Véra Belmont, Anne-Marie Philippe
L'hirondelle du faubourg
Stock, 2009, 216 p.
Véra Belmont,
vraie enfant sauvée de la Shoah ;
Misha Defonseca,
fausse persécutée raciale...
Dialoguant avec Anne-Marie Philippe, Véra Belmont a ouvert des portes sur son passé.
Stock :
- "La vie de Véra Belmont est comme un film. Elle est une toute jeune juive polonaise lorsque la guerre éclate, doit mentir et voler pour survivre. Plus tard, elle se détache de sa bande des rues pour entrer aux jeunesses communistes, puis devient comédienne un peu par hasard. Elle sera par la suite une grande productrice française, notamment sur les films de Sautet, Pialat, Annaud, Demy, Truffaut.. et une magnifique réalisatrice.
Anne-Marie Philipe, par ses questions pertinentes et personnelles, nous dévoile un des grands caractères de notre temps.
Véra Belmont est actrice, productrice, réalisatrice. Parmi d'autres, elle a produit Les jeunes loups de Marcel Carné, L'enfance nue de Maurice Pialat, Pourquoi Israël de Claude Lanzmann, Un condé d'Yves Boisset, La guerre des polices de Robin Davis, La guerre du feu de Jean-Jacques Arnaud. Elle a réalisé Les prisonniers de Mao, Rouge baiser, Milena, Marquise, Survivre avec les loups.
Anne-Marie Philipe est comédienne. Elle a également écrit une série d'albums pour enfants: Danseur, petit cheval magique."
Présentant ce volume, Jean-Luc Douin insiste :
- "Née en 1932, Véra Belmont a produit, mais aussi écrit et réalisé des films. On pouvait décrypter quelques pans marquants de la vie de cette femme de caractère en voyant Rouge baiser (1985), récit de l'adolescence d'une juive d'origine polonaise, de son engagement communiste troublé par la révélation des crimes staliniens. Ou Survivre avec les loups (2008), épopée d'une gamine partie à 8 ans vers l'Est retrouver ses parents déportés."
(Le Monde, 16 décembre 2009).
Allons bon ! Survivre avec les loups, c'était en 2008. Le temps a beau passer, et le journalisme se révéler souvent éphémère, Jean-Luc Douin aurait-il déjà oublié lui qui évoque une "épopée" ("suite d'événements historiques à caractère héroïque") ? A moins qu'un scandale de faux en littérature (avec son prolongement au cinéma) soit resté négligé à Paris pour motif que des preuves provenaient de Bruxelles ?
Pour rappel et dans le respect de sa chronologie, voici les rétroactes de ce qu'il faut bien appeler "l'affaire Misha Defonseca - Monique De Wael".
Le 15 janvier 2008, Jean-Luc Douain salue la sortie du film en France :
- "L'histoire est authentique. Elle a été racontée par Misha Defonseca, dans un livre traduit en dix-sept langues. Juive, d'origine belge, la petite Misha, 8 ans, est hébergée en 1942 dans une famille de Bruxelles après la disparition de ses parents dans une rafle. Elle assiste à l'arrestation du couple de fermiers chez lesquels elle se sent en sécurité et s'enfuit à travers la campagne. Elle erre ainsi à pied durant trois ans, traversant l'Allemagne, puis la Pologne, pour être recueillie en Ukraine en 1945. Elle se réfugie dans les bois, les forêts, vole de temps à autre un peu de nourriture et des vêtements dans des maisons isolées, se nourrit de vers de terre et de chairs sanguinolentes en compagnie d'une meute de loups. Endure le froid, la neige, la faim, la menace des soldats allemands qui traquent des mômes échappés du ghetto de Varsovie...
Sur ce défi-là - comment raconter l'holocauste aux enfants -, cette épopée (par instants nimbée d'expressionnisme) trouve ses accents les plus poignants."
(Le Monde, 15 janvier 2008).
Affiche du film de Véra Belmont inspiré du livre de Mischa Defonseca (DR).
