Valentin Feldman :
"Je peux parler d'une vie insupportable.
Avant c'était insupportable sans être une vie."
Rethel, 10 mars 1940.
L'auteur par Fabienne Federini :
- "Né en Russie en 1909, Valentin Feldman, qui perd son père durant la Première guerre mondiale, arrive en France à 13 ans avec sa mère. Après une scolarité au lycée Henry IV, il poursuit ses études de philosophie à la Sorbonne.
Naturalisé français en 1931, il devient agrégé de philosophie en 1939. Engagé dans les batailles politiques de son temps (participation à la campagne électorale à Reims en vue de la victoire du Front populaire et organisation du soutien aux réfugiés républicains espagnols de la région de Fécamp), il adhère au parti communiste en 1937.
Malgré des problèmes cardiaques qui le rendent inapte au service, il s’engage sur le front en septembre 1939. Son attitude lors des combats de mai-juin 1940 lui vaut l’attribution de la croix de guerre.
A l’automne 1940, il devient agent de liaison : « 18 novembre [1941]. Etre celui qui ne doute de rien. L’aventure n’est pas dans les livres. Etre celui qui nie l’aventure parce qu’il fait l’aventure. Et non pas dans le silence docile d’une nuit où, follement, librement, la conscience fuit son propre néant. » (p. 321)
Arrêté en février 1942 à la place d’un autre résistant, il est fusillé au mont Valérien le 27 juillet."
(Liens sociologiques).
Son Journal :
- "Imbéciles, c'est pour vous que je meurs ! "
Par ce cri généreux et désespéré, Valentin Feldman prit congé de la vie le 27 juillet 1942, devant les soldats allemands d'un peloton d'exécution. Quelques mois plutôt, le jeune philosophe, élève de Victor Basch, avait fait le choix de l'action clandestine, mettant un terme à l'un des plus beaux journaux de guerre qu'il nous soit donné de lire.
Commencé à Rethel, dans la sottise désespérante du cantonnement militaire et la promiscuité des hommes en armes, cet écrit s'étend sur deux années où son auteur en appelle à la solitude pour se défaire de la bêtise, des idées courtes des bien-pensants. Le texte est d'une densité rare, nous conviant à partager une expérience unique, celle de la métamorphose d'une existence en destin. Témoin actif de la guerre, penseur de l'engagement, proscrit pour ses origines juives, résistant et bientôt condamné, Feldman écrit en homme libre. Sombres parfois, virulentes, ironiques, légères et tendres aussi, ces pages disent tout à la fois la poésie du monde, la fermeté d'une conscience exigeante, les doutes d'une pensée qui réclame l'action...
Bien plus qu'un journal de bord, c'est l'oeuvre d'un écrivain par sa maîtrise du récit, le tracé fin des descriptions, la pointe assassine des portraits. Une écriture portée par l'attachement au monde."
(Présentation par les éditions farrago).
Son souvenir évoqué par Maurice Schumman :
- "En écoutant les orateurs qui m’ont précédé, j’évoquais la mémoire d’un de mes amis: Valentin Feldman.
Nous avons su par un aumônier allemand, l’abbé Stock, qu’au moment même où les fusils du peloton d’exécution s’abaissaient vers lui, Valentin Feldman s’était écrié: «Imbéciles, c’est pour vous que je meurs!»
C’est peut-être là le plus beau cri qui ait été poussé pendant la guerre.
Nous donnerons toute sa signification au vote que nous allons émettre en nous rappelant ces paroles par lesquelles un grand intellectuel, une seconde avant d’offrir sa vie, a lié l’amour de la patrie et de la liberté à l’espoir de la réconciliation et à l’amour de la paix."
(Sénat, séance du 22 octobre 1997: « Édification d’un monument au mont Valérien »).
Premières lignes du Journal : "Rethel, 3 janv. 40."
