Affiche du film de Luc Decaster (DR).
"Une oeuvre poétique
sur l'engagement politique"
de Françoise Verchère...
Encore un de ces films dont il ne risque pas d'être redondant de les accueillir spontanément sur une page de blog.
Une année de tournage pour comprendre de l'intérieur pourquoi et comment une femme donne le meilleur d'elle-même à des idéaux politiques. Car ces derniers mots ne sont pas du papier mâché ni des miroirs aux alouettes. Madame Verchère le prouve sans effets de manche ni démagogie. Mais elle y perdra tant de ses belles illusions. Sincère, meurtrie si profondément.
Je dédie aussi ce billet à celles et ceux qui choisissent l'abstention ou la laisse choisir pour eux... Celles et ceux qui ont décidé que "les politiques, c'est tous les mêmes, il n'y en a pas un(e) qui sorte du lot..."
Synopsis :
- "Ce film documentaire sur grand écran propose de suivre durant plus d’un an le cheminement d’une élue, Françoise Verchère, maire et vice-présidente du conseil général de Loire Atlantique chargée de l’environnement.
Entre les réunions kafkaïennes avec des technocrates, une occupation anti-OGM ou un débat houleux sur un parc éolien, dans un rapport singulier avec le réalisateur, l’élue livre ses réflexions, évoque ses désirs comme ses déboires."
Luc Decaster :
- "Je la connais depuis 6 ans. Françoise est la femme d’un ami d’enfance. Je logeais parfois chez eux. « Etat d’Elue » est d’ailleurs dédié à cet ami qui a été emporté par la maladie.
Au départ, je voulais faire un film sur ses dix derniers jours en tant que maire de Bouguenais, histoire de garder une trace. Mais après ces dix jours, j’ai continué à la suivre au bureau, lors de ses réunions ou chez elle. Il y avait matière à faire un film plus long et j’ai tourné pendant un an.
La particularité du film, c’est qu’il est basé sur un rapport de confiance. Françoise s’est confié à un ami pas à un journaliste ou à un réalisateur.
(télénantes, interview par Benoît Balth, 8 mars 2010).
Françoise Verchère :
- "Si je n’étais pas toujours persuadée que le système dans lequel on vit est injuste (…) et qu’en plus il est en train de mettre en péril la planète, je crois que j’aurais arrêté.
(…) Les convictions de base sont toujours là. Ce qui a changé, c’est l’illusion que je peux peut-être changer quelque chose."
Nicolas Hecht :
- "Loin de réaliser un film militant, Luc Decaster livre une oeuvre poétique sur l'engagement politique. Celui de Françoise Verchère, une élue affranchie des étiquettes de partis depuis son retrait du PS en 2005, qui remporte désormais les suffrages sur son nom et ses convictions.
On suit donc une année d'exercice politique, d'un salon agricole à un marché de village, entre luttes de chaque jour et dialogue avec les électeurs, confessions idéologiques et confidences personnelles. Cette dimension privée, centrale, permet aussi au réalisateur de brosser le portrait d'une femme se livrant sans fard, souvent dans des lieux intimes (sa maison, celle d'amis, des lieux qu'elle affectionne) et parfois sur des sujets tout à fait personnels, comme le décès de son mari et sa solitude relative. De quoi redonner un visage et surtout une voix à ce métier de la parole.
Si l'intention est louable, le traitement du sujet demeure plus discutable. De nombreux plans “tremblés” dans une voiture et le montage parfois abrupt évoquent plus un numéro de "Strip-tease" un peu long qu'un documentaire de cinéma.
"Etat d'élue" vaut d'abord comme témoignage d'un parcours politique fuyant les compromis, et remet du baume au coeur à ceux qui se demandaient encore s'ils participeraient au prochain scrutin. A voté."
(evene.fr, 10 mars 2010)
Extrait du film (DR).
Thomas Sotinel :
- "Ce film intime, élégant, met en scène des situations qui échappent la plupart du temps, non seulement au cinéma mais aussi au journalisme. Son héroïne réticente se tient au seuil du pouvoir. Elle a certes gouverné sa petite ville, mais on la découvre au moment où elle renonce à ce mandat, annonçant sa démission avec une franchise déconcertante : elle a peur de l'habitude de l'exercice du pouvoir (de dire "ma ville", "mes administrés") mais aussi parce qu'elle a perdu son compagnon.
Ce deuil récent, simplement énoncé et jamais exposé, fait planer un nuage de mélancolie sur le film. Françoise Verchère en porte d'autres, moins cruels, plus largement partagés : il lui faut vivre sa vie d'élue en portant toutes les désillusions nées de l'exercice du pouvoir par la gauche.