Le 20 février, en Belgique, Misha Defonseca le promotionne en ces termes :
- "Le message de ce film est avant tout un message de courage, de ténacité. Je trouve qu'en général, les gens s'arrêtent trop vite sans savoir ce dont ils sont réellement capables. Je tiens aussi à insister sur le regard que porte mon livre sur la guerre, et qui apparaît moins dans le film. Il est essentiel de rejeter les extrémismes."
(Le Soir, 20 février 2008).
Géraldine Kamps tire la première un signal d'alarme :
- « Survivre avec les loups » : Une des plus grosses escroqueries de cette dernière décennie ?
Alors que nous écrivons ces lignes, son éditrice américaine, suite à une longue querelle judiciaire et financière finalement perdue, diffuse sur internet l'extrait d'un registre de l'année scolaire 1943-1944, attestant qu'à l'époque où l'héroïne (de son vrai nom Monique Dewael !) se disait dans les forêts de Pologne, adoptée par une meute de dix loups, elle était en réalité scolarisée à Schaerbeek !
Un document accablant, accompagné de l'extrait d'acte de baptême catholique de « Misha », née en 1937 à Etterbeek, et aucunement juive, ni de père, ni de mère.
Reste à espérer que son récit ne rentre définitivement dans la mémoire collective. Et que la réflexion sur l'enseignement de la Shoah se poursuive car ce genre d'affabulation ne sert qu'une seule cause : celle des négationnistes."
(Regards, Revue du Centre communautaire laïc juif de Belgique, 20 février 2008).
A la représente de l'auteure en Europe, Maxime Steinberg, historien de la persécution des juifs en Belgique, parle de déontologie et d'éthique :
- "Vous me demandez de prendre position sur une question d'authenticité. Je vous répondrai, en m'en tenant aux faits actuellement connus et documentés. Sur cette base, je constate que Monique Dewael, alias Misha Defonseca, n'était pas la fillette juive qu'elle a prétendu avoir été pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle ne figure pas au registre des Juifs établi en décembre 1940 à Schaerbeek. Ni elle-même, ni ses parents n'ont fait l'objet de persécutions antisémites en Belgique occupée.
De ce point de vue, le "témoignage" de Misha Defonseca pose une question de déontologie et d'éthique au-delà de toute polémique.
Le livre Survivre avec les loups est une captation de mémoire au sens où l'auteure témoigne d'une histoire qui n'est pas la sienne.
C'est, au sens propre du terme, un faux témoin qui de surcroît donne un faux témoignage car les déportations de Juifs de Belgique débutent le 4 août 1942 et seulement à destination d'Auschwitz en Haute-Silésie, et non pas en Ukraine, ce qu'on sait en Belgique dès 1943. S'agissant d'enfants juifs, il faut noter qu'un déporté racial sur six est un enfant de moins de 15 ans. La plus jeune enfant juive déportée, Suzanne Kaminski, est un bébé de 40 jours.
Survivre avec les loups fait débuter ces déportations près d'un an avant qu'elles ne commencent pour décrire la traversée de l'Europe nazie qu'aurait entreprise, seule, une petite fille juive de 4 ans. Ce récit littéraire ne tient pas la route de l'histoire."
(Lettre du 20 février, reproduite avec l'autorisation de son auteur).
RTL relaie ces premiers doutes dans son JT avec Maxime Steinberg comme référence.
Le 28 février au matin, le conseil de l'auteure, Me Uyttendaele, contre-attaque violemment :
- "Tout au long de sa vie, elle {Misha Defonseca} a ressenti de manière intense son appartenance à la communauté juive et est convaincue que se trouve là l’explication du fait que ses parents lui ont été arrachés."
- "Il convient également de relever qu’un certain nombre de questions qui sont aujourd’hui au cœur de la polémique ne présentent, en réalité, aucun intérêt. Il s’agit notamment de la date de l’arrestation de ses parents."
- "Madame DEFONSECA se souvient que ses parents refusaient de porter l’étoile jaune et d’assumer publiquement leur appartenance à la communauté juive. Il est hors de doute, cependant, qu’ils étaient bien juifs. On en veut pour preuve que Madame DEFONSECA comprend le yiddish alors qu’elle ne l’a jamais appris dans sa vie d’adulte et qu’aux dires de ses détracteurs, elle aurait été élevée dans un milieu catholique."
