DANS LA MARGE

et pas seulement par les (dis) grâces de la géographie et de l'histoire...

lundi 24 mai 2010

P. 286. Pieds nus sur les limaces.

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Le roman de Fabienne Berthaud, Seuil, 2004.

Après le roman de Fabienne Berthaud
son film :
Pieds nus
sur les limaces

Chapeau à vous si vous aviez ouvert ce roman. Aucune critique ne semble avoir accompagné sa publication en 2004. Et nous sommes quelques-un(e)s à ne le découvrir que grâce au Festival de Cannes. En effet, les rideaux de la Quinzaine des réalisateurs sont retombés après la projection du long métrage par lequel Fabienne Berthaud a adapté-doublé son livre.
Donc, pour résumer, un roman qui n'obtint pas un succès fou. Un Festival où nous ne risquons pas d'être invité(e)s. D'ailleurs a-t-on déjà vu une chaise roulante monter les marches de Cannes ???

Et malgré tous ces obstacles, une première curiosité éveillée par un titre singulier, par une créatrice maniant autant la plume qu'une caméra...
Ensuite, un souhait : que ces pieds nus et ces limaces ne restent pas dans le désert des oeuvres ignorées.

Roman :

- "Je n'oublierai pas cette nuit cernée de rouge sur le calendrier des pompiers.
L'avenir, désormais, me semble insupportable. Je ne suis et ne serai plus jamais la même. Rongée par le doute, terrassée par la peur de commettre l'irréparable, je continue de vivre à tout petits pas comme si de rien n'était. Car enfin, rien n'est encore réellement arrivé et rien n'arrivera peut-être jamais. L'incertitude me fait avancer avec prudence.
Je considère chaque minute passée comme une victoire."

A propos de Fabienne Berthaud :

- "Fabienne Berthaud est née à Gap. Elle passe une partie de son enfance en Algérie. Elle rentre en France à l'âge de 11 ans avec sa famille et s'installe à Paris dans le XIVe arrondissement. Ses études secondaires achevées, elle s'inscrit dans des cours d'art dramatique, fait du théâtre, découvre la méthode de l'Actor's Studio, Lee Strasberg, Stanislavski, qui la passionne. Elle étudie le théâtre de Tchekhov, Tennessee Williams, Dorothy Parker et découvre le cinéma de Cassavetes, d'Elia Kazan. Elle publie son premier roman " Cafards " aux éditions Albin Michel en 1994. Elle a 28 ans. La critique saluera son écriture sèche mêlant beauté et cruauté. Elle se détourne alors du métier d'actrice et écrit son premier court métrage " Noël en famille" qu'elle coréalise. Mathilde Seigner en sera l'actrice principale. Le film fait de nombreux festivals (Cognac, Festival du film Européen) et obtient le prix du public à Valenciennes, le grand prix de Château Chinon et le prix Cinestar à Lille (...).

Le roman "Pieds nus sur les limaces" paraît aux Editions du Seuil en janvier 2004. C'est en se documentant pour ce dernier qu'elle découvre la clinique de La Chesnaie et ses habitants, médecins et pensionnaires. L'envie de filmer ce lieu s'impose. L'aventure humaine commence."
(Filmsactu).


Fabienne Berthaud (DR).

Synopsis :

- "Clara est mariée à Pierre, jeune avocat plein d'avenir. Elle vit et travaille avec lui à Paris. C'est un couple normal et sans problème. A la mort brutale de sa mère, Clara se retrouve responsable de sa sœur cadette, Lily. Car Lily n'est pas comme les autres. Sa trop grande sensibilité la rend vulnérable vis-à-vis du monde extérieur et l'empêche d'être autonome. Elle a besoin de protection. Elle s'est construit un univers bien à elle, dans lequel elle a trouvé un " certain " équilibre dont il lui est difficile de sortir. Elle vit à la campagne, dans la maison de famille, en Province.

Clara, dont la vie s'est organisée loin de sa sœur, va devoir faire des choix. Et apprendre que la normalité est une idée très subjective."

Nathalie Durand, directrice de la photo :

- "C’est un film qui s’est fait avec très peu d’argent, moins d’un million d’euros. Mais pour autant en étant payés normalement. Le secret est que nous étions une toute petite équipe, ce qui nous a quand même permis de tourner 40 jours. Une expérience extraordinaire avec une personne qui croit dans son travail et qu’il est motivant de suivre sur une telle aventure avec ces deux comédiennes."
(AFC).