(…)
Au bout de ce film très doux, on se retrouve face à des questions cruelles, sur l'impuissance des politiques, sur la difficulté à vivre ensemble, un questionnement d'autant plus saisissant qu'il surgit dans des paysages idylliques, posé par une femme qui a mené une vie politique plutôt enviable."
(Le Monde, 9 mars 2010).
Karma Duquesne :
- "La politique pour Françoise Verchère, c’est sa passion, « la politique non politicienne », nuance celle qui a quitté le PS en 2005. Entre les fêtes agricoles, les conseils généraux, les réunions en petits comités, les lourdeurs administratives et la technocratie – qui a, selon elle, « trop de pouvoir » - , l’exercice prend des formes multiples. On la voit avancer le projet d’un parc éolien, défendre à travers la campagne les terres cultivables contre les stratégies mercantiles, réagir avec esprit aux diverses lettres reçues à son bureau de maire…
Les images livrent petit à petit le portrait d’une femme de 51 ans à bout de force, ayant dépensé une énergie folle pour servir « l’intérêt général » et qui tend à se recentrer sur ses douleurs privées."
(Libération, 10 mars 2010).
Avec nos remerciements à télénantes.
Thomas Sotinel :
- "Ce film intime, élégant, met en scène des situations qui échappent la plupart du temps, non seulement au cinéma mais aussi au journalisme. Son héroïne réticente se tient au seuil du pouvoir. Elle a certes gouverné sa petite ville, mais on la découvre au moment où elle renonce à ce mandat, annonçant sa démission avec une franchise déconcertante : elle a peur de l'habitude de l'exercice du pouvoir (de dire "ma ville", "mes administrés") mais aussi parce qu'elle a perdu son compagnon.
Ce deuil récent, simplement énoncé et jamais exposé, fait planer un nuage de mélancolie sur le film. Françoise Verchère en porte d'autres, moins cruels, plus largement partagés : il lui faut vivre sa vie d'élue en portant toutes les désillusions nées de l'exercice du pouvoir par la gauche.
(…)
Au bout de ce film très doux, on se retrouve face à des questions cruelles, sur l'impuissance des politiques, sur la difficulté à vivre ensemble, un questionnement d'autant plus saisissant qu'il surgit dans des paysages idylliques, posé par une femme qui a mené une vie politique plutôt enviable."
(Le Monde, 9 mars 2010).
Karma Duquesne :
- "La politique pour Françoise Verchère, c’est sa passion, « la politique non politicienne », nuance celle qui a quitté le PS en 2005. Entre les fêtes agricoles, les conseils généraux, les réunions en petits comités, les lourdeurs administratives et la technocratie – qui a, selon elle, « trop de pouvoir » - , l’exercice prend des formes multiples. On la voit avancer le projet d’un parc éolien, défendre à travers la campagne les terres cultivables contre les stratégies mercantiles, réagir avec esprit aux diverses lettres reçues à son bureau de maire…
Les images livrent petit à petit le portrait d’une femme de 51 ans à bout de force, ayant dépensé une énergie folle pour servir « l’intérêt général » et qui tend à se recentrer sur ses douleurs privées."
(Libération, 10 mars 2010).
Avec nos remerciements à télénantes.
16 commentaires:
Un film qui tombe à point ou à pic, alors que tout le discours dominant voudrait nous faire croire que les élections régionales de dimanche prochain n'auront "que" des "conséquences régionales", c'est-à-dire pas importantes en fait, refrain précautionneux devant la défaite annoncée pour la droite.
Les abstentionnistes sont ceux qui, au café de la Poste (privatisée à moyen terme), hurlent contre les impôts, la TVA, le prix de l'essence, les profits des banques et entreprises du CAC 40, et qui, lorsque l'occasion démocratique leur est donnée de marquer leur opposition à une politique de régression sociale constante, dont ils sont les premières victimes, préfèrent rester chez eux à regarder Michel Drucker à la télé, sous prétexte que "tous ces politiciens, c'est blanc bonnet et bonnet blanc".
Merci d'avoir parlé de ce film : ne pas s'abstenir d'aller le voir !
@ D. Hasselmann
En Belgique, le débat est inverse.
Avec le vote obligatoire, impossible d'affirmer par exemple : "La Wallonie veut, dit, pense..." alors que près de la moitié des Wallons n'auraient pas été déposé leur choix dans les urnes.
Par contre, des "libéraux" poussent actuellement vers un alignement sur la France et son vote facultatif...