- "Plus de soixante ans après les faits, il est vain de gloser sur l’identité officielle de Madame DEFONSECA."
- "... elle a gardé le souvenir précis du fait que ses parents n’étaient pas d’origine belge, que sa mère avait un accent russe et que son père parlait français, allemand et yiddish. Il est donc infiniment probable qu’ayant connu des persécutions ailleurs en Europe, ils étaient arrivés en Belgique et souhaitaient, coûte que coûte, éventuellement au prix d’une falsification d’identité, dissimuler leurs origines."
- "... il ne peut être admis que Madame DEFONSECA soit stigmatisée aujourd’hui pour une fausse appartenance à la communauté juive." - "Qui, dans ce contexte, a le droit d’affirmer qu’elle ne serait pas juive ? "
- "Il est donc indécent de diaboliser ou de mettre en cause l’intégrité de Madame DEFONSECA dès lors qu’elle est une victime."
(Le Soir, 28 février 2008).
Début d'après-midi, des extraits de mes éléments de réponses :
- "Me Uyttendaele recourt de manière répétée, insistante à l'argument de la souffrance et au respect d'une victime, soit une forme d'empathie très à la mode. Le tout basé sur des affirmations avancées comme des évidences et cependant sans fondement.
Car sa cliente est née dans une famille catholique et fut baptisée, les archives le prouvent.
Car ses parents, s'ils avaient été des migrants (juifs ou pas, d'ailleurs) auraient été fichés et mis en dossiers par la Police des Etrangers dès leur arrivée en Belgique (documents dès lors consultables à l'actuel Office des Etrangers).
Car ce n'est pas "gloser" que de révéler l'identité réelle de l'intéressée. D'ailleurs, c'est notamment en taisant cette identité que l'écrivaine supposait éviter de voir éclater la vérité.
Car si elle fut "élevée", ce n'est certes pas dans une culture juive.
Car, sauf confusion entre "juif" et "israélite", Mme De Wael n'est pas fille d'une mère juive et donc n'est pas juive de naissance. Sa religion actuelle ne concerne évidemment que sa conscience.
Car une même personne peut se révéler être à la fois victime mais d'une intégrité sujette à caution.
Car la souffrance d'une personne ne peut représenter un obstacle à la manifestation de la vérité.
En argumentant, Me Uyttendaele commet une erreur historique de dimension, une de plus si l'on pense à sa cliente... N'écrit-il pas :
- "Madame DEFONSECA se souvient que ses parents refusaient de porter l’étoile jaune et d’assumer publiquement leur appartenance à la communauté juive. Il est hors de doute, cependant, qu’ils étaient bien juifs."
Or, à s'en tenir à la version de l'intéressée, ses parents furent arrêtés et déportés en 1941. Problème !!! L'ordonnance allemande sur le signe distinctif des juifs : "Judenverordnung : Verordnung über die Kennzeichnung der Juden" a été prise le 27 mai 1942. Il n'y avait pas d'étoile jaune en Belgique au long de l'année 1941.
De plus, ni ses parents, ni "Misha" elle-même, n'ont de dossiers au Service des victimes de la guerre à Bruxelles et ce, en tant que juifs persécutés. Enfin, répétons que les parents ne furent pas individuellement mis sur fiches par le SD afin de les déporter en tant que juifs. Et que leurs noms sont absents des listes de convois partis de Belgique avec des juifs à exterminer en tant que tels."
(P. 219, blog du Judenlager des Mazures).
Fin de journée, coup de théâtre, Misha Defonseca - Monique De Wael jette le masque :
- "Misha Defonseca, l'auteure contestée du livre « Survivre avec les loups », admet, dans une communication au « Soir » que l'histoire de son épopée à travers les forêts d'Europe qu'elle aurait parcourues en 1941 avec une meute de loups n'est qu'une œuvre de fiction, pas un récit autobiographique comme elle le prétendait depuis dix ans."
(Le Soir, 28 février 2008).