Sous-préfecture des Ardennes, ville qui ne peut que maudire les guerres successives, lesquelles prirent l'Aisne comme une artère vitale à vider de tout son sang, Rethel...
Ce billet va se limiter aux regards-scalpels que pose Valentin Feldman sur ce coin des Ardennes. Dans le contexte déjà grisâtre de la "drôle de guerre", le philosophe va y cultiver amertume et lucidité.
11 janvier 1940 :
- "Je n'aime pas Rethel comme on n'aime pas les petites villes : on ne risque jamais de s'y perdre.
(...) Clément (...) : "Y a de l'abus à refuser un verre d'eau (il s'agissait d'un cultivateur ardennais qui refusa effectivement un verre d'eau à des soldats); ce serait encore un verre de lait..."
Moi, perfide : "Et un verre de cidre, Clément ?"
14 janvier :
- "Une journée hivernale tiède comme celles du printemps. Suis monté sur le belvédère d'où l'on domine la ville, ramassée sur elle-même dans un creux de plateaux. Rethel est une agglomération vraiment maigrichonne : on dirait une arête de poisson. Les arbres dans les Ardennes n'ont pas cette teinte de fusain qui les fait ressembler en hiver, comme dans l'Aisne, à quelque eau forte de Rembrandt assombrie."
15 janvier :
- "Une estafette venant à motocyclette de Givet : "Depuis cinq heures nos troupes son en Belgique." En hitlérien, cela s'annoncerait : "Les judéo-démocraties violent la neutralité belge." (1)
4 février - 8 heures du soir :
- "La nuit est tombée sur la ville livrée par la défense passive à la puissance des ténèbres (je ne donne à cette expression aucun sens tolstoïen). Ces villes sans lumière sont des villes sans hommes. Les maisons, les églises, les rues, les arbres taillés, avenues et jardins, toutes ces choses apprivoisées, et de ce fait humanisées, deviennent simplement, brutalement choses."
8 février :
- "Toujours les mêmes choses sans espoir : un mur de briques à droite, le clocher trapu à gauche - ni clocher ni tour, l'église quasi anonyme de France, et ainsi encadré entre deux arbres miteux, derrière une maison blanche - elles font nombre à Rethel, c'est la couleur propre de la Champagne pouilleuse : tout est crayeux, l'habitat comme le sol - l'hôpital militaire, l'ancienne E. P. S. (2), que l'on affligea d'une croix rouge et d'un carré tricolore, et où les types viennent en sueur, avec leurs rougeurs fièvreuses, attendre la convalo ou la mort (...). Quoi de surprenant ! Certains médecins militaires sont demeurés médecins. D'autres sont devenus militaires."
"Eglise anonyme de France..."
12 février :
- "Il fait froid de nouveau. -6 ce matin et le thermomètre descend. J'ai revêtu mon passe-montagne et un deuxième chandail. Avec cette sacrée rigueur hivernale, trouver une chambre en ville, nécessairement non chauffée, ne me serait d'aucun secours pour le travail.
Cette vie retheloise est détestable, par quelque côté qu'on la considère. Pïteux."
17 février :
- "Une tempête neigeuse ce matin. Un bon quart d'heure pour déblayer le chemin de ma baraque, en dégager l'entrée, en aménager la sortie. Une nappe blanche, épaisse de 25 à 30 cm, atteignant 50 cm par endroits selon les caprices de tourbillons, recouvre rues et places de Rethel. Il paraît que cela ne s'est pas vu depuis 1917. Il y a bien d'autres choses qui ne se sont pas vues depuis 17. Et qu'on ne verra pas, peut-être, de sitôt."
22 février, 10 h du soir :
- "Profiteur donc, puisque profiteur il y a, je suis allé couronner le péché de ma "richesse" au Sanglier des Ardennes (3) où l'on mange bien dans un silence relatif. Depuis une semaine - la cuisine de l'ordinaire ne s'est jamais reniée tous les soirs - boeuf bouilli et nouilles dans une graisse à peine liquide (...). Je me suis donc payé le luxe des endives et un petit vin blanc qui s'est laissé boire. Après quoi, j'ai rôdé longuement sur les bords de l'Aisne - sous un clair de lune brumeux."
