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Am-poule (Ph. JEA / DR).
Paroles d'un hiver
qui prend ses aises
parmi les sarts et les rièzes
Le ciel ne sert pas à grand-chose quand l’étoile est absente.
Qui coupe un verger accouche d’un horizon détraqué.
Qui écoute l’arbre mort, entend la renaissance des oiseaux.
Parfois le vent confond un arbre avec un cure-dents.
L’oiseau qui chante se fiche royalement de toutes les stars et de toutes les académies.
De tous les oiseaux, seules les pies se croient obligées de pontifier.
Le pessimiste se plaint des chutes de neige, l’optimiste espère que le soleil va se relever, le réaliste n’écoute plus les bulletins météo.
Ri-d'eau (Ph. JEA / DR).
Dans bien des villes, on peut emmurer les vivants.
En poursuivant un fleuve, on rattrape les nuages.
L’écume ne sait pas ce qui est beau dans la marée des jours mais elle aime lire Boris Vian.
Ce qui est chouette avec le limonaire d’un ruisseau, c’est son répertoire ne cessant de se renouveler.
L’hiver efface ses propres traces et s’y perd…
Le brouillard est la transpiration de l’horizon.
Moineau piaffant d'être édité (Ph. JEA /DR).
Des cheveux de nuages sont restés accrochés au peigne des arbres.
La lune est-elle la trève du soleil ?
(détournement de Klee)
La lune est le sommeil des statues de marbre.
(détournement de Cocteau)
Le sommeil est le fleuve souterrain de la vie.
(détournement de P. Billon)
La nuit est aveugle, la lune la prend par la main.
Un seul frôlement de hache et tout l’arbre raisonne sur la vie et la mort.
Une forêt sans clairière est comme un village ardennais sans beuquette.
En hiver, les routes d’ici ne manquent pas de sel.
Par le chemin effacé, on entre dans le passé composé.
On ne parle plus des promesses de Sarkozy à quelqu’un mourant de froid.
Ex frontière au crépuscule (Ph. JEA / DR).
mardi 16 février 2010
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22 commentaires:
"L’hiver efface ses propres traces et s’y perd…" qu'il les retrouve vite, et les suive pour s'en aller, même si sa présence nous vaut tant belles citations
La neige peut être un stratège pour les berges montant sur un manège ...
Oui ça ne veut rien dire ... Mais ça m'amuse ^^;o)
Ce sont de superbes citations ...
Douce journée ...
Même s'il le dépouille
Le vent a besoin de l'arbre
pour chanter.
@ brigetoun
qu'Avignon soit confronté à un hiver d'ici, il y a en effet de quoi y perdre son nord...
@ MARIE
merci de bien vouloir partager vos amusements...
@ anita
que peuvent les ramures des arbres
contre les armures du vent
sinon choisir l'objection de conscience ?
Qui coupe un verger accouche d’un horizon détraqué.
Un écho parfait au merveilleux film de Eran Riklis "Les citronniers"
@ noël
même si tu avais attiré mon attention sur ce film, franchement, j'étais à mille lieues en grattant ces citations...
par contre j'avais évoqué, voici une poignée de mois, ce film sur un autre blog, sans provoquer de réactions...
@ MARIE
je suis sans excuse de ne pas avoir salué ici votre retour après un accident où verglas et tôles conjuguèrent de vilaines et douloureuses cacophonies
Même si parfois je me réveille en sursaut me revoyant entre ces tôles ! J'avoue que je savoure chaque moment d'être là ... Et la cacophonie s'efface ... Néanmoins je deviens la reine du sautillement ^^;o)
Douce journée et encore merci pour ces superbes citations ... ;o)
Dans cette jolie enfilade d'images poétiques, cherchez l'erreur .
Indice : dernière pensée ...
là où on retombe dans la cruelle réalité sociale et politique !
J'adore cette neige éternelle mais des tôles tout près d'ici ont lâché leurs cris tragiques... parfois la mort est blanche.
Vos phrases sont très belles et ce petit moineau est délicieux !
Merci, JEA.
"Les mosaïques sont des éclats littéraires qui aveuglent avec plaisir accepté par leur lecteur."
Benoît Dehort (Oeuvres complètes, tome 21, page 532, Editions du goudron, 2007.)
@ Savarati
chassez mon naturel, il revient au galop
@ MH
avec la neige qui abuse un rien et va et vient depuis presque deux mois maintenant... ils sont une trentaine d'oiseaux à se relayer, se chamailler, vadrouiller, pinailler et se régaler autour de la mangeoire de mon jardin... d'où quelques photos
@ D. Hasselmann
- "Du chasse-clou au chasse-neige, en passant par le chassepot, notre maison mérite amplement sa bonne réputation depuis 1789."
Publicité à la porte de la quincaillerie la plus proche (Maubert-Fontaine).
L’hiver efface ses propres traces, il est bien élevé, l'hiver.
Il réduit son empreinte écologique, il utilise l'énergie solaire.
Il ravitaille les poètes pour qu'ils nourrissent les oiseaux.
@ Tania
Avec les gardes à vue qui prolifèrent pour un mini oui, pour un improbable non, l'hiver se tient à carreau par crainte de se faire prendre les empreintes digitales (voire son ADN)...
Le brouillard est la transpiration de l’horizon. J'aime beaucoup les paysages brouillés par l'haleine de la terre.
Très beau film les citronniers et je recommande "le temps des grâces que j'ai vu dimanche
J'ai beaucoup aimé : "Un seul frôlement de hache et tout l’arbre raisonne sur la vie et la mort".
Je ne sais pas en fait si l'arbre raisonne mais je sais qu'il crie. Je l'ai expérimenté il y a des années alors que je frolais de la scie un cyprès bleu jauni au beau milieu de mon jardin. Totalement sidérée je me suis précipitée pour lui trouver de l'engrais, le doucher et ne plus en finir de m'excuser de mon inconscience. Il est aujourd'hui immense et majestueux et nous résonnons en complicité. Merci JEA.
Sorcière.
@ Anonyme
Sorcière et fabuleuse fabuliste...
Très agréable à lire, merci.
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