Ainsi, elle n'était pas juive. Ses parents n'avaient pas été déportés parce que porteurs d'une étoile jaune. La gamine n'avait jamais pérégriné à travers une Europe dévastée par la Seconde guerre mondiale. Des loups compatissants ne sauvèrent jamais l'enfant. Son histoire pollue gravement la Shoah plutôt que d'en mettre la compréhension à la portée des enfants.
L'écheveau des mensonges se trouva démêlé principalement par Géraldine Kamps (Regards), par Maxime Steinberg et par un journaliste du Soir, Marc Metdepenningen dont les articles sont à la base de l'abandon spectaculaire du 28 février. Respecté pour d'autres articles retentissants sur l'extrême droite et sur la justice en Belgique, celui-ci va recevoir une avalanche de commentaires incroyablement haineux sur le site même du Soir. Quant à ma modeste contribution, elle me vaudra d'être ensuite "barré" d'une double émission radio devant être consacrée à mes recherches ainsi que d'une publication. Le journaliste à l'origine de ces propositions, animait aussi les conférences de la faussaire...
Du moins croyait-on jusque-là que les parents de la faussaire étaient néanmoins des héros car effectivement envoyés en Allemagne et mis à morts en qualité de résistants.
2 mars, Marc Metdepenningen, fait éclater une dernière vérité :
- " La réalité est aussi dramatique que la fiction mise en scène par l'auteure belge Misha Defonseca. Le père « juif et déporté » décrit dans son récit pseudo-autobiographique Survivre avec les loups, dont elle avait été contrainte jeudi dernier d'avouer la fausseté après que Le Soir lui eut présenté des preuves irréfutables de ses mensonges, n'était en fait qu'un « traître » et non un résistant mort fusillé au camp de Sonnenburg comme on le croyait jusqu'à présent (…).
Misha Defonseca nous confirmait jeudi avoir été dans sa jeunesse appelée « la fille du traître » :
- « Parce que mon père était soupçonné d'avoir parlé sous la torture à la prison de Saint-Gilles. »
Ce n'est pas à Saint-Gilles que Robert De Wael a retourné sa veste, mais bien à Cologne où la Gestapo, en échange de ses aveux et de la dénonciation de ses camarades de la Résistance, lui permit d'être une ultime fois ramené à Bruxelles où il obtint de rencontrer sa fille Monique (alias Misha) en prison avant de dénoncer ses compagnons auxquels il fut confronté, assistant ainsi les nazis dans le démantèlement du Groupement des Grenadiers {réseau de résistance}."
(Le Soir, 2 mars 2008).
Maison communale (Mairie) de Schaerbeek.
Plaque commémorative avec les agents communaux victimes des nazis. L'espace martelé correspond au nom du père de "Misha Defonseca", De Wael Robert. Nom retiré quand furent connues les preuves de sa trahison (Graph. JEA / DR).
Ainsi devrait se clore l'histoire d'un triste et lamentable gâchis. d'un faux littéraire, d'une tentative de manipulation commerciale sur base de la Shoah. Avec une Véra Belmont trompée.
Hélas, la critique du Monde le 16 décembre dernier entretient encore un doute en retenant le mot "épopée" pour cette "captation de mémoire" (M. Steinberg) !
19 commentaires:
par chance on ne s'en est pas trop servi pour mettre en doute la réalité du drame réel des vraies victimes
@ brigetoun
Vous avez raison : c'était une autoroute ouverte aux négateurs...
J'avais suivi un peu cette "polémique" sur la "vérité historique".
Ce qui me met mal à l'aise, c'est l'exploitation de la judaïté comme porteur de message et argument commercial, l'auteure l'avait compris et a décidé de mettre le paquet, c'est sans doute maladroit de sa part, elle devait bien imaginer que son histoire à travers cette enfant était cousue de fil blanc.
Je trouve qu'on a beaucoup trop tendance aujourd'hui à vouloir susciter compassion et empathie pour justifier ou manipuler. Cela me dérange que l'on oriente toujours cette compassion dans la même direction, alors qu'il existe de la souffrance actuellement dans le monde que l'on tait, occulte ou minimise. Finalement, l'information est aussi le pouvoir des nantis. A nous de garder un sens critique affiné.
@ Saravati
Vous écrivez à juste titre : "une histoire cousue de fil blanc"...
