Ed. omnibus, 2004, 998 p.
Au nombre des 7 romans de ce volume :
Maurice Clavel,
Le jardin de Djemila.
La France présenta un cancer qui mobilisa plus de deux millions des siens pour une guerre dont elle n'osa prononcer officiellement le nom que quarante ans après la fin des hostilités.
Nombre d'historiens la classent parmi les guerres "civiles" et même dans ce cas précis, évoquent une double guerre civile. Soit la reconnaissance et l'étude d'un conflit non seulement entre des Français et des Algériens. Mais encore entre Français favorables à l'indépendance de cette colonie et partisans de l'Algérie française d'une part, ainsi qu'entre le FLN et tous les autres mouvements nationalistes éliminés les uns après les autres, si ce n'est au sein du FLN lui-même...
Omnibus a rassemblé une anthologie que Guy Dugas présente en ces termes :
- "Pas de "simples divertissements littéraires", mais - comme le constate Dib dans la postface de Qui se souvient de la mer - "une expérience vévue, un engagement, un affrontement total."
Manière de nous distinguer de tout ce qui s'écrit depuis quarante ans, de tout ce qui ne manquera pas de s'écrire autour de la guerre d'Algérie. Rendons la parole à ceux qui pressentirent cette guerre, qui en vécurent les prémices, avant de la dire en la faisant, avant d'en vivre aussi les lendemains, toujours dans la violence et les désordres."
(Dire la guerre en la vivant, p. V).
7 romans se succèdent au fil des pages :
- Marcel Moussy, Les mauvais sentiments (première édition en 1954) :
"Usure d'un système inique, accumulation des petites vexations qu'il impose, rancunes et rancoeurs qu'il génère depuis des décennies, somme de ces malentendus, occasions ratées et "mauvais sentiments" patiemment accumulés au quotidien, sans même qu'elles s'en rendent compte, par les cimmunautés en présence."
(P. VI).
- Malek Haddad, La dernière impression (1958) :
"Choix délicat des civils indigènes ou Européens d'Algérie : faut-il dénoncer ou cautionner les exactions de toute sorte ; craindre ou admettre comme fait de guerre le terrorisme ambiant ?"
(P. VIII).
- Mohammed Dib, Qui se souvient de la mer (1962) :
"Les agressions et les calamités de toutes sortes qui s'abattent sur la cité n'empêchent pas le narrateur de partir en quête des siens, qu'il imagine réfugiés dans un monde souterrain."
(P. VII).
Georges Buis, La grotte (1961) :
- " La grotte (...) fait figure de personnage principal. (...) Image tout à la fois empruntée au réel des opérations militaires dans les djebels et recelant une valeur symbolique forte, plus ouverte sur l'avenir que l'image du pont, de l'arche, du barrage car lorsque l'arche ou le barrage rompent, rien ne peut plus endiguer les forces de violence, de destruction."
(P. VII).
Albert Bensoussan, Les bagnoulis (1965) :
- "Dans des profondeurs inviolées où les forces vives ont été préservées, s'imagine, sinon s'élabore déjà, un futur collectif."
(P. VII).
Mouloud Mammeri, L'Opium et le bâton (1965) :
- "L'évocation de la guerre y est faite sur le mode d'un réalisme socialiste. Malgré ses élans lyriques, il {l'auteur} décrit, selon un romanesque classique, dans une chronologie scrupuleuse des faits, un manichéisme évident qui nie bien des problèmes et des particularités du conflit."
(P. VIII).
Pour ce billet, a été retenu Maurice Clavel et Le jardin de Djemila (1958).
Maurice Clavel sur le plateau de l'émission "Apostrophes" de Bernard Pivot (Cadrage JEA / DR).
Michel Puech :
- "On ne cite Maurice Clavel qu’à propos d’un « Messieurs les censeurs bonsoir ! », une répartie lancée le 13 décembre 1971 en direct lors de l’émission « A armes égales » de la télévision pompidolienne.
Mais on oublie que ce résistant gaulliste de la première heure, chroniqua la société à travers les programmes télé au « Nouvel Obs » et polémiqua dans des fameuses tribunes en « rez-de-chaussée » de « Une » de feu « Combat » un quotidien dont le sous-titre « De la Résistance à la Révolution » suffit à expliquer la disparition.
