessécher les choses. Sa personnalité, peu ragoûtante, obligeait à faire passer les choses en contrebande. Tout l'enjeu était de réussir un équilibre avec l'exubérance de Bouvier, l'assassin. En terme de spectaculaire, je savais que le personnage que brosserait Michel serait plus payant que le mien. Désireux de servir le film, je n'ai pas voulu me laisser tenter par la compétition et orienter mon personnage dans une voie analogue." (PP. 342-343).

- "Pour la première fois, j'avais pour partenaire Isabelle Huppert, qui était Rose, ma jeune maîtresse. Je l'ai trouvée parfaite... Le procureur était interprété par Jean-Claude Brialy. Il avait composé un très beau personnage de désespéré souriant, léger, ignoble et humain, porteur d'une blessure secrète, retour des pays chauds. Il avait le trac, et j'avais été très touché de découvrir cela chez un acteur de cette qualité... Sous la défroque d'un chanteur des rues, je retrouvais Jean-Roger Caussimon, que j'avais croisé autrefois dans les cabarets... Accompagné par un grand de l'accordéon, Marcel Azzola, il chantait la légende du tueur. Dans le cinéma français, il existe une vieille tradition qui consiste à faire appel à des chanteurs populaires. Jean Renoir, par exemple, y recourait souvent, à la fin de La Chienne, par exemple, ou au début de La Grande Illusion. Tavernier s'inscrivait dans cette tradition."
(PP. 343-344).

1988. Cinema Paradiso.

Philippe Noiret :

- "Un jour de 1988, il {Alexandre Mnouchkine} m'a fait passer le scénario d'un réalisateur italien, Guiseppe Tornatore, qu'il s'apprêtait à coproduire et qui s'intitulait Cinema Paradiso. Je m'y suis immédiatement plongé, et j'ai été absolument emballé par ma lecture, au point d'avoir, dans les dernières pages, les larmes aux yeux... Cinema Paradiso était un mélodrame pur et dur, implacable. il est impossible de ne pas être bouleversé par cette histoire, chronique d'une amitié entre un simple artisan, projectionniste de cinéma nommé Alfredo, et un petit garçon cinéphile, Savatore dit Toto. A travers un cinéma de la campagne sicilienne, le film suit l'évolution du septième art, de l'époque où il était le spectacle populaire par excellence, jusqu'à son déclin et sa fin. Lorsque le vieil Alfredo meurt, la télévision a pris la place du cinéma de façon irrémédiable. Plus que celle du cinéma en général, Cinema Paradiso établit le constat mélancolique de la mort d'un certain cinéma, celui qui était au centre des joies et des peines des hommes, qui touchait toutes les classes sociales et qui réussissait cette prouesse de les réunir dans une salle obscure." (PP. 435-436).


- "Ce n'était pas forcément évident de transformer un acteur bourgeois français en artisan paysan sicilien. Je crois que nous avons gagné notre pari. La silhouette, la tête à moustache, le crâne ras, tout cela était plutôt vraisemblable. Je portais une chemise sans col, un bleu, de grosses chaussures. Lorsque nous sommes arrivés sur le lieu de tournage, un village perdu au centre de la Sicile, non loin de Corleone, qui s'appelait Palazzo Adriano, nous avons eu tout loisir de conforter nos intuitions... Tout au long du film, on voit vieillir Alfredo. Mis à part la lente progression du gris dans les cheveux, les transformations étaient à peine apparentes. Cela passait moins par le physique que par la psychologie. J'étais anxieux de ne pas le rater, d'arriver à donner ce que je reniflais de sa richesse." (P. 436).

1994. Il Postino - Le Facteur.

Philippe Noiret :

- "Physiquement, Pablo Neruda était très différent de moi. Pas très grand, un peu rondouillard, il était très brun de cheveux avec un profil d'aigle. Nous avons donc évité de faire un portrait. Nous nous sommes contentés de nous inspirer de détails glanés dans les photographies d'époque, le col de chemise étalé sur la veste, la casquette de toile... Grâce au costume, on pouvait y croire. Je ne voulais pas donner de Neruda une image enjolivée. Dans le film, le militant communiste, l'opposant chilien est moins présent que le poète, délégué en consultation au chevet de l'amour. Je voulais aussi rendre le comportement d'un personnage important qui décide de s'occuper d'une personne du commun. Car il a beau être communiste, il y a des moments où cela fatigue un petit peu, cette affaire-là. Chez lui, on ne sent pas une disponibilité entière, spontanée, de tous les instants..." (P. 490).

- "Au large de la Sicile, très proche de la côte africaine, le chapelet des îles Eoliennes est particulièrement beau. Salina {lieu du tournage} se trouve juste en face de l'île de Stromboli... Ce tournage a été un moment très fort. Cela s'est terminé par la mort de Massimo. Il a fini de tourner son film un vendredi soir, à Rome. Il s'est éteint le lendemain, pendant la sieste du samedi. Sa vie s'est arrêtée avec son film." (P. 491).


vendredi 26 décembre 2008

P. 61. Brèves (13). Un roi. Un président. Les SDF. Louise Michel. Les Gays. Des génocides.

Caricature de Kroll (Le Soir). DR.

Discours de Noël.

Albert II de Belgique :

- "Refusons fermement le retour au chacun pour soi. Mettons cette crise à profit pour créer de nouvelles manières d'agir ensemble, tant sur le plan européen qu'au niveau mondial, comme ce fut d'ailleurs le cas lors de la conférence de Bretton Woods en 1944. Rappelons aussi que la finance doit être au service de l'économie, et celle-ci au service de l'homme.

Enfin, cette crise financière a su mobiliser dans les pays développés de gigantesques moyens financiers, mais n'oublions pas de réaliser également la nécessaire protection des plus faibles, chez nous et dans le tiers monde. En effet, ils n'ont aucune responsabilité dans cette crise mais ils risquent néanmoins d'être parmi les premières victimes."


Non pas le discours d'un épicier à Tarnac, mais d'un roi scaphandrier qui ne se laisse pas complètement entraîner dans les bas fonds de la crise à la belge... Ces souhaits seront-ils du même tonneau que les promesses sarkoziennes ? 2009 répondra.


SDF.

Nicolas Sarkozy, en campagne électorale à Charleville-Mézières, 18 décembre 2006 :

- "Je veux que d’ici à deux ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d’y mourir de froid."

Deux ans après...
En collaboration avec le journal d'information en ligne Mediapart, le collectif Les morts de la rue publie le chiffre minimum de 337 SDF décédés. En rue et en France rien que pour 2008. Ces chiffres sont arrêtés au dimanche 21 décembre.
Eprouvant sans aucun doute le besoin de prendre du recul, le Président va bosser... la bossa nova au Brésil.


Louise Michel

N'attendez pas un documentaire sur l'anarchiste de la Commune, y compris sa mise au bagne dans une île pourrie. Le film se déroule non loin des Ardennes. Dans une Picardie sinistrée elle aussi par les coups bas des crises. Avec Yolande Moreau-Louise et Bouli Lanners-Michel (page 2 de ce blog), ce fim de Gustave Kerven et de Benoît Délépine sort actuellement dans les salles de France et de Navarre.