Il n'empêche qu'elle fut traduite en plus de 15 langues. Et que parmi les arguments de vente figurait une phrase favorable d'Elie Wiesel, ancien déporté, prix Nobel...
Paul Hermant le souligna : cette littérature "populaire" a été hélas négligée notamment par les historiens et ce, pendant des années. Il fallut le passage de l'écrit au cinéma pour que les affirmations de Mme De Wael soient enfin passées au crible de la critique historique et s'effondrent.
Si je ne trahis pas sa pensée, Paul Hermant s'interrogea sur cette forme d'"élitisme" qui conduirait à négliger par principe un best-seller, laissant celui-ci occuper la scène du succès commercial alors qu'il n'est qu'un faux de A jusqu'à Z...
Qu'un document soit de fiction est une chose mais qu'il affirme être une vérité ... Mais ce livre est-il devenu best seller parce qu'il semblait raconter une vérité émouvante ?
S'il est bien écrit, c'est une chose et que des milliers de personnes aient eu du plaisir à le lire, tant mieux. Que ces lecteurs aient été trompés, mais ce sont des adultes et l'histoire et le film encore plus) pêche par manque de plausibilité.
Mais que Vera Belmont ait été bernée en utilisant sa sensibilité et son histoire personnelle pour l'inciter à faire un film, ça, je trouve vraiment navrant. (le film est vraiment exagéré dans son caractère misérabiliste)
Reste à se poser la question si Misha Defonseca n'est pas mythomane ...
@ Saravati
Le livre était - quand il ne l'est pas toujours, voir internet - présenté aux lecteurs en ces termes :
- "Dans cet ouvrage autobiographique, l'auteur raconte son enfance pendant la Seconde Guerre Mondiale. Petite fille juive, elle est recueillie par une famille belge après que ses parents aient été arrêtés par la Gestapo. Mais ceux qui la cachent étant sur le point de la livrer aux nazis, la petite Misha décide de fuir. Recueillie par des loups, dans une Europe à feu et à sang, Misha découvre la violence des hommes et l'humanité des bêtes. Au terme de son périple, elle retrouve le monde de ses semblables. Parvenir à y vivre sera une nouvelle épreuve."
L'ouvrage est donc bien affirmé "autobiographique". Avec sa suite de mensonges aux plus lourds les uns les autres...
Les lecteurs sont trompés dès cette présentation.
Quand un escroc fait rêver des milliers de personnes pour des raisons financières, il n'en reste pas moins un escroc.
Ici ce qui relève du "Shoah-business" a atteint des sommets !
Edifiant ! J'avais un peu suivi cette affaire et je m'étonne qu'on ose encore aujourd'hui entretenir l'illusion.
Hélas aujourd'hui - "du moment que ça rapporte"...
@ Tania
Pour respirer un air littéraire moins frelaté... votre blog (voir liens) !
Cette affaire m'avait beaucoup choquée en effet. On se demande comment l'ouvrage a pu être traduit en 15 langues sans plus de précautions.
@ Danièle Duteil
Un effet boule de neige dans les ventes ?
Pour un air littéraire échappant aux lois du marché... votre blog (voir liens) !
La bande-annonce du film m'avait déjà semblé un beau racolage, et je découvre donc ici l'entreprise qui a surfé sur l'imposture originelle.
Une fausse fiction, en quelque sorte.
@ D. Hasselmann
La bande annonce n'a pas été modifiée :
- http://www.youtube.com/watch?v=_rpTmurMe9U
Elle affirme toujours : "d'après l'histoire vraie de Misha Defonseca"...
Je me souviens très bien de ce livre que j'avais pris au hasard en attendant un train. Au hasard, parce que, comme souvent, en matière d'actualités cinématographique, c'est trois trains de retard que j'ai.
Je l'ai donc ouvert d'un œil parfaitement candide.
Mon ahurissement devant l'accumulation de grossières contre-vérités m'a poussée un peu plus tard sur le net où je j'ai découvert l'accusation de supercherie, notamment relayée par une association de sauvegarde du loup.
