C'est que plus la Belgique part en miettes, plus elle se fait son cinéma comme le prouva son débarquement pacifique à Cannes avec pellicules et bagages :
- "Elève libre", de Joachim Lafosse,
- "Rumba", de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy,
- "Moscou, Belgique", de Christophe Van Rompaey,
- et les inséparables Dardenne, avec "Le Silence de Lorna".
Mais un "road movie" (1) wallon a transformé le Festival en carrousel. Vous vous souvenez. Quand vous étiez gosse. Il fallait tenter de décrocher au passage une "floche" (mot enfantin ?), des bouts de tissus rassemblés et se balançant au-dessus des têtes de mômes. La "floche" arrachée et c'était bon pour un nouveau tour supplémentaire mais gratuit.
(1) Comment échapper à l'anglicisme triomphant ? En wallon, "vôye" correspond à "road", mais je n'ai pas trouvé de traduction pour "movie".
Cette année, Bouli Lanners en a décroché trois de ces "floches" avec son "Eldorado" qui a cumulé le Prix Regards jeunes, le Prix du label Europa Cinemas et le Prix FIPRESCI de la Fédération internationale de la Critique...
Synopsis :
- "Yvan, dealer de voitures vintage, la quarantaine colérique, surprend le jeune Elie en train de le cambrioler. Pourtant il ne lui casse pas la gueule. Au contraire, il se prend d’une étrange affection pour lui et accepte de le ramener chez ses parents au volant de sa vieille Chevrolet. Commence alors le curieux voyage de deux bras cassés à travers un pays magnifique, mais tout aussi déjanté."
Bouli Lanners, cinergie.be (septembre 2007) :
- "L’histoire part d'une situation que j’ai vécue : un cambriolage où mon voleur s’est caché et j’ai dû parlementer avec lui pendant deux heures pour le faire sortir parce qu’il avait peur que j’appelle les flics. Finalement, on a établi le contact dans une situation vraiment particulière. J’étais touché par ce qu’il était. Sauf que, dans la réalité, il est revenu pour tout me voler un mois ou deux après."
Jacques Mandelbaum, Le Monde (21 mai) :
- "Dans Eldorado, un anar faussement bourru tombe en rentrant chez lui sur un cambrioleur, encore plus marginalisé que lui, et le prend sous son aile en le raccompagnant chez ses parents. Il s'ensuit un road movie doux-amer qui traverse les paysages wallons à la façon du Far West, et fait vivre à ces deux hommes un moment de tendresse et de solidarité dans une société plus atomisée que jamais. Jouant à merveille de la combinaison entre un genre américain et un esprit surréaliste belge, Lanners, né en 1965, signe un film qui réaffirme la puissance de l'insoumission dans un monde désenchanté."Crédit photo, site du film, cliquer : ici.
Encore une critique ? Pour la route...
Thomas Messias, ecranlarge.com (20 juin) :
- "Les amateurs de nuages feraient bien de se ruer sur cet Eldorado dont le titre n'est pas si ironique que cela : de stratocumulus en cumulonimbus, le film de Bouli Lanners est un petit miracle d'esthétisme météorologique. On passerait volontiers une heure et demie à fixer ces plans beaux comme des tableaux. Mais comme Lanners n'est pas homme à se complaire dans le contemplatif, il a aussi fait un film autour de ces images à tomber. Eldorado est un nuage à lui tout seul, dont les mouvements quasi imperceptibles suffisent à faire varier la température. Soufflant le chaud et le froid, ce road movie est un formidable petit moment de flottement.
(...) Mené par un duo d'acteurs exceptionnels (aux côtés de Bouli Lanners, un petit nouveau, Fabrice Adde), Eldorado est un petit bijou modeste mais profond qu'on aurait tort de réduire à sa simple belgitude. Car c'est un film universel, qui traite de l'absolu et de l'immédiat, de la beauté de l'éphémère, mais sans en avoir l'air, juste comme ça, par petites touches. Un voyage dont on n'est pas près de revenir. Et une sacrée révélation."
A film anar, conclusion anar par David Fontaine, Le Canard enchaîné (18 juin) :
- "...un fort beau road movie, oà la "morne plaine" belge, sous le soleil, prend des allures de grands espaces américains. C'est aussi un film pudique d'amitié entre deux hommes aux marges de la société, dans la tradition de "Macadam Cowboy" (1969) de John Schlesinger ou de "Western" (1997) de Manuel Poirier. Le tout semé de rencontres cocasses savoureusement belges."
(NB : Le "plat pays" décrit la Flandre et pas du tout la Wallonie. La "morne plaine" correspond à un Waterloo pas vraiment au coeur de la Région wallonne ... Et les rencontres "belges" du film sont francophones et non néerlandophones, mais inutile d'attiser ici les querelles linguistiques qui tournent actuellement à la foire d'empoigne).
Et pour celles et ceux qui ne se lèvent pas avant ou pendant le générique :
Un film écrit, réalisé et interprété par Bouli Lanners. Avec Fabrice Abbe, Philippe Nahon, Françoise Fichery, Renaud Rutten, Didier Toupy.
Première assistante : Cathy Mlakar. Chef opérateur : Jean-Paul De Zaeytijd.
Chef décorateur : Paul Rouschop. Ingénieur du son : Olivier Espel. Chef monteur : Erwin Ryckaert.
Une production Versus production. En coproduction avec Lazennec & Associés, RTBF (Télévision belge). Avec l'aide du Centre du Cinéma et de l'Audiovisuel de la Communauté française de Belgique et des Télédistributeurs wallons. Avec la participation du Centre National de la Cinématographie.Avec le soutien d'Eurimages.
Avec la participation de Wallimage,TPS STAR,CINECINEMA. Avec le soutien de l'Action Préparatoire I2I de la Commission Européenne.Développé avec le soutien du Programme MEDIA de la Communauté Européenne (Slate Funding).Avec la participation du Tax Shelter du Gouvernement fédéral belge. En collaboration avec Inver Invest,Taxshelter.be, Casa Kafka Pictures, Pôle Image de Liège.
Le film commence à hanter des écrans de France depuis le 18 juin. Ici, il faudra s'offrir 43 km aller pour ne pas en être privé... Mini road movie en quelque sorte...
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