DANS LA MARGE

et pas seulement par les (dis) grâces de la géographie et de l'histoire...

mardi 12 mai 2009

P. 116. "Petits secrets" de Pol Cruchten

© Quinta Communication.

Le Grand-Duché ? Un timbre poste sur les enveloppes de l'Europe. Un paradis fiscal pour ceux qui ont vraiment trop de radis. Une caverne d'ali baba avec essences et cigarettes en veux-tu en voilà. Un Grand-Duc (sauf son respect, rien d'un oiseau de nuit empaillé) donnant une priorité absolue à ses opinions religieuses absolutistes. Et donc ayant voulu refuser les interruptions volontaires de grossesse aux Luxembourgeoises. Une télévision et une radio hypercommerciales. Mais encore une occupation allemande spécifique. Avec des cicatrices très mal refermées.
Mais foin de ces clichés. J'en garde, sous le secret professionnel, le souvenir éprouvant d'un jeune qui avait déjà bouté le feu à deux établissements scolaires puis inondé un troisième (pour compenser ?). Ne dédaignant pas quelques drogues. Dessinateur de croix gammées hideuses. Prié fermement d'aller se défouler hors des frontières grand-ducales sous peine d'enfermement. Tombé au milieu des ados de mes parlements.
Ce jeune homme déglingué, tout comme ses parents déboussolés, vous ouvraient les yeux pour une découverte non voyeuriste. Celle des couches enfouies d'une société luxembourgeoise en fuite. Mais toujours rattrapée par ses histoires les moins avouables.
Avec lui, ce fut assez épique. Pas évident. Son diplôme finalement en poche (pas la revolver), il est reparti vers ce Duché qui l'avait exilé.


Tout ça pour en venir au cinéma pour lequel le Luxembourg équivaut à un Sahel. Un film tous les combien ? Autant ne pas risquer une estimation. Sans y mettre pour autant la moindre goutte acide de mépris débile et déplacé.
Il n'empêche, tout long métrage de fiction relevant là-bas de la rareté absolue, il faut découvrir toutes réticences cessantes les "Petits secrets" de Pol Cruchten.


Synopsis :

- "Luxembourg, 1962. Norbi, 12 ans, vit à Esch-sur-Alzette, une petite ville du sud du Luxembourg. C'est à l'époque de la guerre froide et Norbi se pose plein de questions. Sur la guerre, la sexualité et surtout sur le mystérieux "P" que son père note souvent dans son agenda. Portrait d'une famille, d'une époque, et, surtout, d'un petit garçon qui se cherche...

D'après le roman Perl oder Pica, de Jhemp Hoscheit, aux éditions Schortgen, qui a reçu le prix de la Fondation Servais pour le meilleur livre édité au Luxembourg."

© Quinta Communication

Thomas Sotinel :


- "Saviez-vous que le grand duché du Luxembourg, au début des années 1960, était une espèce de théocratie catholique ? Qu'à l'heure où la France vivait les affres de la décolonisation, le Lux du Benelux vivait dans la macération des traumatismes subis entre 1940 et 1945 ? Et qu'un metteur en scène de cinéma a eu l'idée de se servir de ce fond de sauce plutôt amer pour réaliser une comédie juvénile ?
L'exotisme souffle donc où il veut et ce long métrage maintient l'attention en éveil non pas par ses vertus dramatiques mais par cette somme de révélations inattendues au sujet d'un voisin trop souvent ignoré. Même si l'on ne prend pas pour argent comptant le scénario de Petits secrets, il a de quoi intriguer. A douze ans, Norbi, le héros, vit entre une mère vouée à la cuisine, aux enfants et à l'église (on parle dans cette famille la variante luxembourgeoise de l'allemand) et un père qui tient un étrange magasin où l'on vend à la fois des articles de piété et de la papeterie. Norbi se persuade bientôt que son père cache dans son passé un secret terrible, dont la clé se trouve dans les années d'occupation."
(Le Monde, 5 mai 2009).


Photo de tournage. © Quinta Communication.