Maurice Clavel, « le grand Maurice », était physiquement (...) un immense bonhomme volubile aux membres semblant démesurés, toujours en perpétuel mouvement. Jeune journaliste stagiaire, coupeur de dépêches AFP à « Combat », je le voyais gravir quatre à quatre les marches de planches de chantier qui servaient d’escalier pour atteindre la rédaction. Sous un bras, il semblait avoir ramassé en hâte, avant de partir de chez lui, tout ce qui trainait de livres, de dossiers et de papiers sur son bureau, de l’autre, il saluait tout le monde, balayeur, stagiaire ou directeur avec le même grand sourire lumineux. (...)
Dans le « Nouvel Obs » du 4 mai 1968, il écrit sous le titre "Enfin !" :
« A l’heure, où commencent les convulsions que j’annonce avec une sorte d’espoir depuis des années, il serait beau de faire devant ce début de déchainement la bouche en cul de poule du moraliste ! Croyait-on que la mort de l’homme se passerait entre Le Seuil et Minuit, je parle des éditions, en discours et métadiscours néo-platoniques ?.../… Enfin !... Oui, enfin. Depuis des années, j’avais peur, non pas de cela, mais du contraire : que tous ces jeunes gens se laissent digérer par le boa que vous êtes. J’avais peur qu’ils ne restent ces veaux que vous paissiez. J’avais peur lorsque tel ou tel me confiait : je vais faire ceci, cela, me marier, gagner tant… Foutu ! me disais-je, à moins d’Absolu intime… »
(Combat de Franc-Tireur pour une Libération, Ed. JJ Pauvert, 1968).
Signature de Maurice Clavel (Graph. JEA / DR).
Le jardin de Djemila (1958) :
- "S'affrontent, avec une égale sincérité en apparence, partisans de l'indépendance et Français d'Algérie."
(P. VIII).
Extraits (Choix forcément arbitraire. Alourdi par mon admiration pour un Clavel suivi si longtemps, si passionnément dans un Nouvel'Obs chaviré depuis. Dans ce jardin, la lecture se trouve soutenue par une écriture à la fois romanesque et journalistique, sans incompatibilités, que du contraire, apportant des éléments historiques avérés et des envolées imaginaires.
Les amis de Clavel au Mouvement National Algérien :
- "En eux semblaient revivre nos vieux révolutionnaires, dont il ne reste plus les noms désuets : Barbès, Blanqui - ces gens qui ont peu agi dans leur siècle, ayant passé en prisons bourgeoises trop de leur vie, sans rien semer plus loin, la liberté s'étant faite science et police. Mes amis étaient une insurrection étrange, d'un naturel que le dépaysement accusait (...). Ils parlaient ce langage républicain que cent ans de comices ont tant avili chez nous, mais leur zèle, la gravité de l'Islam, et jusqu'à leur prononciation de gorge - butant sur les mots longs, ils semblaient s'y prendre à deux fois par émerveillement et respect - lui rendaient un âge d'or."
(P. 216).
Ses amis (suite) :
- "Je les haïs, et ne pouvais pas les quitter. Ils me faisaient de plus en plus fête. Ecrivain, journaliste, j'avais colonnes ouvertes dans le seul journal libre - ou à peu près - du matin, et comme toute la presse avancée, en sa rage de vivre l'Histoire, les étouffait de silence, ils me remerciaient du plus petit mot sur eux. Je ne me supportais plus."
(P. 220).
Femmes :
- "Les femmes de son pays à bout de misère sortent de leur village, vont au bord d'un ravin et lancent au fond des peignes, des miroirs éraillés, des flacons, des cuillères ou des épingles, n'importe quoi où traîne un peu de lumière pour apaiser l'esprit du mal."
(P. 213).
Femme d'Algérie (Graph. JEA, les identifications des protagonistes ont été rendues volontairement impossibles / DR).