Personnellement, je n'ai pas oublié - question de génération - les vraies luttes pour obtenir le suffrage universel, donc aussi celui des femmes. Ce n'est pas pour se laisser tomber maintenant dans le jemenfoutisme et le repli sur son mouchoir égoïste.
malheureusement le genre de film que les yaquabonistes n'iront pas voir, même s'il était par miracle bien distribué.
Et ensuite ils râleront contre ceux qui les gouvernent
@ brigetoun
télénantes semble avoir rempli pleinement son rôle et de service public et de télévision de proximité dans la diffusion de ce documentaire...
ailleurs, il doit être parcimonieusement projeté (voir Libé et le Monde), ne serait-ce que sous le rpétexte qu'il n'est pas assez "commercial"
puis il est vrai que sur des antennes nationales, ce serait au mieux vers 2h du matin...
restent les circuits associatifs : à vos écrans, citoyens (masc. gram.)
@ la feuille Charbinoise
à ne pas rater, un "florilège" de penseurs abstentionnistes sur cette feuille épatante :
- http://www.dometlydie.com/charbinat/?p=3892
(voir liens, colonne de droite)
En Belgique le vote est obligatoire (et c'est génial JEA) mais cela n'empêche pas vraiment le désintérêt profond du citoyen ! L'idée que la politique est 'blanc bonnet et bonnet blanc' ou 'tous pourris' se généralise dangereusement comme s'il y avait d'un côté les 'partis' et de l'autre côté les gens.
@ MH
Un fois posé que le vote peut être un devoir civique...
restent ces maladies chroniques des démocraties
les préférer aux remèdes expéditifs et sanglants des dictatures ne suffit évidemment pas...
dans ce film, Françoise Verchère le rappelle : si les politiques émanent de la population et en donnent des reflets pas toujours brillants, l'inverse n'est-il pas vrai ?
Merci pour le lien vers le florilège de textes pro-abstention que j'ai publiés cette semaine dans "la Feuille Charbinoise". J'apprécie énormément les interventions de JEA dans les débats, car, même si nous avons, de toute évidence, quelques désaccords, son honnêteté encourage les discussions. Je vais donc grincer des dents, suite à ce billet dans Mot(s)aïques mais pas trop fort pour ne pas fatiguer les oreilles sensibles... !
Désolé d'émettre une note dissonante dans ce concert pro-électoraliste, mais perso je n'irai pas voter dimanche. Je n'obéis pas aux directives de l'UMP. Je ne critique pas la TVA au café du coin (je serais même d'accord pour payer plus d'impôts sur le revenu si je pouvais intervenir sur la façon dont ils sont utilisés - ce qui n'est pas le cas, ni à droite ni à gauche). Je ne pratique pas la pêche à la ligne. Je ne me réfugie pas derrière le "tous pourris", bien que je pense que quelques moutons blancs ne servent pas à redorer l'image du troupeau. Je refuse purement et simplement de jouer au 421 avec des dés pipés.
J'ai un ami qui a été conseiller municipal pendant des années et qui a fini par renoncer écoeuré. J'ai un autre ami qui a joué un rôle clé dans la lutte contre l'implantation de la centrale de Malville ; il n'a jamais voulu jouer un rôle dans l'écologie de salon... Certains membres de ces comités Malville sont devenus des "huiles", lui a préféré rester dans l'ombre. Il a plus rendu service à la cause pour laquelle il luttait que les Brice Lalonde et autres pourris qui se sont servis des luttes des autres pour se tailler leur propre blason.
Quant à ceux qui se sont battus pour obtenir le suffrage universel et patati et patata, s'ils voyaient ce que le capitalisme triomphant en a fait de leur rêve flamboyant, je pense qu'ils en seraient malades.
Je respecte vos choix, mais ne prenez pas tous ceux qui ne voteront pas dimanche pour des "apolitiques" bêbêtes et bornés. Les émissions de Michel Drucker ne sont vraiment pas ma tasse de thé et je ne regarde que très rarement la télé. J'ai d'autres activités nettement plus enrichissantes. Le pourcentage de ceux qui s'abstiennent par conviction est plus élevé que ce que vous croyez. En complément des quelques textes que j'ai sélectionnés sur mon blog, je vous invite à aller lire les réflexions de Fabrice Nicolino sur les élections par exemple. Un lien direct sur un texte plutôt incisif : http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=823
ou bien
http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=815
Je ne suis pas d'accord non plus sur toutes les positions de Nicolino, dont le radicalisme donne parfois envie d'acheter une corde et de se pendre, mais je trouve que les arguments qu'il avance sont loins d'être idiots aussi !