7 mars :
- "Au début de l'après-midi, un ordre de mission : course en auto à Biermes, village insignifiant à 5 km de Rethel. Il a fallu faire acquiter quelques factures à un dénommé Dupont, cultivateur-propriétaire tel qu'on l'imagine : gras, grand, jovial visage rougeâtre, mains coriaces, accent ardennais et vin facile."
Dimanche 10 mars - 2 h :
- "Depuis que j'ai une chambre, la vie à Rethel est presque supportable. Plutôt, je veux parler d'une vie insupportable. Avant c'était insupportable sans être une vie."
11 mars :
- "Etrange printemps : en ce mois de mars, les matinées sont d'une fraîcheur lumineuse comme en avril, les journées poussiéreuses et ensoleillées comme en juin, les soirées douces et tièdes comme en mai. Et la Promenade des Iles (4) est toute verte dans le crépuscule. Les troncs mousseux des arbres sont comme des foyers d'irradiation dans la brume qui monte de la terre. L'Aisne coule immobile et silencieuse : ses seuls obstacles sont des branches cassées qui s'y plongent, accablées, sans la moindre grâce, ou les canards blancs remontant contre le courant."
12 avril :
- "Le ciel goudronné de nuages s'est éclairci ce soir. Aucune lueur n'oscille dans la ville, ramassée sur elle-même dans un silence fait d'angoissses. - Au-dessus de l'Aisne immobile, s'étale en longue traînée une lumière cendrée.
Cette nuit, il pleuvra sur Rethel."
Couverture de La pluie à Rethel, illustration par l'auteur, Jean-Claude Pirotte (5)
17 avril :
- "Les arbrisseaux qui bordent l'Aisne portent sur leurs branches encore nues plus d'escargots que de bourgeons.
Le printemps tarde. On dirait qu'il attend pour se déclarer que se déclenchent, dans toute leur meurtrière violence, les opérations militaires sur tous les fronts à la fois."
20 avril :
- "En moins de 48 heures les bourgeons se sont ouverts. Les squelettes d'arbres ressemblent à des bougies vertes qui coulent goutte à goutte."
25 avril :
- "Je sais pourquoi Rethel, le soir, ne me paraît toujours pas une "ville" : je n'ai vu Rethel que pendant la guerre, sans un seul réverbère. Une ville sans réverbères, n'en est pas une."
28 avril - 4 heures :
- "Je crois qu'en été la Champagne ardennaise sera plus décevante que l'hiver, quand sur la neige immobile les silouettes des choses creusaient leurs taches sombres comme le corps de guerriers abandonnés.
Je me suis retrouvé finalement contre une palissade bordée d'ifs. Un claquement de drapeau - tricolore - au-dessus de la tête, un rire sonore de femme derrière les ifs... C'était l'un des deux, ou même des trois, cimetières militaires de Rethel où je ne suis pas allé, en six mois, une seule fois parce que la nécrophilie militaire est la plus néfaste de toutes les nécrophilies (...). Trois mille types sont bien au repos dans ce sol crayeux, sans compter ceux des ossuaires. J'ai rarement vu un tel cosmopolitisme funèbre : deux rangées, bien tassées, de tombes britanniques, quatre à cinq tombes russes (les croix portent simplement "soldat russe" et non le traditionnel "mort pour la France" au lendemain de Brest-Litovsk (6), on ne pouvait pas savoir en France pour quoi les soldats russes étaient morts), tombes roumaines, tombes arabes, tombes anamites. Au point de vue religieux - fraternité la plus éclectique : on trouve le nom d'un Meyer sur une croix; des pierres tombales avec le croissant islamique et l'étoile d'Orient sont éparpillées parmi les croix très chrétiennes, qui recouvrent de leur ombre pacifique les pierres tombales à l'étoile hébraïque et celles de soldats anamites."