Les coloniaux :
- "Ils {les amis Algériens} se récrièrent tous : mes sentiments étaient trop connus ; les coloniaux m'envoyaient déjà par écrit tant de menaces, si j'allais dans leur tanière, je n'en réchapperais pas. Yves me confia que paras et ultras, au bar du Cintra, se communiquaient des listes de gens à abattre (1). Là, je me suis mis à rire et sans aucun air de gloire, pris au contraire d'un bonheur de modestie que j'étrennais. Je sus que j'avais toujours eu peur de m'aventurer chez les Algérois, comme j'avais eu peur ici d'un mauvais coup si je défendais mes amis, et que toutes ces peurs venaient de s'évanouir avec un petit air de miracle."
(P. 227).
Djemila :
- "Tout s'ordonnait : une coupure de presse, un bas de première page, encadré. Le titre : "Est-il exact ?", l'article, une vingtaine de lignes : une certaine Djemila avait été questionnée de telle manière, par nos troupes d'élite qui ramenaient le calme en Alger, qu'un soldat avait dû la porter dans ses bras pour la présenter au juge.
(...) Seul, debout sur le terre-plein, le soldat portait Djemila cassée en quatre. Une lumière inexplicable venait d'en face, comme de moi, mais de bien plus haut que moi, suffisante pour voir que la tunique de la jeune fille était claire, pour deviner le bariolage lourd du porteur et son allure générale indifférente, sans haine, embarrassée plutôt."
(P. 231).
Goujats :
- "Premier témoin de l'accusation !
Ils sont huit. L'un d'entre eux est le policier qui a obtenu les aveux. Les sept autres ont vu le meurtre ou poursuivi l'assassin : ils vont venir, regarder Hammèche, dire s'ils reconnaissent ou non cette tête, qui, selon... Sept regards où va se jouer la vie...
(...) Premier témoin, interrogatoire d'identité, serment. "Vous n'êtes ni parent ni ami de l'accusé ?" Ils rient à cette seule idée, colonel en tête : goujats ! Je les méprise tant qu'il m'en vient un peu de courage."
(P. 254).
Villa Sezini :
- "Nous allons passer devant la villa Sezini (2)."
Elle eut un petit rire.
- Qu'est-ce que c'est, lui demandai-je ?
- Une de leurs villas... d'interrogatoire...
Elle reprit :
- ... Avant, c'était le consulat d'Allemagne, une forteresse. Il reste encore aux fenêtres quelques ailerons d'acier.
- Vous y êtes allée ?
- Oui, la dernière fois, tirer quelqu'un de leurs mains (...).
- Vous avez donc visité ce... repaire ?
- Oh, je n'ai pas vu grand-chose, dite-elle, et puis c'étais si étrange... Je croyais que j'aurais du mal et tout s'est passé si facilement, du moins au début : le lieutenant a fait venir la victime, me l'a remise, d'un air presque intimidé."
(PP. 265-266).
Expulsion protectrice :
- "On frappe, on cogne, le verrou saute, on enfonce, des policiers sont entrés en trompe, me prennent, on dégringole l'escalier ; dans la cour, trois ou quatre autres fouillent les occupants des voitures, les mains levées, dos au mur. On passe. J'interroge. On me répond à la hâte : consigne de me soustraire à un grand raid para-ultra en préparation - "en préparation, tu parles !" - de me conduire à l'aérodrome, de ne m'abandonner qu'à la passerelle de l'avion. Ordre du ministre, qui me tient pour "un peu poète, mais grand Français" !
(P. 301).
Affiche de propagande : "L'Algérie restera française"... (DR).
Saône-et-Loire, mai 1958 :
- "Le moment pur est le couchant ; peut-être parce que les jours allongent sans cesse et qu'il est une heure, toujours plus longue, où ils semblent s'arrêter. La lumière s'étend jsuqu'à la cheminée. On ne sent plus battre la pendule. Les lampes paraissent un ornement (...). Les bruits de la campagne recommenceront à mourir quand la clarté aura disparu : elle les suspend.
(...) Ces bruits du soir sont parmi les plus attendus. Aussi bien le pays ressemble à ces images d'un livre de géographie enfantine, où l'on a mis tout : la route, le viaduc au loin, le fleuve avec un affluant en amorce ; une automobile, un cycliste, un piéton qui rentre sans se hâter ; au fond, à droite, une chaîne de montagnes ; à gauche une fumée - Le Creusot. Même les taches des genêts en fleur se rencontrent sur ces gravures, car elles offrent une variation facile entre les prairies et les pins un peu plus haut."