Synopsis :

- "Une usine quelque part en Picardie. Après un plan social, les ouvrières sont sur le qui-vive mais ce jour-là, le directeur les convoque pour leur faire une petite surprise : des blouses neuves avec leur prénom brodé… Un cadeau qui rassure tout le monde. L’espoir revient. Le lendemain matin c’est la consternation : l’usine a été déménagée pendant la nuit et la direction est en fuite. Réunies dans un café, la déléguée syndicale annonce aux ouvrières le montant de leurs indemnités : 2000 euros chacune. Scandalisées mais réalistes, elles décident de mettre cet argent en commun pour financer un projet de reconversion. Plusieurs idées sont lancées en l’air, sans grand enthousiasme. Louise, la plus sauvage de toutes, prend enfin la parole. Elle a une idée à la fois faisable et abordable : faire buter le patron par un professionnel ! L’accord est unanime et Louise est chargée de trouver un tueur à gages. Elle va choisir le plus minable de sa génération : Michel. Ensemble, ils partent à la recherche du patron voyou."

Rue 89 :

- "Après La très grande entreprise de Pierre Jolivet, "Louise Michel", incarnée par l'exceptionnelle Yolande Moreau, sera l'un des films de la crise, mais aux accents belge et burlesque cette fois."
(24 décembre 2008).

Le Monde :

- " Aimez-vous le bric-à-brac surréaliste ? L'anarchisme sauce aigre-douce ? La flibuste érigée en méthode de pensée ? Le terrorisme anti-caténaire ? Si c'est le cas, vous adorerez Louise-Michel, le troisième long métrage (après Aaltra en 2004 et Avida en 2006) de Benoît Delépine et Gustave Kervern."
(23 décembre).


Louise Michel, bande annonce.

Gays.

Jeudi 18 décembre, les 192 Etats membres des Nations unies ont été appelés à se prononcer sur une dépénalisation universelle de l'homosexualité. De portée strictement politique, cette dépénalisation n'aurait impliqué aucune contrainte au plan juridique.

Seuls 66 pays ont signé ce texte.

Au nombre des opposants et non des moindres : les USA, la Russie et la Chine, pour une fois d'accord. Sans oublier l'Irak, l'Arabie Saoudite et bien évidemment le Vatican, unis par leurs intolérances religieuses.

Génocides.

Sur un blog de "Gens de bonne compagnie", si vous avez le malheur de rappeler (dans un contexte le justifiant) les trois génocides ayant marqué de manière indélébile le XXe siècle :
- les Arméniens,
- les juifs,
- les Tutsis,
(ordre chronologique)
vous aurez droit à cette réaction de l'"amie de la sagesse", co-animatrice de ce blog :
- "... ça manque terriblement d'humanité ces classifications, on croirait une autopsie; une étude à la Menguele."
Vous avez bien lu ! Se vouloir précis pour éviter les confusions (avec par exemple les "crimes contre l'humanité") et les manipulations (spécialité des négateurs), revient à se voir assimilé à l'un des pires criminels nazis. C'est hallucinant mais écrit avec le plus grand sérieux.

Sans polémiquer, il vous est loisible d'aggraver votre cas en citant Maxime Steinberg, historien de la persécution des juifs en Belgique :

- "Si on devait suivre les journalistes et les politologues, même des historiens, le génocide serait en effet l'événement le plus banal du XXe siècle. Pour le sens commun, un génocide devient le meurtre d'un grand nombre de personnes en peu de temps. Quant à moi, je limite les génocides du XXe siècle à trois : les Arméniens, les Juifs et les Tutsis. Mais pas les Tsiganes. Et pour les Cambodgiens, je suis très sceptique parce que là tout se passe au sein d'un même peuple qui persécute les siens au nom d'une idéologie politique." (Vers l'Avenir, 23 mai 2005).

Une parenthèse à propos des Tziganes. Ceux de France se trouvèrent internés en camps sans être heureusement déportés (à l'exception, hélas, de ceux de la zone Nord - Lille - dépendant du Haut commandement militaires de Bruxelles et qui, de la Caserne Dossin à Malines, furent envoyés à Auschwitz).

A cette citation de M. Steinberg, une réaction immédiate fusera sous la plume de l'autre co-animateur de ce blog porteur de "Commentaires et rhétorique par gens de bonne société autour de thèmes historiques et d'actualité". Se réclamant de Montaigne, l'intéressé montera sur ses grands chevaux :

- "Alors qu'on ne vienne pas me pomper le dard avec des enculages de mouches sémantiques. Oui, le massacre des Arméniens et celui de Pol Pot et celui des indiens d'Amérique, celui du Rwanda, de la Bosnie, du Kosovo furent des génocides. pourquoi, ça vous gratte???".

Un tel vocabulaire, de tels arguments de la part de "gens de bonne société", dont l'un ou l'autre enseignant, voilà qui promet des lendemains qui ne chanteront pas pour la rigueur historique ! Le même "Montaigne", en terminant de vous lyncher, estimera, dans un autre registre, que votre choix de la Chapelle Royale, du Collegium Vocale et de Philippe Herreweghe pour du Bach, relève d'un "sommet du SNOBISME". Pfffff.

Bach : Magnificat in D Major, BWV 243. Dans une version snobissime que j'assume.


mercredi 24 décembre 2008

P. 60. Autres temps, autres Noëls.

(Photo JEA, RV. DR).


1940.

Jean Zay.
Souvenirs et solitude, Ed. de l'aube, La Tour d'Aigues, 2004.
Extrait de son Journal rédigé alors au Haut-Fort Saint-Nicolas de Marseille où il est incarcéré sur ordre de Vichy.
Jean Zay sera assassiné par la Milice le 21 juin 1944.

- "Soir de Noël. Je n'attendais rien et, cependant, quand, à 7 heures du soir, comme à l'ordinaire, la lumière fut brutalement coupée, alors que je n'avais pas encore gagné mon lit, ce fut comme si je recevais un coup. Dans la nuit, nous avons entendu les cloches de Marseille. Personne ne dormait. Derrière leurs grilles, mes voisins se sont mis à chanter et ce n'était point des cantiques. Pourtant le moindre refrain de music-hall avait une allure solennelle. Couché sur le dos, dans ma minuscule cellule qui ressemblait à une boîte sans couvercle, je contemple la voûte lourde et élevée; des reflets de lune se jouent sur les pierres blanchies à la chaux, leur donnent une profondeur étrange et l'on dirait le plafond "atmosphérique" d'un cinéma parisien dernier cri."

1941.

L'Appel (25 décembre).
Hebdomadaire créé par Pierre Costantini,
organe de la Ligue française d'épuration, d'entraide sociale et de collaboration européenne.