11 mai :
- "La neuvième alerte de la journée a pris fin. A 8 h 30 du matin - Rethel a reçu son "baptème du feu" : neuf morts, une soixantaine de blessés. Tous - des civils (...). Ils ont tapé dans le tas : la gare était remplie de réfugiés et c'est parmi ces réfugiés que le Seigneur a moissonné aec abondance. Le Seigneur aime les innocents."
Dimanche 12 mai - midi 1/4 :
- "Sur la place de l'Hospice, débordant les vertes promenades des Iles, çà et là par groupes multicolores, - les taches des réfugiés. Réfugiés belges très probablement : Charleville, Givet, toute la région frontalière française a été évacuée par camions (7). Sur le visage terne des types - l'immobile expression des émigrants."
7 heures du soir :
- "Pendant une heure, ils ont encore bombardé la ville et les faubourgs, la gare, la boulonnerie. Ils ont encore mitraillé la place, histoire de mitrailler, fonçant, le moteur toujours silencieux, pourchassant là, face à l'église, une femme fuyant avec son gosse."
13 mai - 1 h 1/2 :
- "On attend à Rethel 30 mille réfugiés. Ils sont partout : sur les places, près de la rivière le long des routes, en marche de 48 heures, à peine nourris, fuyant, fuyant, leur petit carton d'identité sur la poitrine, leurs brouettes et voitures d'enfants trouées de balles."
mercredi 15 mai - Roizy (8) :
- "Hier dans la nuit, évacuation de Rethel. Clair de lune sur l'Aisne et Rethel-la-morte." (9)
NOTES :
(1) Fausse rumeur. Des troupes françaises n'entreront en Belgique que le 10 mai, après l'invasion allemande du Royaume.
(2) Initiales d'Ecole Primaire Supérieure.
(3) Hôtel-restaurant toujours en activité 1 rue Pierre Curie. Parmi ses spécialités : la "cacasse à cul nu".
(4) Présentation officielle : "La promenade des Isles est magique avec sa voûte de tilleuls, platanes et marronniers : un des plus beaux parcs urbains du Nord. C’est le site des manifestations populaires comme la foire aux boudins blancs ou les fêtes de Sainte-Anne."
(5) Jean-Claude Pirotte, La pluie à Rethel, La Table Ronde, 2002.
(6) Traité de paix conclu le 3 mars 1918 entre l'Empire allemand et la Russie soviétique.
(7) Pour avoir recueilli de nombreux témoignages d'exodes au départ des Mazures, il apparaît que cette population ardennaise-là fut obligée d'improviser avec ses propres moyens de locomotion.
(8) Village dans le département de l'Aisne, à 18 km de Rethel.
(9) La retraite de Valentin Feldman s'est prolongée jusqu'au 24 juin, au sud de Limoges.
Il a été démobilisé le 31 juillet.
Arrêté le 5 février 1942 pour complicité d'un attentat (une erreur judiciaire pour l'attentat, pas pour sa qualité de résistant), il est incarcéré à Rouen puis à Fresnes.
Condamné à mort le 18 juillet. Fusillé au Mont Valérien le 27 juillet : "Imbéciles, c'est pour vous que je meurs !"
27 commentaires:
Toujours et encore ces références multiples à l'efflorescence de la nature. La vie et le sordide qui se côtoient sans s'exclure...
en sus une belle écriture, sensible
@ ArD
La réponse de Valentin Feldman :
- "C'est le décor d'une solitude que je salue parce que j'ai l'illusion de penser quand je suis seul..." (15 février 1940).
@ brigetoun
Valentin Feldman, 15 avril 1941 :
- "La baie de ma chambre s'ouvre sur Paris. L'immensité du ciel en prolonge la petitesse. Houle pétrifiée des maisons, toutes blanches sous le soleil, où les pousses des arbres posent çà et là leur tache verte, insolite comme elle serait dans le rocailleux midi."