(P. 359).
Si :
- "Si j'achève ce livre ce n'est plus pour me défendre, c'est pour être utile, et vrai."
(P. 363).
NOTES :
(1) Retour à la page 37 : l'OAS et le commissaire Roger Gavoury.
et à la page 69 : Michèle Audin, Georges Arnaud.
ainsi qu'à la page 179 : Paul Teitgen et les "crimes de guerre" en Algérie.
(2) Nom à peine déformé de la Villa Susini. Centre de détention et de torture à Alger. Quartier général du 1er Régiment étranger de parachutistes. S'y illustra entre autres, l'inévitable Jean-Marie Le Pen.
Lire : Henri Pouillot, La villa Susini, Tirésias, 2001.
11 commentaires:
les deux titres qui me retiennent plus sont "la grotte" parce qu'il avait fait sensation (et avait été goutté de façon quasi unanime) et "qui se souvient de la mer" parce que j'aime l'écriture.
Les livres plus récents sur la guerre d'Algérie (celle là) m'agacent toujours un peu, au delà des grands sentiments, par leur côté caricatural et pour Clavel nous étions encore trop dedans
@ brigetoun
"La grotte" est le seul de ces romans que j'aie lu "en temps réel". Motivé par l'aura d'un auteur officier supérieur d'abord Français libre. Toujours estimé comme non manichéen. Resté républicain lors des tentatives de putch. Mais au contraire de Bollardière, n'ayant pas marqué son refus complet des recours à la torture...
c'est toujours classieux ici : au fait on dirait Bashung ; sinon z'avez du voir ma tombe avec le cactus , z'en pensez quoi , vous , de ce qui est décrit dessus ?
@ Cactus homme lézard
ce billet propose aussi une réponse à cette récente affirmation dont le 2e degré m'échappe : "en littérature, j'en ai rien à foutre de la guerre d'Algérie"
votre photo de mémorial avec le Maroc, l'Algérie et le Tunisie prolongés chacun par un cactus ? pas question de l'avoir "ratée" comme tout ce que vous publiez...
mais j'ai l'habitude de me taire dans les cimetières (et plus encore là où ont disparu ceux qui n'auront jamais de tombe)...
Je me suis absentée et à mon retour je découvre avec joie la renaissance (aux alentours du premier novembre!) de
Mo(t)saïques. Vos 'nouveaux' billets sont comme d'hab sombres, profonds, emplis de tristesse, 'sentiment qui résiste le mieux sur la terre'...
Je vous vois donc comme un vigile, un grand phare, toujours prêt à éclairer les dérives terribles des humains donc pas question que vous nous fassiez faux bond ;-))... faut dire que votre billet sur Céline 'n'est pas triste' !! et que l'histoire de Jacqueline l'est à pleurer.
Heureusement, il y a Boris Vian à travers Mouloudji pour nous faire sourire et Maurice Clavel(lu à l'école!) pour nous consoler. Une question cependant: comment un homme si prompt à combattre les injustices et si clairvoyant des valeurs humaines a-t-il pu adhérer à l'encyclique qui s'opposait à l'avortement et à la contraception ? il était gaulliste, avait une foi retrouvée et donc peut-être que celle-ci était plus forte et exclusive et que cela expliquerait qu'il n'ait pas compris le machisme de la religion catholique. Ou alors, il a très bien compris et sa résistance et sa "révolution" ne s'adressaient qu'à la moitié des hommes, bizarre.
@ claire
il y a des non présences qui ressemblent aussi à des trous noirs dans la galaxie des commentaires...
merci d'être vous aussi revenue
alors Clavel ?
non pas un homme orchestre mais combien complexe dans ses toutes sensiblités et ses contradictions intimes
attiré par l'extrême droite avant guerre, à l'Instruction publique aux débuts de Vichy mais résistant armé dès 1942 et devenu un gaulliste ne perdant cruellement cette foi-là que devant les mensonges d'Etat de l'affaire Ben Barka
Clavel perdant presque tout dans le théâtre (vous me comprenez), se retournant vers l'enseignement, la philosophie et l'immédiateté du journalisme
voyant sombrer les quotidiens de la libération, donnant beaucoup pour les maos, lançant Libé, défendant Jean Daniel...