Marine Bénézech :

- "Cette intrigue initiatique se présente comme la métaphore du passage de l’enfance à l’adolescence. Une étape qui se fait non sans mal, confrontant l’enfant à ses interrogations sur un monde qu’il ne comprend que partiellement. En tentant d’éclaircir le passé de son père, Norbi découvre la réalité quotidienne et les premières désillusions qui diffèrent grandement des supercheries des cours de récréation, forçant ses premières affirmations d’indépendance.
Bien que le garçon-narrateur soit le pilier du métrage, l’attention se porte rapidement sur le père autoritaire et pataud dans ses preuves d’amour. La performance admirable d’André Jung dans le rôle du paternel épaissit la relation filiale et enrichit considérablement l’intrigue. Elle permet à celle-ci de se départir du point de vue gauche et redondant de l’enfant (sa voix-off soutient trop fréquemment ce qui est explicite à l’écran et il devient difficile de partager son intérêt à découvrir un secret que l’on pressent absurde).
Malgré sa candeur, Petits secrets demeure une œuvre touchante et fraiche qui s’inscrit dans la logique des récits intiatiques. On en retiendra surtout son origine, luxembourgeoise. Il est appréciable de voir sur nos écrans un film du Luxembourg, fait rare en raison du faible nombre de productions nationales qui peinent à s’exporter."
(aVoir-aLire, 5 mai).

Bande annonce.

Le Canard enchaîné :

- "Dans une petite ville du Luxembourg, en 1962, un garçon de 12 ans, placé sous la férule d'un père papetier et pasteur autoritaire, apprend à lui dire non.
Ce film d'enfance classique de Paul Cruchten - des premiers émois aux premières révoltes - a pour particularité d'être cent pour cent luxembourgeois. L'occasion de découvrir une société sclérosée, un milieu étroit et caricatural, à travers des personnages grinçants, dessinés d'un trait asséré."
(D. F., 6 mai).

NB : A celles et ceux qui déploreront cette page rédigée sans même avoir vu le film, la réponse est rudimentaire. Je vous fiche mon billet de cinéma qu'il ne sera jamais projeté par ici... Et donc, contrairement aux convoyeurs de pigeons voyageurs, je n'attends pas.

10 commentaires:

Edith a dit…

Toujours fervente admiratrice de ton blog que je retrouve avec un énorme plaisir après être allée à Auberive, tondre les prés. C'est fou comme l'herbe pousse dès qu'on a le dos tourné.
J'aime ton écriture qui me fait parfois rire, parfois pleurer. Gros bisous mailiques d'ici qu'on les fasse bien sonores.
A propos de "mail", as-tu remarqué comme les Français prononcent le mot ? Nous, nous disons "mél" tout simplement. Or, eux qui francisent tout, ils insistent pour prendre l'accent british (pour une fois, car à l'évidence, entre la France et l'Angleterre, c'est toujours la guerre de Cent ans!): ils disent "mééyy'l".

Cactus , ciné-chineur a dit…

de même , aussi fervent !

JEA a dit…

@ Edith

Encore merci pour toutes ces fleurs champêtres d'Auberive.

NB : Par petite lâcheté, je contourne en retenant le mot "courriel". Mais alors, ici en France, je semble leur parler patagon.

JEA a dit…

@ Cactus

Dites-donc, encore heureux que vous ayez choisi ce pseudo. Avec ce père Darlan qui se prend pour un roquet (!) et vous poursuit de ses aboiements pétainistes.

D. Hasselmann a dit…

Ce film ne sera pas du luxe !

Pourquoi n'est-il pas diffusé sur Arte ?

Puisque Sarkozy s'occupe de tout (et pas seulement du "paradis fiscal" que serait le coin), notamment dans les médias ("Canal Sarkozy" va faire de l'audience !), il pourrait en "toucher un mot" à Angela si Jérôme Clément est un peu trop "à gauche"...

JEA a dit…

@ D (pas David) Hasselmann.

Heureux, sincèrement, de vous voir revenir sain et sauf de votre périlleuse expédition chez les Indiens Hadopis.

Corynne a dit…

Du Canard Enchaîné, encore ! Encore !

JEA a dit…

@ Corynne

Dire que des coucous ont pondu voici peu un bouquin pour tirer à la balle dum-dum sur le Canard. En écrivant sans mourir de rire que des chroniques étaient de la main de l'Elysée...

Corynne a dit…

Ah ca je ne veux pas y croire...

JEA a dit…

@ Corynne

Pub du bout de mes pincettes : Karl Laske et Laurent Valdiguié, "le vrai Canard" chez Stock.

Car jusqu'à leur opuscule, tout ce qui avait été écrit dans et sur le Canard était faux...
Exemple de leurs divagations :
"Les auteurs évoquent notamment "le journal de Carla B (qui) tient lieu de chronique de la vie à l'Elysée sous Sarkozy", journal publié chaque semaine en Une et que "la vraie Carla adore". "Pierre Charon, le plus vieux conseiller de Sarkozy, (...) attaché à la communication de la nouvelle première dame, se charge de certains dialogues", affirment-ils."