Famille chassée de Russie par la révolution d'Octobre, apprentissage des valeurs républicaines, esprit de révolte intact et cette écriture remarquable elle aussi...
Tout est là : ou bien on accepte ou bien on refuse ; l'hitlérisme est un des phénomènes contre lesquels il faut prendre parti, sans nuances. On ne transige pas avec l'Allemagne ainsi fanatisée et lancée à la conquête du monde
Le fanatisme ne laisse pas d'alternative. On souhaite à tous cette lucidité et ce courage.
(Les écrits d'Esther Feldman, dont « Mon fils Valentin Feldman 1909-1942 » ne semblent pas avoir été réedités. Ni conservés à la BNF. )
@ Elisabeth.b
On ne peut effectivement évoquer qu'une mémoire s'effaçant...
"Mon fils..." est consultable aux Archives d'Ivry-sur-Seine (exemplaire 266/300 de la 2de éd. de 1948).
La médiathèque de Chambon-Sur-Lignon (les hasards n'existent pas) propose :
- "Tu es immortel... : mon fils Valentin Feldman" (Paris 1949).
Merci JEA. Grâce à vous je découvre que la médiathèque de Chambon-Sur-Lignon propose un troisème ouvrage d'Esther Fedelman : Dialogue devant ta Tombe : Mon Fils Valentin Feldman.
@JEA: Merci de contribuer à faire connaître ce livre et cette vie.
Comme le monde est petit, et que j'ai été l'étudiante de sa fille, je souhaitais simplement ajouter que c'est aussi une femme remarquable, brillante et drôle.
@ Elizabeth.b
Décidément, Le Chambon-Sur-Lignon reste un lieu exceptionnel. Il n'y a d'ailleurs en Europe que deux localités reconnues comme "Justes parmi les Nations". Nieuwlands en Hollande et Le Chambon en France...
De ces personnages haut en couleurs qui habillent les saisons et les lieux des reflets de leur âme !
Une belle écriture, une grande solitude aussi, me semble-t-il !
Superbe d'avoir pu sauvegarder ce journal.
@ Saravati
4 février 1940 :
- "La solitude directement saisie c'est, au fond, la détresse."
Les profs d'histoire-géo (sauf peut-être pour les lycéens de terminales "S"...) pourront faire connaître, lire des extraits de ce livre, et comprendre l'existence de son auteur, sans y être obligés par un voeu présidentiel.
Et saisir ce que veut dire l'engagement, en temps de guerre comme en temps de paix, contre toutes les formes de barbarie - fût-elle "à visage humain".
Oui JEA...
Veuillez m'excuser pour cette erreur en écrivant le nom d'Esther Feldman. Serais-je si française que je sème des voyelles ?
Saraveti beaucoup d'écrits ont pu être protégés. Mais il reste sans doute un travail de collecte à accomplir. Là je pense aux archives familiales. Transcrire et parfois traduire, comme l'a fait Julie Kertesz avec le Journal de Sidonie, sa grand'mère, qu'elle a publié sur la toile.
Oui, il y a un travail à faire. Sous le contrôle d'historiens. Il est nécessaire de pouvoir authentifier les documents.
Feldman et Rethel, Rimbaud et Charleville...
Contrairement à une rumeur tenace, je me demande dans quelle mesure il n'y a pas quelque chose d'étrangement "magnétique" dans tous ces cités ardennaises.
@ Miette
Sauf erreur involontaire, Valentin Feldman entamé en novembre 1940 une procédure de divorce. Le couple avait une fillette, Léone.
Cette précision non pour une rubrique people mais revenir à cette époque atroce où des juifs se séparaient d'une épouse et d'une enfant pour les protéger des lois antisémites de Vichy (précédant les demandes nazies).