- "C'est dans les couloirs d'une très importante maison de films qui fournit au marché européen et français la majeure partie de sa production qu'on peut rencontrer le principal délégué du Parti communiste au cinéma, membre directeur de la maison de la culture et, de plus, Juif célèbre, Jean-Paul Dreyfus. A quoi servent les camps de concentration ?"

1942.

Georges Waysand.
Estoucha, Récit. Denoël, Paris, 1997.

- "Noël 1942 approchait. Mauricette {amie d'Estoucha} invita officiellement pour le réveillon {à La Bassée} un Soviétique {prisonnier de guerre mis au travail dans une mine du Nord} qui ne lui déplaisait pas. Estoucha {mère de l'auteur} se lança pour l'occasion dans un exercice de sémiologie pâtissière militante. Avec zéro % de farine elle prépara une tarte qui valait sûrement plus par sa décoration que par son goût. C'était une étoile rouge en purée de betterave entourée d'un marteau et d'une faucille découpés dans un navet. L'emblème de l'armée rouge fit son petit effet, le Soviétique était un capitaine. Dans son langage d'organisatrice Estoucha ajoute : "Son passage dans les rangs de FTP {francs-tireurs et partisans} fut décidé".

C'est-à-dire qu'il fut d'accord pour s'évader."

1943.

Pierre Dac.
Compte de Noël, journal France, publié à Londres.

- "Noël d'exil. Noël pendant lequel mon coeur et ma pensée s'en vont réveillonner avec tous mes camarades enchaînés, avec ceux qui célèbrent la nuit du divin amour en cellule, dans un camp, dans le maquis ou dans la pauvre terre des suppliciés. Je sais, par expérience, comment se passe Noël entre quatre murs ou en marge de ce que la voyoucratie de Vichy appelle la légalité. Je sais aussi que Noël prochain reprendra sa véritable signification et que ce Noël de liberté, beaucoup des meilleurs d'entre nous ne seront plus là pour le fêter. Alors, vous comprenez, n'est-ce pas, pourquoi, malgré mon désir, je n'ai pu écrire, cette fois, un article amusant. Il y a en moi trop de peine, dans mes yeux trop de larmes refoulées à force de serrer les poings, trop d'affection pour tous ceux avec qui j'ai mené tant que j'ai pu, le combat quotidien."

Léon Werth.
Déposition, Journal 1940-1944, Viviane Hamy, 1992.

- "25 décembre.
Qui, considérant les actes de cruauté des Allemands, peut ne pas haïr l'Allemand ? Regarder cette haine en face. Il faut regarder cette haine en face. Faut-il céder complètement ? Peut-on croire qu'un monde nouveau, un monde moins abject peut naître de cette haine ? Que faut-il faire de cette haine qui est en nous ? Que faudra-t-il faire de cette haine, quand les motifs n'en seront plus que dans le passé ? Le pire serait d'oublier. Le pire serait de tout abandonner à cette haine. Et comment faudra-t-il punir ? Quelles punitions seront efficaces ? Oui, comment faudra-t-il nous comporter avec notre haine ? Avec notre haine des Allemands, qui tuèrent et torturèrent, avec notre haine des Français qui furent leurs complices ?
...
Message du maréchal. La voix ne chevrote pas, elle tremble, comme tremble un bloc de gélatine."


Caricature de Philip Zec (The Daily Mirror) DR.

lundi 22 décembre 2008

P. 59. Montesquieu, Paul Hermant et la Belgique

La Belgique s'encalamine toujours plus calamiteusement dans sa mer des sargasses. Au milieu d'un concert de mouettes sarcastiques. Comme si les tonnes d'algues linguisitiques ne suffisaient pas, comme si la fosse marine de la crise économique n'était pas assez abyssale, voici le Premier ministre qui démissionne pour la quatrième fois. Un tic de capitaine au court cours. Motif de ce jet d'éponge poisseusement polluée ? Le mic-mac incroyable dont il porte la responsabilité et qui emmêle inextricablement pouvoir politique, justice et finances (avec le sauve qui peut la banque Fortis). La mêlée est générale. Reste dans cette tempête, une voix phare sur les antennes de la Radio-Télévision belge d'expression francophone (RTBF), le matin vers 7h17. Soit la chronique de Paul Hermant.

Paul Hermant (Photo RTBF. DR).

Chronique du 19 décembre 2008 :

- "Rue de la Loi (1), il y a un homme qui regarde par la fenêtre. Il compte dans sa tête les jours qui restent avant Noël. Il a fermé la porte de son bureau, il est seul. Il a une envie de massepain et de chocolat. Il pense à la lettre qu'il a écrite hier (2). A celle qu'il a reçue tout à l'heure (3). Il se demande à quoi il va occuper sa soirée, cette soirée-ci, la prochaine soirée. Marquez pas de chance, après quatre minutes, le Standard (4) a encaissé un but. S'il sortait, s'il se déportait un peu, s'il marchait un moment, il verrait au loin le Palais de la Justice, au bout de la rue qu'empruntent les tramways, sur la perspective qu'avait tracée Léopold. En y réfléchissant, il pourrait pousser jusqu'au Palais de la Justice. Du temps de Julie et Mélissa, les gens dressaient là des autels votifs (5). Il ferait bien un vœu. Tout ça pour avoir voulu réconcilier des pouvoirs séparés. Les rapprocher, les réunir, les unifier. C'était énervant, à la fin. Quand il pensait qu'il valait mieux diviser pour régner seul chez soi, les gens aussi lui en voulaient. Dans sa tête tournent des formules comme « intérêt général » ou « intérêt supérieur de la Nation ». Ce mot d'intérêt le fait sourire. Toute cette affaire, depuis le début, ce n'est que ça : une histoire d'intérêt. Ceux que l'on porte, ceux que l'on empoche, ceux qui vous font des trous dans les poches. Le sapin scintille derrière lui. Il se demande qui a bien pu y accrocher les guirlandes et les boules de Noël puis s'il y a vraiment quelque chose dans les paquets qu'on a déposés à son pied. Penser qu'il y a quelqu'un dans le Royaume qui est payé pour cela : emballer des cadeaux de Noël vides. Tout à l'heure, il lui a semblé entendre un peu de musique venant du Palais d'en face, derrière le Parc (6). Il traverserait bien le Parc aussi. Il y a encore quelques lumières au loin, derrière les grilles. Peut-être que des gens dansent, ou boivent, ou rient. Ça ne lui serait pas compliqué d'y entrer, on le reconnaîtrait vite. Mais qu'est-ce qu'il dirait ? Et qu'est-ce qu'il irait y faire ? Peut-être qu'il y a quelque chose, finalement, dans ces paquets sous le sapin. Il en prend un, le déballe. C'est un livre. A sa couverture de cuir fripée, on voit qu'il n'est pas tout neuf. Ça a dû coûter cher. Il se demande qui peut encore offrir des livres pareils. Il le feuillette, le papier est mince, presque friable. Et les lettres sont drôlement tournées. Sur la couverture, il est écrit « De l'esprit des lois » avec un x à lois, puis juste en dessous : « Ou du rapport que les lois doivent avoir avec la constitution de chaque gouvernement, les mœurs, le climat, le commerce ». Il trouve le nom de l'auteur à l'intérieur, un certain Montesquieu. La journée a été longue et puis la deuxième mi-temps va commencer. Il pose le livre. Il se dit qu'il le lira plus tard. Beaucoup plus tard. Tiens, on sonne. A cette heure, qui se peut-il être ? Peut-être une nouvelle lettre (7)...
Allez, joyeux noël et puis surtout bonne chance." (8)

S. : Paul Hermant.


La nette majorité des lecteurs de ce blog n'étant point Belges, quelques notes explicatives :


(1) Cabinet du Premier ministre Leterme.