D'ailleurs parfois plus choqués qu'on mente sur le loup que sur la possibilité d'entrer et sortir à volonté du ghetto de Varsovie, mais bon. Il sont raison finalement, la vérité ne se marchande pas.
Littérairement, c'est une daube. Présenté sous forme de fiction, à part les collections tire-larmes jetables, personnes n'en aurait voulu. Ça n'a dû son succès qu'à sa presentation en histoire emblématique.
Vous confirmez un des points qui me semblaient probables, à savoir que cette mythomanie s'était édifiée sur la nécessité d'évacuer la culpabibilité d'avoir un salaud pour père. Encore que, si je décernerais ce titre à un collabo ou un milicien, j'aurais préféré qu'on dise à cette petite fille, que parler sous la torture, ça ne déshonore que celui qui torture.
Je vous embrasse
Cette auteur à succès ne serait-elle pas un peu malade ?
C'est stupéfiant cette imposture.
Il faut sans doute être fou pour arriver à gruger de manière apparemment si grossière ( je n'ai ni vu le film, ni lu le livre). Par contre j'en avais bien sûr entendu parler.
Je trouve intéressant ce qui est relevé dans votre billet : un certain élitisme des historiens qui les détournent de ce qui est servi à lire au plus grand nombre.
Voilà un continent et plusieurs océans de traques en tout genre...
@ anita
ainsi que vous le soulignez, l'injure n'est pas de mise
concernant le père,
celui-ci a suivi une ligne de conduite observée auprès d'une minorité de celles et de ceux qui ont parlé sous la peur, sous la contrainte : à savoir se vautrer littéralement dans la trahison, dépasser les demandes et les attentes des nazis
ceci enregistré, les rescapés de son groupe de résistants ne lui ont pas pardonné d'avoir "donné" et fait tomber ses camarades
quant aux historiens, ils se gardent bien de "juger"
@ sylvie
Anita propose une piste de compréhension que je partage sur la mythomanie de Mme De Wael.
Vous évoquez "l'élitisme" des historiens. Si vous le permettez, j'y ajouterais une certaine lassitude devant des succès liés au Shoah-business alors que la déontologie et la critique avaient déjà conduit à révéler un autre faux tel celui-ci :
- Binjamin Wilkomirski et son livre "Fragments - Une enfance, 1939-1948"...
J'ai vu ce film "exagéré". J'ai suivi la polémique après, que j'ai trouvée plus interpellante que l'histoire en soi. Comment et pourquio en arrive-t-on à se bâtir un passé qui n'est pas le sien ? Les questions que posent Anita à ce propos sont très intéressantes.
Pourvu que "l'illusion" soit complètement enrayée, par respect pour la vérité et les réelles victimes. Dans le cas contraire JEA, vous craignez que cela pourrait servir la cause des négationnistes, ce qui est encore un plus grand mal, à venir.
@ MH
Sincèrement, la première pensée va aux vraies victimes de la Shoah. Aux enfants raflés parce que juifs. Et qui ne revinrent pas. Ou furent cachés pendant des années de judéocide...
Pensée aussi pour les vrais résistants qui perdirent la vie et à leurs orphelins.
Pensée pour les civils pris en otages, morts sous les bombes...
Se maquiller en victime alors qu'il y en eut tant et tant d'authentiques, c'est hélas aussi porter atteinte à leur mémoire.
Puis, comme vous l'évoquez, il y un autre versant. Celui des négateurs qui n'ont toujours pas admis la chute d'un IIIe Reich promis à 1000 ans de dictature. Ceux-là nient les plus énormes évidences. On risque de leur donner du grain à sulfater en mettant sur le marché un soi-disant "biographie authentique" de soi-disant petite juive... On les entend raisonner : "si celle-ci est fausse, qui dit que les autres sont vraies ?"
Cette histoire est bien regrettable, mais si les négationnistes ne sont pas
convaincus de la Grande "Histoire" qui elle est bien réelle, il y a
suffisamment de documents vrais qui n'ont pas été inventés. Je leur
conseille d'aller voir le film "LA RAFLE", qui a un énorme succès, 1000000 d'entrées. Peut-être changeront-ils d'avis, ce qui m'étonnerais, car des "POURRIS" restent des POURRIS.
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