@ D. Hasselmann
Vous savez que votre page sur ce blog continue à être ouverte avec constance ? Peut-être les services de contrôle de l'Elysée qui ont mobilisé tout un staff pour tenter de faire face à votre contestation ?
Peut-être aussi des profs trouvant dans votre billet matière concrète pour relier passé et présent d'une République à tout le moins malmenée...
@ Chr. Borhen
Et l'ombre de Verlaine ? De 1877 à 1879, il fut prof à Notre-Dame, établissement scolaire rethèlois. Pas plus de deux ans, car prié (c'est le cas de l'écrire) d'aller se faire oublier ailleurs. Lui et l'un de ses élèves, Lucien Létinois. Les livres à l'eau bénite parlent d'une "affection paternelle"...
Verlaine va convaincre Mme sa Mère d'acheter une ferme aux parents du jeune homme. Ce sera à Coulommes. Quand Lucien décèdera, la mère Verlaine reprendra la ferme pour son fils. L'histoire se continue par Verlaine marquant un autre lieu des Ardennes : la prison de Vouziers. En 1885, il y perdra un mois de sa vie pour avoir voulu étrangler sa maman...
Mais personnellement, Rethel est surtout synonyme de Jean-Claude Pirotte. Mon "pays" à double ou à triple titres. C'est une autre très belle, très cruelle, très poétique histoire.
Oui. Un présent d'au moins trente ans c'est long. Même pour une République de plus de deux cents printemps...
@Elisabeth
Merci pour ces précisions.
Un travail passionnant, ce travail de collecte et de recoupement d'informations pour s'approcher de la "vérité historique" le plus près possible.
Dans un domaine tout à fait différent, j'avais il y a quelques années effectué des recherches sur un sculpteur belge qui a travaillé beaucoup avec la France, j'ai retrouvé quelques traces de ses oeuvres ça et là, mais pas de traces "physiques" de lui, aucune mention par rapport à une éventuelle famille et des liens. Il est vrai que ça date du 19e siècle ...
Quand il existe encore une mémoire vivante des personnes, il faut la recueillir le plus vite possible, avant qu'il ne soit trop tard et qu'elle disparaisse à jamais !
Quand par chance il y a des traces écrites, nous disposons maintenant d'outils qui facilitent leur mise en page.
On peut aussi enregistrer un entretien, le transcrire, puis le soumettre à celui qui s'est exprimé. Pour être certain de n'avoir commis aucune erreur. Par respect aussi.
Quant on est dans le camp des ignorants, des non-spécialistes, c'est à dire le mien, le mieux n'est-il pas de simplement copier ce que est lu ou entendu ?
Oui, si vous le voulez bien j'aimerais connaître le nom de votre sculpteur. Petite requête de curieuse... dont vous ferez ce que vous voulez.
Un billet passionnant, merci JEA de faire découvrir ce journal de guerre à la belle écriture, aux réflexions sensibles et exigeantes.
@ Tania
En vous lisant, je prends seulement conscience de cet oubli désolant. N'avoir pas précisé : ce billet ne reprend que la marge ardennaise du "Journal...". Et non l'essentiel : Valentin Feldman philosophe mais aussi analyste politique.
"Imbéciles, c'est pour vous que je meurs". Quand donc cessera l'imbécillité des humains. Merci pour le partage de ce beau texte et ce terrible destin
@ Elisabeth
Merci. Je réponds chez vous !
C'est un bel endroit !
@ Zoé
par les étangs, et autres rièzes de par ici, les bois flottants et divaguants ne sont pas seulement divertissants mais parfois diablement inspirés...
(lire votre dernier billet et ses commentaires)
encore un beau billet qui donne envie de découvrir ce livre.
@ sylvie
tant que le Président ne tombe pas dessus et ne cherche pas en imposer la lecture dans les classes où... les cours d'histoire tomberaient dans les oubliettes...
Enregistrer un commentaire