(2) Lettre destinée au Parlement et par laquelle le Premier se défausse sur ses collaborateurs et sur le mari d'une juge de la Cour d'appel, mari qui est son (ex ?) ami.
(3) Rapport du Procureur général sur l'arrêt de la Cour d'appel de Bruxelles dans l'affaire Fortis. Des pressions politiques sur le judiciaire y sont évoquées.
(4) Club de football de Liège. Rencontre Standard-Stuttgart, 0-3.
(5) Affaire Dutroux.

(6) Palais royal.
(7) Rapport du 1er président de la Cour de cassation sur le dossier Fortis. Il y confirme les empiètements du pouvoir politique sur le judiciaire.
(8) Publié sur ce blog avec l'autorisation de Paul Hermant. Qu'il en soit remercié.

dimanche 21 décembre 2008

P. 58. 80 pièces au puzzle d'Agnès Varda

"Les plages d'Agnès"

Elle est née Arlette. A Bruxelles, voici très exactement 80 ans. Européenne avant l'heure (avant même cette Deuxième guerre mondiale qui nous sauva d'une autre Europe, celle maquillée par le nazisme, le fascisme, le pétainisme, le franquisme, le salazarisme...ouf...). D'un père d'origine grecque et d'une mère française.

Agnès Varda propose le sablier de sa vie. De la mer du Nord pas encore défigurée en mur de béton armé (là où l'Organisation Todt a échoué, les promoteurs ont triomphé) à la rue Daguerre de Paris, métamorphosée en plage fragile.

Depuis 1950, la rue Daguerre est aussi la rue Varda (DR).

Aux spectateurs-voyageurs à écouter les réinventions des vagues toujours nouvelles, les confidences des coquillages qui n'ont pas honte de leur âge...

Jean-Luc Douain :

- "La plage, chez elle, est irréductiblement liée au couple, celui qu'elle forma avec Jacques Demy, qui lui fit découvrir Noirmoutier, où elle réalisa, pour une exposition en 2006, un documentaire, Quelques veuves de Noirmoutier.

Le sable, la pêche et les coquillages jalonnent aussi une chronologie qui la mène des bords de la mer du Nord (elle est née en Belgique) à Sète (en exode), Ajaccio (une fugue de jeunesse), du côté de la Côte d'Azur (pour un court métrage), Los Angeles (période hippie)... et son refuge actuel, la rue Daguerre, dans le 14e arrondissement parisien, qu'elle transforme en site estival à parasols, y faisant apparaître en maillot de bain les collaboratrices de sa maison de production."
(Le Monde, 17 décembre).


Olivier de Bruyn :

- "La cinéaste de "Cléo de 5 à 7" et du documentaire "Les Glaneurs et la glaneuse" invite à un voyage au cœur de sa création, qui est aussi une promenade dans le demi-siècle écoulé. Elle y mélange tout : les époques, les lieux, les événements, la vie privée et l’existence publique. Elle cherche à y rendre compte du travail par nature intermittent de la mémoire, et signe une merveille d’imagination et de sensibilité aigue.

Une oeuvre pour happy few? Une incitation à l’onanisme cinéphile? Certainement pas. "Les Plages d’Agnès" raconte plusieurs histoires qui, toutes, peuvent intéresser le plus grand nombre. Souvenirs de 40 et de l’exode. Réminiscences des années 50 et de son ébullition artistique. Examen des décennies suivantes et de ses combats.

Passant constamment de l’intime au collectif et de la vie au cinéma, Varda assemble patiemment les pièces de son puzzle personnel. Miracle: le résultat regarde dans le blanc des yeux le spectateur et ses propres expériences."
(Rue 89, 14 décembre).


Photo Les Films du Losange (DR).

Jérôme Garcin :

- "Victor Hugo, ce beau patriarche, disait que le privilège de la vieillesse, «c'est d'avoir, outre son âge, tous les âges». Il aurait aimé Agnès Varda, dont la faculté à gambader dans sa vie en 1h50, à jongler en 35 mm avec les bonheurs et les malheurs, à faire des galipettes dans le temps, à être à la fois une fillette mutine de Bruxelles, une jeune photographe à Avignon, la compagne de Jacques Demy, une grand-mère poule, une veuve joyeuse de La Guérinière n'ayant abdiqué ni son insolence ni ses audaces, est proprement stupéfiante.
A 80 ans, elle dispose des miroirs sur les bords de mer, des coquilles Saint-Jacques sur les tombes et des pellicules de films sur les baies vitrées. Elle met tous les collaborateurs de sa société de production sur le sable, rue Daguerre, à Paris. Elle installe un écran de projection sur une carriole qui progresse du passé au présent. Elle se promène en patate sonore à la Biennale de Venise et descend la Seine, entre la tour Eiffel et Notre-Dame, sur une barque à voile sétoise. Tout lui est bon, dans cet autoportrait, pour piéger la complaisance, détourner le narcissisme, narguer les conventions, fuir le pathos et demeurer, malgré les orages et les tempêtes, plus légère que l'air."
(Le Nouvel Observateur, 18 décembre).


Photo Les Films du Losange (DR).

Stéphane Delorme :

- "Varda affirme : «Moi, si on m’ouvrait, on trouverait des plages.» Peut-être, mais ces plages n’ont de sens que devant la maison, comme le montre cette plage improvisée pour le tournage devant son immeuble à Paris. D’une maison à l’autre, il n’y a qu’un pas. La maison d’enfance bruxelloise avec le bassin en forme de poire, la péniche le long du quai de Sète, la maison habitée avec Demy dans les années 1970 à Los Angeles, et surtout la maison-cinéma du 14e : à gauche Varda répète Les Créatures, à droite Michel Legrandcompose avec Demy; au milieu la cour se transforme en studio.

Logiquement le film se termine sur une cabane d’images, les bobines des Créatures débobinées à la Fondation Cartier dressant de grands murs transparents. On pense alors à la maison du maître le plus admiré, Jean Vilar, à son bureau, sa grande fenêtre et son travail face à la mer. On se dit qu’il faut peut-être prendre les choses à l’envers : les plages d’Agnès donnent toutes sur les maisons de Varda."

(Cahiers du cinéma.com).