Bon vote dimanche, et tant mieux si votre liste préférée améliore ses scores de 1, 2 ou 3 % mais évitez, s'il vous plait, les schémas réducteurs, concernant les abstentionnistes !
@ La Feuille
Vous avez raison : quand les stats donnent 50% d'abstentionnistes aux élections européennes, ces 50% ne sont en rien monolithiques.
S'il en est qui étouffent dans un trop peu de vie et n'y croient plus, d'autres ne voient peut-être même pas clair dans les enjeux des régionales. Et il y a aussi les nombrilistes obstinés. Puis les piliers antidémocrates.
Merci à vous d'avoir élargi les questions échangées en apportant des voix autres, celles de citoyens (masc. gram.) prenant leurs responsabilités, assumant leur refus de voter, avec leur lucidité respectable.
Par contre, j'eus tort de glisser vers une focalisation sur l'abstention. Le film est plus riche en contenu, plus large. Par cette confrontation brisante entre une honnête femme, entre ses engagements humanistes et les réalités des carcans politiques...
Le suffrage universel enfin digne de ce nom (soit ouvert aux femmes) dut attendre les suites de la seconde guerre mondiale. Ce n'est pas si loin. D'ailleurs le Parlement français reste toujours un huis clos quasi masculin. Ne parlons pas de vrais niveaux de pouvoirs.
Aussi voir dans ce docu comment une Françoise Verchère a tenté de faire progresser même millimétriquement la société, me semble proposer des raisons de ne pas totalement désespérer. Au bout du rouleau, cette élue croit encore à des idéaux. Et c'est beau !
Au fait, j'ai oublié... Moi aussi j'ai un petit film à vous proposer. Il va sortir en salle bientôt. Le 24 je crois... A ne pas manquer avant d'aller voir "Louise Michel" en avril. Ça s'intitule "Bernard sans dieu ni chaussettes" (désolé, je ne sais pas comment mettre le joli A cerclé de Bernard).
Voici le lien de présentation (bande annonce). Bernard, ça serait bien mon genre, mais je suis un gros poil plus jeune quand même !
le lien :
http://www.lesmutins.org/bernardnidieunichaussettes/
amicalement
Paul
@ La Feuille
tant pis de répondre sur le plan émotif, mais la bande annonce est très craquante (contenu évidemment mais aussi les lumières, les atmosphères...)
si vous acceptiez de présenter ce film en "page nomade" ici, ceci ressemble terriblement à une invitation
Paul, si vous êtes un gros poil plus jeune que ce Bernard nullement ermite, par contre, je n'en dirai pas de même...
Euh... Gros poil... J'ai un peu exagéré (il est doux de se bercer d'illusions). J'attends de pouvoir aller voir le film pour en parler plus en détails. D'après ce qui est dit sur le site des mutins, le seul cinéma où il est programmé dans mon coin c'est le "comœdia" à Lyon. C'est pas encore gagné... 60 bornes pour aller au ciné. Mais sur le principe d'une chronique nomade, j'accepterais volontiers ! On en reparlera...
@ Le Canard enchaîné
Ne recevant pas le Canard avant le samedi, j'y lis à propos d'"Etat d'élue" :
- "Ce portrait d'elle, dressé par Luc Lancaster au moment où elle quitte la politique, réconcilie avec la politique : oui, on peut, nien qu'étant chaque jour dans le concret, donc dans le compromis, rester pêchu, lucide, combatif !"
@ Jean Ferrat
La vidéo du "Temps des cerises"
a été retirée pour laisser ce poème d'Aragon :
- "J'arrive où je suis étranger"
être encore chanté par Jean Ferrat.
Le courage est une denrée rare !
Courage aussi envers soi-même et ses convictions profondes. Courage de reconsidérer son engagement politique dans le cadre d'un parti qui n'a plus de gauche que le nom (c'est général en Europe : la gauche s'est effilochée complètement).
Au travers des témoignages, cette femme me semble d'une sincérité émouvante et ce film qui la salue est un bel hommage.
La politique devrait plus souvent se parer de tels habits d'humanité !
Merci Jean Emile pour cette présentation. J'ai souvent été tentée par l'engagement politique et ce qui m'en a "préservée" c'est sans doute d'avoir su que je serais vite désepérée ou violente. J'ai plutôt opté pour du direct si je puis dire.
Et tout en étant très proche des analyses de Paul, j'irais voter parce que le silence ouvre un boulevard à nos ploutocrates qui pensent qu'il vaut pour un blanc seing. Et ça c'est insupportable!
Enregistrer un commentaire