et en 1972, retombant comme dans le bénitier de l'Eglise, au garde-à-vous devant Humanae Vitae
vous avez posé la question, je réponds :
mon estime était telle que je lui écrivis via Le Nouvel'Obs, par incompréhension, pour éviter une déchirure
il n'a pas répondu mais a-t-il seulement reçu le courrier ?
j'ai bêtement résilié mon abonnement à l'hebdo
voir l'église anesthésier au moins partiellement des consciences, c'est tellement consternant !!!
au même moment, nous avions le Dr Peers à la prison de Namur pour avoir répondu à des femmes en détresse, pour avoir promu une contraception librement choisie mais efficace
Clavel vivait au vert à Asquins, les centres de planning étaient encore plus ou moins clandestins mais agissaient...
les français ont toujours mal à leur guerre d'Algérie ; je me souviendrai toujours de la tête de mon père quand Michel Debré , je crois , appela les français à défendre leur pays contre l'arrivée prochaine des paras : je n'étais pas très grand alors mais ce jour là si laid j'ai compris tant de choses !
et je ne vous parle pas de ceux qui ont mal à leur collaboration d'avant ! ( là j'ai une necdote près perso que je cous compterai gratuitement hors ligne si vous voulez , c'est très significatif de cette époque ; je ne suis pas peu fier au fait d'avoir lu que mon pépé Claudius D. avait été résistant ; j'ai trouvé son nom de nom dans un numéro spécial du progrès ; c'était avec sa TSF qu'il avait pris des risques ; il ne l'avait dit à personne et était mort depuis longtemps , gazé deux fois lors des deux guerres !
excusez moi mais j'en déverse encore une larme là , l'alarme à l'oeil !
bien à vous , trop content que vous soyez reviendu , espérant y avoir été un peu pour quelques chose ! moi qui ne suis que saltimbanque plein de vides partout , votre blog de m'alimenter chaque jour !
c'est dit !
merci pour tout ; je ne me relis pas , sorry verte pour mes fautes , de petite frappe ou pas !
ça ne s'invente pas , mon code là : waterlo !
@ Cactus homme lézard
Oui Debré avec son fameux : "à pied, à cheval ou en voiture" appel désespéré ou hyper dramatisé pour aller s'opposer aux avions attendus d'Algérie avec leurs cargaisons de militaires factieux...
c'est un mélange de ridicule mais surtout de drames
impossible de les citer tous, mais enfin ceux du Métro Charonne (orthographe ?), mon collègue prof de lettres à l'Athénée de Chênée et tué par une bombe cachée dans un livre (lui était porteur belge de valise), les corvées de bois les gégènes...
mais aussi les instits dans les gorges de Palermo, les mobilisés morts pour une France déchirées, les petits massacrés s'ils faisaient trop tôt leurs valises, les délits de faciès jusqu'à la mort, les vrais innocents de part et d'autre...
merci, cher salt-in-banco fakir (pour les piquants) d'avoir élargi les commentaires
Je viens de lire Des hommes de Mauvignier. Il aurait mérité le Goncourt; je craisn qu'il n'ait été escamoté justement en raison de la répugnance des "zélites" à regarder cette période au fond du fond. Au passage, le livre de Mauvignier met bien en évidence l'indicible qui a rivé les hommes qui sont revenus de cette erreur tragique à la rumination silencieuse et profondément destructrice.
@ zoé lucider
c'est après avoir lu ailleurs votre belle et juste "défense et illustration" de ces "Hommes" de Maulignier
que ce billet a été rédigé
d'une part pour prouver que contrairement à une idée reçue (une de plus), tous les écrivains ne sont pas restés muets lors de cette guerre elle-même ;
d'autre part pour rappeler que conflit aussi a toujours sa place en littérature si des auteurs y consacrent leur meilleure plume...
et Maulignier n'est pas le moindre d'entre eux
Je note cette référence. Cette anthologie tombe à point, je n'ai pas encore lu "des hommes" de Mauvignier, mais il fait partie des titres de la rentrée que je souhaite lire. J'ai également envie d'avoir en réserve ces romans regroupés dans ce "Bouquin".
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