Les hasards des lectures me conduisent, ce jour même, aux pages 109 à 112 de la "Mémoire cavalière" de Philippe Noiret (Le Livre de Poche, n° 30921, 2008) :

- "A peine Avignon terminé {juillet 1954}, c'est Georges Wilson qui est tombé malade. Or il devait jouer le rôle principal dans le premier film d'Agnès Varda, La Pointe courte, qui allait se tourner en août. Agnès m'a donc téléphoné pour me proposer de le remplacer au pied levé. Elle avait tout préparé ; si elle ne tournait pas ce serait une catastrophe, car elle produisait elle-même et avait fait plusieurs emprunts. J'ai accepté tout de suite, en camarade. Après tout, l'aventure était inédite, et je n'avais rien de prévu pour les vacances. Je connaissais Agnès depuis mon arrivée au TNP ; elle était notre photographe officielle. Pour la presse, et surtout pour les programmes, Vilar l'avait chargée de conserver une trace de tous les spectacles. Petit bout de femme dotée d'une forte personnalité, elle était brune comme un pruneau, avec de grands yeux et des cheveux aile-de-corbeau coupés à la Jeanne d'Arc. Elle s'acquittait de sa tâche avec son style bien particulier : ses photos étaient très posées, éclairées spécialement. Elle ne les prenait jamais sur le vif.
(...)
Au bout du compte, La Pointe courte a été une vraie réussite cinématographique. Film pionnier, il anticipe la Nouvelle Vague. A Paris, le montage avait été assuré par Alain Resnais. Ce que j'ai aimé, et ce que j'ai recherché par la suite, c'est l'atmosphère de troupe qui régnait sur ce tournage. Il y avait un côté TNP en vacances. Le travail d'Agnès avait cet aspect artisanal que j'apprécie tant dans notre métier."




vendredi 19 décembre 2008

P. 57. Par les sentiers d'Eric Holder

Enfer et putréfaction. Autant l'avouer sans se dérober, avant "De loin, on dirait une île", je n'avais pas tourné une seule page d'Eric Holder. Que d'années creuses avant de le découvrir. Plus exactement de pouvoir suivre, hypnotisé, sa plume naturelle (pas une "ballon" métallique et crachoteuse d'encre scolaire ni celle à la captivité dorée au bout d'un stylo).
Une écriture aussi travaillée que la rose par les vents. Aussi inspirée que les mirages parmi les sables (é-mouvants) des pages. Epargnant aux mots les enflures et les boursouflures. Comme en apesanteur (n'attendez pas d'Holder des pavés même s'il écrit des barricades légères contre les banalités, les snobismes, les temps morts).
Holder trace des lignes comme celle de vie aux paumes de nos existences (paumées ?)...
De l'embouchure de la Garonne, air iodé, je me suis précipité sur "L'histoire de Chirac" (Ed. J'ai lu, n° 7729), vers l'Aubrac, les causses, Sauveterre, La Canourgue, air rugueux...

Puis direction "Les sentiers délicats" empruntés sans reprendre haleine. Ce n'est qu'après le huitième itinéraire de ce volume si peu volumineux, qu'est venu le temps de jeter un oeil sur ces "avis à la populace" précédés de roulements de tambours, et répandus sur les médias :

Ed. Le Dilettante :

- "Partir, dit-on, c’est mourir un peu. À suivre Éric Holder dans les méandres de ses sentiers délicats, on aurait l’impression de revivre. Bien plus que la destination, c’est le voyage qui compte."

Brigit Bontour :

- "Les sentiers d’Eric Holder pèsent le poids d’une plume, celui de la rêverie, de la nostalgie.
Il y a des menus plaisirs chez Eric Holder, mais graves et définitifs. Sans doute parce que sa langue est belle : on n’y sent pas le travail qui mène à cette épure. D’ailleurs on s’en moque : ne reste que le plaisir de lire un livre dense et bref, comme la jeunesse. Trop court."

Jérôme Garcin :

- "Quels que soient les chemins vicinaux, les routes forestières, les bords de mer qu'il emprunte dans ce livre en mouvement perpétuel, à chaque page souffle le vent de la liberté... C'est un écrivain sans bagages qui rend le lecteur plus léger, plus humain, et reconnaissant."

Martine Laval :

- "Holder, l'écrivain, est un musicien des mots. Poète des grands chemins, il a en lui l'art de la fugue... En équilibre sur l'infime, Eric Holder sait parler des photos de sa maîtresse qu'il n'a jamais prises, imaginer les à-côtés et leur trouver les mots de la sincérité. Il donne de la poésie (de l'espoir ?) aux choses et aux gens qui n'en ont plus. Il lui suffit d'aller, à pied, à vélo, à moto, de traverser le monde doucement, d'embrayer, de s'échapper à vive allure, de s'arrêter, de regarder, de respirer. D'écrire."

"Le temps avait changé, il était devenu noir, cependant sans froidure." (P. 83). Graph. de ciel ardennais, JEA. DR.

Le troisième sentier passe par Charleville. Holder l'annote sur sa carte en évoquant : "Un instant d'éternité" (P. 79 à 84). Sans vous priver du plaisir de parcourir à votre guise cette étape ardennaise, en voici quelques cailloux :

- "J'avais vu large, ou bien je devais avoir perdu le sens de la buissonnière, j'atteignis Charleville-Mézières à cinq heures du premier soir. J'avais effectué les trois quart du trajet. En hôtant mon casque, je pris la mesure du ciel farouche : plein de vent, jaune à l'horizon, flanqué de nuages esseulés, effilés et bleu nuit. Je ne connaissais rien de la ville, sinon Rimbaud, sa vie, les photos qui l'illustraient dans la collection "Ecrivains de toujours" : le quai de la Madeleine, le Square de la Gare, le Vieux Moulin depuis la place du Saint-Sépulchre. Je m'étais garé sans m'en apercevoir devant la bibliothèque. Ce n'était pas la plus mauvaise case pour commencer le parcours de l'étranger, cette variante du jeu de l'oie."

Une petite parenthèse. La bibliothèque centrale de Charleville ? Anciennement place de l'Agriculture... Le Dilettante a publié ces sentiers fin 2004. La même année, la même bibliothèque avait abrité une exposition résumant mes recherches historiques (du 9 septembre au 28 octobre) et j'y avais proposé deux conférences (les 4 février et 30 septembre). Nous avons partagé, sans le savoir, le même ciel...

- "Le lendemain... Le temps avait changé, il était devenu noir, cependant sans froidure. Un peu de pluie, le vent, les reflets sur les pavés luisants, la figure de Rimbaud, on avait des visions de fiacres."

- "Au soir tombant, les rafales de vent forcissaient, elle se tourna vers moi, j'ouvris mon cuir, elle s'y blottit. Je sentais sa joue écrasée contre ma poitrine, et son haleine chaude à travers mon pull. Des feuilles valdinguaient depuis les hauts arbres jusque dans la Meuse, et je me demandais, Qui suis-je pour mériter cela ? Mais le cours des choses, pas plus que la Meuse, ne cesse de couler."


"Mais le cours des choses, pas plus que la Meuse, ne cesse de couler" (P. 84). Ph. Meuse à Vrigne -JEA. DR.

mercredi 17 décembre 2008

P. 56. La 298

Après la 234...

