DANS LA MARGE

et pas seulement par les (dis) grâces de la géographie et de l'histoire...

dimanche 10 mai 2009

P. 115. Un dimanche ici, donc à la campagne

Ce 10 mai, le village vu par un potache (Photo JEA / DR).

Dimanche
mais aussi tous les autres jours
de toutes les autres semaines,
à la campagne (sans publicité)
donc sans télévision
pour y contempler sans illusions
des avions-cargos enceints,
des porte-avions en panne,
des murs comme des fermetures éclairs
sur des paysages rougis
par la peur des autres
des femmes emmurées vivantes
des enfants jetés
dans les décharges publiques
et des romans comme des fleuves
à la source orpheline.

Inhabitée depuis trente ans au moins sans signe ni trace de lassitude (Photo JEA / DR).

Ce dimanche
premiers pas à pas
après des mois sans autres
horizons qu'intérieurs
à mal tourner
en rond et en vain
assis, couché, cassé, rassis
avec pour cette évasion débutante
le soleil qui en connaît un rayon
et sort tous ses crayons
et griffonne des papillons étourdis
comme s'il en pleuvait
comme s'il en délirait
comme s'il en délivrait.

Mouton du Pavillon (Photo JEA / DR).

Là où les chevreuils ne le boudaient pas
je suis retourné vers la colline désertée
par Jacques
son enterrement totalement hivernal
fut ma dernière sortie publique
pour lui qui ne regrettait rien
...
aujourd'hui, seul le silence
rompt le silence
des fleurs de poussières s'évanouissent
discrètement
ne gardant aucune empreinte
de ces temps révolus
peut-être révolutionnaires
définitivement retardataires.


Agneaux ayant franchi un cap fatidique car pascal (Photo JEA / DR).

Il n'y a pas photo
ni beaucoup de mots
des nuages ne cessent de disparaître
des cailloux de naître
et des arbres de comparaître
devant les tribunaux
avant les bûcherons
tâcherons bourreaux

des coeurs et des rumeurs
je pense à toux ceux que hantent
des tumeurs.

16 commentaires:

noel a dit…

A small step for men...
Bienvenue sur terre au scaphandrier des mots

Loïs de Murphy a dit…

"des romans comme des fleuves
à la source orpheline." C'est à deux doigts du calembour, et puis non. Bravo, bien joué.

JEA a dit…

@ noel et Loïs de Murphy
Avec les pieds moins plombés, un
scaphandrier surpris avec deux doigts dans la confiture des mots...

kris a dit…

.. Plombant,
mais aussi touchant
et parfois émouvant...

J'aime aussi beaucoup les photos...;-)

JEA a dit…

@ kris

Commentaire du matin, commentaire cristallin.

Chr. Borhen a dit…

" Agneaux ayant franchi un cap fatidique car pascal "...

Comme j'ai ri !

JEA a dit…

@ Chr. Borhen

Une agnelle en avait même le rimel qui ne se tenait plus.

trouillefou a dit…

l'agneau Pascal ? Dans mon champ, il avoisine l'agneau Gnotte, l'agneau Stique, et l'agneau Nyme (le plus silencieux de tous).

C'est étrange, non, Jea, votre message poétique est grave et presque désabusé, or, tous vos commentaires dérapent dans le jeu de motsou l'éclat de rire.... A cause du titre de votre blog ?

Clopine

JEA a dit…

@ Clopine.

Le titre ? Comme ces villas romaines dont les archéologues des écrits ne retrouvent que des épars de mosaïques. Mais pas du style "cave canem".
Pour tout vous dire, le titre aussi d'un recueil perdu par un éditeur (et pas par lui seul) voici un bon quart d'heure de siècle.

Mifa a dit…

Et la cerise sur le gâteau : "un bon quart d'heure de siècle" (de JEA)

D. Hasselmann a dit…

Le soleil qui en connaît un rayon, le poète photographe qui en sait la focale (animaux trop humains), la campagne se montre dominicale en sa sainteté de terre.

JEA a dit…

@ Mifa

Vieux proverbe ardennais : "Faute de pyramides, on ne mange que la cerise du gâteau."

JEA a dit…

@ D. Hasselmann

Ici, pas de campagne d'Italie. Mais confirmation de mon invitation pour vous, votre compagne, les enfants, les cerfs-volants, les cadres (uniquement de vélos), les dicos flamand-wallon...

Unknown a dit…

Il y a comme ça des jours où l'on reste étonné devant l'arrondi des lettres , comme un tableau où chaque personnage ont leur place attendant le clic clac du photographe ...
Il y a comme ça des émotions qui traversent comme une cascade laissant la lectrice que je suis toute esbaudie devant cette poésie spontanée ...
Il y a comme ça des jours où la rencontre des mots laissent les animaux , les objets , les humains pantois d'avoir leur émissaire littéraire ...
Il y a comme ça des jours où le sourire apparaît aux commissures ... comme un coup de vent chaud en pleine figure ...

J'ai tourné les plages de vos billets et je me suis rassasiée ...;))
Merci ...

JEA a dit…

@ Marie

Pour vous rafraîchir après ce périple marginal, souffrez de recevoir un cidre distillé sur la place du marché (le dernier vendredi de chaque mois) à Renwez.
Ou une mûre sauvage de mon jardin et de ma compagne.
Et comme nourriture terrestre mais à la croûte légère, je viens de cuire un pain aux grains de lin. Avec un soupçon de pâté aux trois viandes (fait maison sans chercher à épater)?
La table d'ici est anciennement de ferme. Autrement écrit : solide et ayant vus d'autres. Sont invités celles et ceux qui ne mettent pas ce blog à la poubelle de cadix et d'ailleurs. Et pour photographier de tels instants nullement de disgrâce, devinez ? D. H. ayant laissé un certain philosophe de ses amis dans un vestiaire parisien...

JEA a dit…

hem...
et en ayant vu... sans S, c'est plus léger.