Vendredi 5 mars
à la Foire du Livre
Laurence Thirion dédicace
entre 20h et 22h
ses "Absences"...
Elle a marqué la centième page de ce blog (11 avril 2009). Pour son premier roman (depuis, un troisième s'ébroue sur son écritoire). A la présentation rédigée alors, quelques variantes...
Deux années durant, Laurence fut élève de l'une mes classes cherchant la sortie vers le haut. Et plus encore, embarquée comme louve de fleuves sur une péniche dont nous hissions le pavois pour marquer la fin des examens. Pour deux navigations illustrant la "douceur mosane" et pour une échappée en pays parallèle de Loire.
Elle lisait comme d'autres respirent. Tête dans les nuages des pages. Se glissant sur l'eau complice, Παντα ρει και ουδεν μενει. La péniche se métamorphosait en bateau livre.
Jusqu'à cette fête de la musique, dans un Charleville méconnaissable et complice du fleuve. Elle disparut vraiment. Partie à la recherche d'un Rimbaud peut-être de retour, incognito, redevenu inspiré, encore plus désespéré.
En résumé, en notre Athénée héritier de trois siècles, sa classe s'agitait quand il s'agissait de sortir des cours un peu trop courts. Son appétit juvénile demandait aussi que soit mis au menu le Boris Vian du Goûter des généraux...
Depuis, j'ai quitté l'enseignement à reculons. Elle y est entrée par la grande porte. Il nous arrive encore d'accoster volontairement aux mêmes rives. Le temps d'apprendre comment les temps ne nous épargnent pas. Mais là n'est point l'essentiel. Car si elle photographie, peint, cuit ses poteries, elle écrit et même publie. Pour, à son tour, offrir à ses livres à de futures louvettes, elles qui pousseront d'autres fleuves à quitter leur lit.
Cette présentation personnelle n'a certes pas la rigueur du quatrième de page de son premier roman. Quand sa maison d'Edition "cadre" Laurence :
- "Née à Bruxelles en 1978, romaniste et professeur de français, Laurence Thirion enseigne depuis dix ans. Elle a principalement travaillé dans les Hautes Ecoles de Tournai, Namur et Liège.
Mère de deux petites filles, elle vit actuellement dans la région namuroise, en Belgique.
"Absences" est son premier roman."
Laurence Thirion (DR).
De ce premier roman, Laurence Thirion propose quelques extraits. Comme des feuilles volantes qui vous traceraient un itinéraire hors des sentiers battus et aboutissant à la Foire du Livre où Laurence décapuchonnera pour vous son stylo, vendredi prochain, entre 20 et 22h...
- "Etre heureux n’était finalement qu’une règle de vie à se donner, ce n’était qu’une habitude à prendre.
La vie lui souriait, il ne fallait plus penser aux tristesses accumulées en cinquante-sept ans d’existence, seul comptait le présent, si fugitif…
Profiter de ce bruit de torrent, de la fraîcheur que ses éclaboussures procurent à la peau, s’émerveiller des couleurs d’un coucher de soleil ou des brumes des petits matins. Respirer les odeurs de thym et de lavande, écouter le chant des cigales."
(P. 65).
- "Il ne vit pas le temps passer, il s’était laissé aller à la contemplation : un lézard sur une pierre, la rivière et son cours fluctuant, les nuages qui mêlaient la couleur de l’ardoise au blanc immaculé…
A partir de ce jour-là, Michel avait senti qu’il guérissait, que son chagrin s’éloignait, que la vie, enfin, reprenait le dessus.Ce n’est pas qu’il oubliait, non, mais il contemplait à nouveau le monde et cela le réconciliait avec la vie…"
(P. 66). Laurence Thirion, Absences, Ed. Memory Press, Tenneville, 2009, 127 p.
Couverture : toile de l'auteur à La Roque (DR).
- "On ne retient pas les morts, quoi que l’on fasse. Si la tristesse reste intacte néanmoins, l’instinct de survie la range dans un coin de notre cerveau et la ressort parfois à l’improviste comme un livre familier que l’on feuillette de temps à autre et qui trouve sa place dans la bibliothèque de notre vie. La poussière le recouvre, on le nettoie de temps en temps, le texte n’a pas changé et l’émotion qui l’accompagne ne s’est pas émoussée malgré les années écoulées. Néanmoins, le sage choisit la vie et sait que cette lecture est contraire au bonheur. Il s’impose donc de ne lire ce récit que très rarement quand il se sent la force de supporter ses larmes et cette absurdité.
(…)
Paul est mort, la rivière coule toujours, limpide et belle, le soleil s’émerveille de cette beauté et les lézards se pâment sous son éclat.
Si Michel ne profite pas de ces instants, ce tableau idyllique ne sera pour personne. La vie doit triompher, rien ne sert de la traîner jusqu’à son agonie, dans la morosité et les regrets.
Il ne trahit pas Paul s’il choisit de vivre, il le continue !"
(Pp. 68-70).
Portrait de Laurence Thirion, pour la reconnaître sans hésitation si vous vous rendez à la Foire du Livre (Mont. JEA / DR).
10 commentaires:
joie de l'ancien professeur ?
@ brigetoun
là, il n'y a pas photo...
Bel hommage. La couverture est bien choisie.
@ Anna de Sandre
Pour la couverture, il est à craindre que celle-ci ne soit reproduite ici qu'assez approximativement (avec les pertes de générations entre l'original, le scanner, mon ordi, blogspot...).
Au passage, que répéter sinon que plus de trente éditeurs vous ayant dédaignée, ceux-là s'en arracheront les ongles un jour à venir.
Un passeur se réjouit - quelle belle présentation de Laurence Thirion !
Cela fait des années que je ne vais plus à la Foire du Livre, mais c'est tentant.
@ Tania
Vous l'avez illustré sur votre blog, pudiquement mais avec quelle émotion, ces échanges d'estime réciproque, empreints d'humanisme, qui se tissent parfois entre membres d'une même communauté éducative...
Si jeune et déjà avoir compris cette règle de vie, quelle maturité ! Il est vrai qu'elle a été à bonne école... je ne vais pas à la Foire du livre mais j'achèterai ce livre dont la couverture m'est si familière ;-)
@ MH
Venant d'une femme de pinceaux et de couleurs et de matières, le salut de la couverture signée par Laurence Thirion n'en a que plus de valeur...
Encore une élève "sculptée" par vos cours. Décidément, un parfum d'écriture se propage aux alentouts de vos classes !
Je ne crois pas trop à l'effet du hasard !
@ Saravati
Deux pour des milliers d'autres élèves. Je ne suis pas fan de statistiques, mais ici encore moins.
Néanmoins je sais avoir proposé des cours nullement figés et encore moins ex cathedra. Et quand ils ont été interrompus par un accident de santé, il est vrai que des classes entières ont manifesté leurs frustrations. Pas vraiment comprises par le Préfet des Etudes de l'époque...
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