Même étage du même bloc, mais la 234 et la 298 : deux antipodes qui s'ignorent.

La 234, c'était vraiment du style Vangelis. Agitation, bousculades, tintamarre. Addition agressive d'odeurs d'antiseptiques et de cuisine (enfin, ce mot est un rien usurpé). Lumière artificielle et cruelle. Une volée de stagiaires comme des étourneaux albinos. Quand même pas le cirque mais un stade de fin de division provinciale.
Pour plus de détails, (re)lire p. 28 en cliquant : ICI.



Tandis qu'un dédale avec profusion de confusions aboutissait finalement à la 298.
Ceci expliquerait-il le nombre nettement plus élevé de visites reçues dans cette chambre finistère (sans baie des trépassés) ?

La 298 avait un côté caverne.
Non seulement avec les baxters comme stalactites. Mais encore par les manifestations du monde extérieur. Pas des ombres. Mais uniquement des voix flottant dans le couloir.
Vous êtes à l'horizontale et ces voix semblent accrochées à des ballons tenus au bout de ficelles et qui ont pour nom : gsm (très théoriquement interdits en ces lieux et sous ces cieux).
En la circonstance, il semble que la nette majorité des bavards (é)lève le ton, force la note, martelle ses mots, comme pour faciliter le boulot des tables d'écoute.
Au fond du lit de la rivière hospitalière, cela donne de curieux dialogues à moitié amputés. Une couche de questions, puis une couche de silences approximatifs suivie d'une autre couche libérant des réactions vives ou déçues mais qui conduisent à d'autres interruptions...
Ainsi que la qualifierait Paul Hermant : une version "postmoderne" de la caverne de Platon. Des monologues juxtaposés avec des envols de chauve-souris.

Pour la 298, allumage des feux : 6h15 avec relevé de la météo personnelle (température) et bulletin des routes (pression des artères aussi bien urbaines que rurales).
A 17h15 : repas du soir (abonnement systématique aux tranches de jambon, comme si la porcherie provoquant des allergies au village, se rappelait ironiquement à mon souvenir).
Entre ces deux rendez-vous imposés et les débordant largement, lectures :
- Serge Bramly, Le premier principe. Le second principe (Lattès).
- Edouard Coeurdevey, Carnets de guerre 1914-1918 (Terre Humaine, Plon). Voir p. 55.
- Tony Hillerman, Porteurs d'eau, Voleur de temps et Dieu qui parle (Rivages Poches).
- Eric Holder, De loin, on dirait une île (Le Dilettante). Le blog Sylvie lectures vaut le détour en cliquant : ICI.
- Jules Romains, Prélude à Verdun et Verdun ( Les hommes de bonne volonté, T. 3, Bouquins, Laffont).
Au vu des volumes en tour de pise sur l'appui de fenêtre, une blouse blanche sud-américaine s'est exclamée, à la fois mi-moqueuse et mi-convaincue : "On peut dire que vous avez de l'orthographe, vous !" Encore une qui n'est pas lectrice de ce blog...

Mon sang n'ayant fait qu'un tour, j'ai tenté de ne pas le perdre (du moins froid). Dans cette chambre au coeur de Namur, pourquoi ne pas se réconcilier avec Pachelbel ? Grâce au Choeur de Chambre de Namur et à Jean Tubéry. Ou comment restituer à Pachelbel sa sensibilité, loin des marches au canon, des récupérations commerciales pour grandes surfaces et des sonneries pour fin de récréation sans portable.

D'autres versions (non publiables sur blog), proposent ce Canon en concert à l'église St-Loup de Namur. Alors que Félicien Rops lui faisait découvrir cette curiosité baroquement religieuse, Baudelaire s'affaissa sur les marches de l'église, pris d'un malaise cérébral qui le privera de la parole jusqu'au mot "fin", une année plus tard.

dimanche 14 décembre 2008

P. 55. Après ceux de Louis Barthas, les Carnets d'Edouard Coeurdevey


Quatrième de couverture :

- "Ecrites au fil de la plume, sans presque aucune rature, par un de ces fils de la IIIe République dont l'école permit à un jeune paysan franc-comtois de devenir un intellectuel profondément patriote et catholique engagé, très proche d'un Péguy, ces 900 pages frappent aussi par la qualité de l'écriture, capable de passer d'une hilarante scène de caserne aux réflexions les plus pénétrantes sur la nature du conflit, aux visions d'avenir, à la méditation sur ses propres conflits intérieurs".

Voilà pour une présentation officielle.

A la lecture de ces "Carnets", revenaient sans cesse en mémoire ceux de Louis Barthas (cliquer : ICI).
L'uniforme de l'armée française est le même mais sous celui-ci, deux hommes si opposés :
- Barthas est un manuel, poilu des tranchées, républicain de gauche, sincèrement démocrate, athée tolérant ;
- Coeurdevey, un intellectuel (instituteur méprisant la majorité de ses collègues), adjudant planqué pendant les trois premières années de guerre, élitiste, non pas proche de Péguy mais très exactement Maurrassien, d'un style Action française pure et dure.
Ce qui donne des lignes qui ne sont pas écrites avec le dos de la cuillère (à grenade). Et qui permettent, sans anachronisme, d'annoncer le régime de Pétain.

14 juillet :

- "Fête nationale qui n'est pas une fête."
(14 juillet 1918).

Catholiques :

- "Parmi toutes ces physionomies un peu ternes se détachent des têtes au front plus ample, au regard plus hardi, on devine la foi plus savante et plus ferme d'hommes qui ont subi l'épreuve de la vie du siècle, des critiques de la pensée libre et de la libre pensée et qui, en fin de compte, par besoin, par conviction, par volonté sont restés hardiment catholiques... Ils gardent une allure de combattants. C'est eux qui, à la tranchée, prouveront qu'un croyant se bat ou tient mieux qu'un athée. Quelques-uns sont gradés, d'autres laissent deviner une culture soignée, une position sociale relevée."
(29 septembre 1917).

Défaite :

- "Le cinéma...
L'incident attristant : bravos du "poulot" à l'apparition sur l'écran du buste de Jaurès. Coups de sifflets des mêmes quand se présente Clémenceau.
"Qui est-ce que ces saligauds-là ?" me demande Toussaint.
"C'est la France qui se déchire, s'ignore, renie et se prépare à la défaite."
(2 juin 1918).

Dictateur :

- "Les vices que Clémenceau pourchasse à l'intérieur semblent refluer en troupe envahissante dans les compartiments de la machine militaire. Où est le dictateur qui mettra au pas cette nouvelle féodalité, cette nouvelle franc-maçonnerie que devient peu à peu l'armée française ?"
(Notes de juin 1918).

Francs-maçons :

- "On sent que le meneur c'est le Grand Manitou du Grand-Orient, le ministre de la Guerre Painlevé. Les francs-maçons se sont bien rendu compte que le poids des fautes qui ont livré la France à l'invasion pèse sur leurs épaules, ils ont mesuré combien les "réactionnaires" reprenaient d'influence pour avoir vu juste ; qu'un homme de la trempe de Lyautey ne serait pas un indulgent "partageux".
(21 mars 1917).

