DANS LA MARGE

et pas seulement par les (dis) grâces de la géographie et de l'histoire...

samedi 2 mai 2009

P. 109. Brèves (16) : Mais que fait la police ???



(Graphisme JEA / DR).

Ou : Le poste frontière du Perthus. La famille Bakhshiyan. Eclat (tesson ?) de Besson. La PAF à Orly. Fofana et la dignité humaine. Un dernier feu rouge pour la route.

- Quand ils ne passent pas leurs nerfs à inverser les rôles en caillassant à Strasbourg des manifestants, les services de Police jouent un remake de Jeanne d'Arc. Sus aux étrangers indésirés. On va les bouter hors des frontières hexagonales. Dans leurs oreillettes, les forces de l'ordre ont entendu la voix de leur Maître.
Mais, las, les chiffres se confirmaient à la baisse ces derniers temps moroses. Moins de candides candidats aux arrestations lors de bienvenues en France ? Moins de clandestins dont on brise allègrement le destin en les ramassant à la sortie d'une école, convoqués au guichet d'une administration, se mariant candidement en blanc ?
Qu'à cela ne tienne.
Bon sang mais c'est bien sûr, chef ! Il suffit de retourner la lorgnette policière. Donc de passer les menottes aux sans-papiers alors qu'ils tentent de regagner (quel mot !) leur pays... Là, ils se montreront moins méfiants. Ces naïfs s'imagineront qu'une France leur tournant le dos, va se réjouir de leur départ. Cette République ne paye-t-elle pas l'avion avec gardes du corps VIP à des expulsés pour mieux s'en laver les mains ?
Donc, venant d'Italie, quinze Marocains ont été arrêtés au poste frontière du Perthus alors qu'ils regagnaient le Royaume chérifien via l'Espagne. C'était le dernière semaine d'avril.

Commentaire de la Cimade :

- "Si encore on les avait contrôlés à l'entrée sur le territoire français, en sortant d'Italie, en estimant qu'ils étaient susceptibles de descendre du bus à Marseille ou à Perpignan… Mais là, l'Espagne était à deux mètres, ils n'avaient aucune possibilité de rester en France !"
(Source : Chloé Leprince, Rue 89, 29 avril 2009).


5 uniformes de police pour un tout bout de gosse (Graphisme JEA / DR).

- Puisque les enfants sont de futurs adultes, de futurs parents prolifiques, mais déjà des clandestins, déjà des bouches en trop, pas question de les épargner. Seuls les droidelhommistes cosmopolites peuvent s'en émouvoir.
Le Centre de rétention administrative à Nîmes vient de se refermer sur un bébé de quatre mois. Pris dans la même nasse : ses parents et son frère de 9 ans. Le père, Serguey Bakhshiyan, est Azerbaïdjanais et la mère, Maria, Russe. A l'heure du laitier et de sinistre mémoire, les forces de l'ordre sont descendues à leur domicile de Gray (Haute-Saône). Et de faire sauter les serrures, non mais ! Aux frais de la princesse policière, la famille a été transportée au complet pour être logée au C
entre de Nîmes. En attendant l'aller sans retour vers un Grand Nord.

Patrice Muzard, responsable RESF de Gray, a beau rappeller que des mineurs n'ont pas à se retrouver dans un local de détentation (administrative ou autre) c'est du pipeau. La Commission nationale du droit d'asile est saisie. Pour la nième fois.
Que les Bakhshiyan se soient indiscutablement intégralement intégrés, voilà un argument qui n'empêche nullement de chercher à les désintégrer.
Et circonstance on ne peut plus aggravante : le garçon de 9 ans est reconnu très bon élève. Il a même remporté à deux reprises le concours des Dicos d'or. Si, non contents de manger le pain d'ici, des étrangers se mettent à décrocher des prix, il est temps de remettre à l'heure les pendules des mises à la porte.
(Source : RESF).

Circulez, il n'y a rien à voir (Graphisme JEA / DR).

Dans une communication-rebond qu'il signe dans Libération, le Ministre Besson s'agite sur son fauteuil louis quelque chose :
- " ... Une donnée que chacun devrait méditer : pour l'heure, et contrairement à d'autres pays, la France échappe à toute dérive xénophobe."
Méditons sans médire. Pour l'heure ? Celle des montres du Président, peut-être.
Mais pas pour les horloges sans doute trop populaires du Perthus, de Gray ou d'ailleurs.
Même pas pour les cadrans officiels de l'aéroport d'Orly (Val-de-Marne).
Et cette histoire n'est pas celle d'associations humanistes ni d'empêcheurs de couper en quatre les passeports des immigrés. En effet, six policiers ou anciens policiers ont déposé plainte contre leur propre hiérarchie pour "harcèlement moral" et pour "discrimination".
Ces fonctionnaires assermentés évoquent une atmosphère irrespirable au sein flétri de la PAF, police de l'air et des frontières. Ce ne sont pas des gamins qui s'affirment victimes de "propos xhénophobes" et de "pratiques discriminatoires" mais un lieutenant svp, trois brigadiers-chefs et un adjoint de sécurité. Entre 27 et 45 ans. En cause : de supposées orientations sexuelles, les "races" (qui n'existent scientifiquement pas) et des choix religieux. Il ne manque à la panoplie que le machisme triomphant.
(Sources : Eric Besson, L'agitation d'un prétendu délit de solidarité ne doit rien au hasard, Libération, 30 avril 2009, p. 29. Et Me Samia Maktouf, avocate).

Et dans cette France qui "échappe à toute dérive xhénophobe" vient de débuter un procès dont les échos ne parviennent point aux oreilles d'un ministre trop occupé à écrire n'importe quoi. Procès dit du "gang des barbares" avec comme "cerveau", Youssouf Fofana. Les motifs d'accusation vont de "l'association de malfaiteurs" aux "actes de torture et de barbarie" avec la circonstance aggravante d'"antisémitisme".
Deux mots, pas plus. Le 27 avril, les deux avocats de Fofana ont déposé en urgence une demande de remise en liberté de celui qui se donne pour date de naissance celle de la mort de sa victime, Ilan Halimi. Ce dernier resta enfermé vingt-quatre jours dans les pires conditions (un appartement vide puis une cave).
Raison de cette demande de remise en liberté : "au nom du respect de la dignité humaine" !!! Pour que l'accusé ne soit pas mis dans une cellule "aveugle" et "insalubre", celle dite de la "souricière" au Palais de Justice de Paris. Pas de commentaire.

Sur boucliers et casques, les reflets d'une société policée (Graphisme JEA : DR)

Enfin un fait de printemps :

- Un policier en civil s'est tué lors d'un accident de moto, tôt jeudi 30 avril, à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Il ne tentait pas d'échapper à de jeunes sauvageons sans foi ni loi mais à des collègues en service.
Selon les premiers éléments de l'enquête, ce motard aurait grillé un feu rouge vers 6h du matin au niveau de la Porte de la Chapelle, dans le nord de Paris. Puis, il aurait refusé de se laisser contrôler. Délit de fuite et tout le toutim.
Retour sur un monde à l'envers telles les images des uniformes lançant des pierres aux manifestants de Strasbourg.
(Source : Nouvel Observateur).

2 commentaires:

Chr. Borhen a dit…

To flic, I fuck, fuck. Nouveau verbe régulier.

JEA a dit…

@ Chr. Borhen

Beau dommage qu'Octave Ergébel ait cassé sa pipe et ne puisse plus développer votre commentaire dans une de ces envolées littéraires dont il avait le secret.