Liberté, égalité :

- "Nous ne nous battons pas dans le camp qui correspond à nos idées."
Nous retournons cette idée que la France se meurt du poison de la liberté et de l'égalité. Celle-ci, qui a été mal comprise, a faussé tous les ressorts, tous les caractères. Liberté est devenue licence, rejet de toutes les disciplines, perte du sentiment de l'intérêt général. Egalité est devenue nivellement et jalousie par en bas, débrouillage et mensonge par en haut. "La France a besoin d'une raclée", ou, plutôt que la France, son personnel politique et politicien : c'est un tiers du pays au moins. Et d'une reprise en main, pour une nouvelle orientation, de nouvelles habitudes."
(3 juillet 1918).

Nègres, coloniaux :

- "Les boqueteaux étaient pleins de beaux nègres équipés de neuf, luisants, brillants. Leurs gradés ont tous ou presque cette allure caractéristique des vieux coloniaux, osseux, durs, secs, usés et abrutis. Rien qu'une volonté froide, à toute épreuve, leur laisse un cachet de civilisation européenne. Je les ai vu commander la carapace. Les coups de pieds, de crosse hâtaient les échines et les têtes qui ne se baissaient pas assez vite. Quelle tristesse ! Ces pauvres diables arrachés à leur steppe, voués au troupeau, et tous, bergers et bêtes, voués à la mort."
(19 mai 1916).

Palais-Bourbon :

- "Une chose m'étonne, c'est qu'un permissionnaire n'ait pas encore jeté quelques grenades au Palais-Bourbon ! C'est un projet qui est dans l'air et sur beaucoup de lèvres."
(23 janvier 1918).

Pinard :

- "Et voici au fond d'un trou quelque chose d'informe : un macchabée. C'est un soldat français en complète décomposition, que personne n'a enseveli ni ramassé. Avec un bâton je tâte malgré l'odeur cadavérique de trouver un numéro, un document. Une poche baille, un porte-monnaie : 64 francs, mais pas un nom. Je le montre au lieutenant : "Ce sera pour la caisse noire de la compagnie, pour payer un supplément de pinard aux hommes."
(9 septembre 1917).

Profil sémitique :

- "Notre sous-intendant avait pour conducteur de son auto un gommeux au profil sémitique fort accusé. Ce beau monsieur, le visage toujours impeccablement rasé, des verres montés sur or, des gants de peau, des vareuses en drap de bonne qualité et bien ajustées, avait éprouvé devant la menace de la guerre un accès de servilité remarquable."
(5 octobre 1915).

Trahisons :

- "Tous ceux qui avaient quelque influence, quelque valeur morale, ont fui les misères de l'infanterie. Ils ont filé vers l'intérieur, ou, plus adroitement, dans les armes savantes ou les états-majors, loin de la vie ascétique des fantassins. Ceux-ci, pour 95%, sont des paysans. Leurs officiers, de petits fonctionnaires. Déserteurs, les ouvriers, une force, les riches, une autre force les politiciens et ceux qui s'y rattachent, la principale force. Et la France tient malgré ces trahisons."
(13 juillet 1918).

Tranchée après un bombardement (DR).

"Terre humaine" proclame Edouard Coeurdevey : "témoin lucide". Et certes ses Carnets regorgent-ils d'annotations aux antipodes de l'humanisme d'un Louis Barthas ! Cette lucidité-ci esquisse et préfigure Vichy.

mercredi 3 décembre 2008

P. 54. Brèves (12) Sons et lumières.

Une autre absence "situationniste donc inexprimable"...

Le titre ? Un détournement volontaire d'une formule alchimique de Paul Hermant (il l'excusera sans doute).
Et pour ne pas laisser ce blog comme un écran vide pour quelques nuits privées d'étoiles, voici ces fenêtres certes hétéroclites mais laissées grandes ouvertes pour encourager les courants d'air.

Milou en Mai.
Louis Malle, 1990.
Avec Miou-Miou, Michel Piccoli, Michel Duchaussoy, Bruno Carette, Paulette Dubost, Dominique Blanc, Valérie Lemercier...
Quel autre violoniste que Stéphane Grappelli, pouvait-il offrir de telles vibrations à l'Internationale ?

Sonnerie de Sainte-Geneviève du Mont.
Marin Marais.
Fabio Bondi (violon), Jordi Savall (basse de viole), Pierre Hantaï (clavecin), Rolf Lislevand (théorbe).
En souvenir d'un 4 décembre 2007. Quand dans un Paris illuminé, cinq années de recherches aboutirent aussi à la reconnaissance de trois Justes parmi les Nations.

Suite pour orchestre en ut majeur, BWV 1066, ouverture.
Jean-Sébastien Bach.
Balthazar Neumann Ensemble. Direction : Thomas Hengelbrook.
Quand il est vous offert la grâce de partager la vie de celle qui accepte que vous soyez un rien libertaire, même dans le sommeil.


Israël en Egypte, HWV 54, Chorus: The sons of Israel do mourn.
George Frideric Handel.
Kings College Choir. The Bandeburg Concert. Dir. : Stephen Cleoburg.
Parce qu'il restera tous ces génocides comme des hontes indélébiles, autant d'encriers sanglants renversés sur le livre d'histoire(s) de l'humanité. Et les diasporas subies, et les immigrés détestés. Alors que seuls celles et ceux qui aiment être gens de leurs voyages, devraient être des déracinés.


Jerusalem.
Poème de William Blake. Musique de C. Hubert. H. Parry.
Proms 2008.
BBC Symphony Orchestra et BBC Symphony Chorus. Dir. : Sir Roger Norrington.
Pour finir, et pas seulement par facilité, cette page en chanson. Non pour les flon-flon. Et encore moins pour les urticaires nationalistes. Mais parce que ce Jerusalem-là a été aussi choisi comme chant symbolique par les suffragettes.

lundi 1 décembre 2008

P. 53. Première neige en Ardennes


(Photo : JEA. RV)

Franchement, nous étions prévenus.

Elle envoya des avertissements de fumée blanche. Des nuages de messages certes fantasques mais néanmoins très explicites. Et pour les avis à la population, les tourterelles (de Turquie) battirent leurs ailes comme des tambours baroques aux quatre coins du village, remplaçant les gardes champêtres disparus avec "les progrès de la société".

La neige ne s'en excusait pas mais annonçait qu'elle manquerait de patience cette année. Un vendredi soir, n'y tenant plus, et après avoir arraché spectaculairement toute une poignée de pages du calendrier, elle a sorti l'horizon de ses gonds. Par la très grande porte ainsi forcée, la neige s'est défoulée...

Dehors, c'est le sempiternel cortège de lamentations. Paraît-il qu'il manque du sel au menu des routes. Les camions se sentent pousser des ailes et volent dans les décors, les avions ne roulent plus des mécaniques tandis que les trains battent les records de lenteur des sénateurs.
Les bus scolaires sont donc restés au garage. De là à supposer que les enfants poussèrent, entre les flocons têtus, des cris de détresse et de rage face à la cruelle privation d'un jour sans tableau noir...

Un nouveau silence aiguise ses couteaux.

(Photo : JEA. RV)

Le village ne porte pas le nom de Byzance, ça se saurait. Dans les maisons dispersées, les vieux sont les plus nombreux. Même si un récent suicide vient d'éteindre l'un des foyers.

Bien planqué dans un autre département, un patron à la morgue débordante en profite qui tente d'empoisonner nos beaux restes de vie avec des concentrations de porcs surpuants.
Celui-là aurait été fabricant de gaz pour les tranchées en 14-18. Et c'est du patronat dur et pur : il paye un pauvre zigue un quart d'heure par jour pour "l'entretien" de 200 à 250 groins...
Jusqu'à présent, il semble se moquer allègrement des règlements et des avertissements, des inspections sanitaires et des plaintes de la population. Il fait engraisser pour s'engraisser lui-même, nous mettant dans la même auge que ses bestiaux.
Son mépris en devient caricatural. Fixant lui-même l'heure d'une rencontre avec les villageois, il s'y présente avec 90 minutes de retard... Sa 4x4 BMW ne doit pas supporter les routes imaginatives de nos campagnes...

Aujourd'hui, ces vagues malodorantes qui montent à l'assaut du village, comme si nous étions un ilot à submerger, la neige les atténue. Elle ne guérit certes pas mais apaise.
Elle repeint provisoirement les toits et murs. Elle propose aux arbres malades de ne pas trop broyer du noir.

Les pies se prennent pour des avocates et se hâtent de plaider par monts et par bosquets.
Les chasseurs ne vont pas se casser pour aller s'enfoncer dans d'instables espaces à la recherche de sangliers malotrus. Dès lors, ce sont les chevreuils qui vont passer à la caisse de ces "grands défenseurs de la nature", eux qui reconstituent régulièrement des battues nostalgiques leur rappelant les "événements" d'Algérie.

La complicité neige-brouillards en a vu d'autres !

vendredi 28 novembre 2008

P. 52. Brèves (11). "Imagine" des vatic(an)inations...

L'album blanc des Beatles (DR).

L'Osservatore Romano dédiabolise les Beatles
et a bien le bonjour des utopistes d'hier et d'aujourd'hui...

Paul Hermant, début de chronique sur la RTB-F Radio, Matin première :

- "Vendredi dernier, l'Osservatore romano, souhaitant se réconcilier avec les Beatles que le Vatican battait froid depuis qu'en 1966, John Lennon avait estimé qu'ils étaient plus célèbres que Jésus-Christ, a déclaré, à l'occasion du 40ème anniversaire de l'album Blanc - cette chose magnifique où l'on trouve entre autres Why don't we do it in the road et Revolution nine -, qu'il s'agissait là "d'une utopie musicale où l'on trouve tout et son contraire, dans un assemblage peut-être discutable, mais révélateur de l'esprit d'une époque".

Car ces années, précise le journal du Saint-Siège dans un style qui n'appartient qu'à lui, étaient celles "de la contestation juvénile dans lesquelles, entre contradictions, excès et fuites en avant, tout semblait possible et licite".
Radio-Télévision Belge d'expression Francophone, Chronique à 7h15. Lire : ICI .

Imagine (paroles et musique de John Lennon) :

Imagine there's no heaven
Imagine qu'il n'y ait pas de paradis
It's easy if you try
C'est facile si tu essaies
No hell below us
Aucun enfer sous nos pieds
Above us only sky
Au dessus de nous uniquement le ciel
Imagine all the people
Imagine tout le monde
Living for today...
Appréciant l'instant présent...

Imagine there's no countries
Imagine qu'il n'y ait plus de pays
It isn't hard to do
Ce n'est pas dur à réaliser
Nothing to kill or die for
Plus aucune raison d'assassiner ou de mourir pour (eux)
And no religon too
Et pas de religion en plus
Imagine all the people
Imagine tout le monde
Living life in peace...
Vivant sa vie en paix...

Imagine no possesions
Imagine sans biens
I wonder if you can
Je me demande si tu le pourrais
No need for greed or hunger
Nul besoin de cupidité ou de faim
In a brotherhood of man
Dans une fraternité avec tous les hommes
Imagine all the people
Imagine tout le monde
Sharing all the world...
Se partageant le monde entier...

You may say i'm a dreamer
Tu peux dire que je suis un rêveur
But i'm not the only one
Mais je ne suis pas le seul
I hope some day you'll join us
J'espère qu'un jour tu nous rejoindras
And the world will be as one
Et que tout le monde n'en fera qu'un.

(Mille et une excuses pour l'approximation de la traduction).

Autres brèves (très).
Quand le brouhaha de l'actualité, donne l'impression de relire des messages du style de ceux envoyés depuis Londres jadis et naguère :

- L'index du Vatican ne désigne plus Lennon. Je répète. L'index du Vatican ne désigne plus Lennon.
- Aux USA, la liste des terroristes s'est privée de Mandela.
- Le KKK se promet de casser la barack d'Obama.
- La busherie de la Maison Blanche annonce sa prochaine fermeture.
- Le teint de Carla n'a pas encore été moqué par Berlusconi.
- Quand il fait de l'humour, Zemmour ne tire pas à blanc.
- De la croix de fer connaît la chanson de Dachau.
- C'est à Tarnac que le tilleul de la liberté a été planté en 89.
- Le patron va sauter en parachute doré.
- "Je vais faire le maximum pour que les télévisions ne soient pas des facteurs d'anxiété" (Berlusconi).
- Gar(d)ez le Mont Blanc, voilà le Président !
- Figaro : effacez-ci, effacez-là cette bague que le peuple ne saurait voir.
- Post Scriptum : les urnes et les autres sont contestées.
- Sucolchique dans les prés.
- Pas de salut pour les porcs labellisés de mon village.
- Le Président Nicolas n'est pas un saint.
- Connaissez-vous le prix des bagues dans les beaux cartiers ?
- Encore deux degrés et plus de banquise.
- Alzheimer - hamburgers : même combat ?
- La République des Libres s'est laissée prendre dans la toile. Cliquer : ICI .
- Les SDF entonnent en choeur : "Tiens, vl'à du Boutin, vl'à du Boutin..."
- "Le ciel est noir de l'encre que l'on arrache aux pages" (Véronique Bergen).
- Franco n'est plus l'enfant chéri du Ferrol (Galice).
- Free as a bird.
Vidéo dédiée à la liberté de la presse en France, cette liberté à laquelle une certaine justice vient de lancer un spectaculaire : "casse-toi, pauvre conne" ! Soit l'arrestation d'un Vittorio de Filippis au nom d'origine étrangère et ex journaliste de Libération (circonstances aggravantes ?).

Chanson de John Lennon (1977). Vidéo de 1995.