Thierry Chèze :

- "Fabienne Berthaud nous avait épatés avec Frankie, son premier long métrage tourné à l'arraché sur plusieurs années avec, en tête d'affiche, une Diane Krüger alors quasi débutante. On retrouve dans Pieds nus sur les limaces ce qui fait la force de son cinéma : son aspect brut, sans fioritures ou chichi inutile. Sa capacité aussi à imaginer des personnages hors norme comme cette Lily qu'on peut croire attardée de prime abord et qui va révéler à sa soeur qui s'est construite dans l'inverse extrême, tout en contrôle d'elle-même, afin de ne pas être un poids supplémentaire pour sa famille.

La relation entre ces deux soeurs fonctionnant comme des vases communicants, leurs retrouvailles provoquant des dommages collatéraux puissants pour le pire et pour le meilleur dans la vie de Clara, est un des points forts de ce film."
(L’Express, 22 mai 2010).


Lily - Diane Krüger pieds nus sur les limaces (DR).

Olivier Séguret :

- "Son aînée Clara va veiller sur l'immature, la dérangée Lily, dans la grande et belle propriété familiale, toutes deux isolées dans un parfait petit coin de nature - et disons d'emblée que ce qui fonctionne le mieux dans ce film tient pour beaucoup à la validité, au réalisme troublant, à la tendresse naturelle du couple de soeurs que forment Ludivine Sagnier et Diane Krüger (...).

Ce n'est pas le style qui l'emporte dans Pieds nus... mais l'énergie, une certaine légèreté, la façon dont le film s'équilibre entre profondeur et frivolité, battant lui-même la campagne en compagnie de Lily (...).

Le film de Fabienne Berthaud, parfois guetté par l'embonpoint poétique, dégage aussi un vrai pouvoir de séduction, parce qu'il veut, et y parvient, témoigner d'une humanité détraquée et périlleuse... mais souriante, sensuelle et adhésive."
(Libération, 22-23 mai 2010).

Preview...

Dernière minute.
A Cannes, l'Art Cinema Award a été attribué à ces Pieds nus sur les limaces de Fabienne Berthaud.
Précision du Monde : "les Art Cinema Awards sont remis dans les plus grands festivals par des jurys internationaux constitués de programmateurs de cinémas indépendants".


10 commentaires:

MH a dit…

"La normalité est une idée très subjective"... "une humanité détraquée et périlleuse mais souriante, sensuelle et adhésive" : voilà un film ou un livre qui s'impose ! Merci.

Dominique a dit…

Je vais guetter sa sortie sur les écrans lyonnais où les cinémas proposant ce type de film se réduisent comme peau de chagrin mais j'espère ...

JEA a dit…

@ MH

Ce blog qui parle d'un film à Cannes ? Ce serait dérisoire si ces pieds nus ne laissaient des traces qui intriguent...

JEA a dit…

@ Dominique

Sauf erreur involontaire, il semble que ce film ne sera libéré sur les écrans que vers octobre-novembre...

Pierre a dit…

Le film ne devrait être libéré que fin octobre, début novembre. Le coup de projecteur cannois fait qu'il devrait trouver sa place sur nos écrans et ne pas être mis au placard après une trop brève carrière.
Si les médias ne parlent pas trop des sections parallèles à Cannes - Semaine de la Critique, Quinzaine des réalisateurs - celles-ci n'en sont pas moins intéressantes. Et à la différence de la compétition officielle, les séances sont ouvertes au public. S'il n'y a pas de tapis rouge à la Quinzaine, il y a un ascenseur et la salle a des emplacements pour les fauteuils roulants. D'ailleurs, un couple "sur roues" était à cette projection où j'étais également.

JEA a dit…

@ Pierre

Encore un peu et vous auriez pu être notre envoyé spécial sur place...

Liberté a dit…

Vous avez de « bons espions » pour vous tenir informer des dernières nouvelles du festival de Cannes sans vous déplacer.

JEA a dit…

@ Liberté

Jadis et naguère, je fus chargé par un hebdo belge de "couvrir" le Festival d'Avignon (mes articles de deux pages chacun... en échange des places réservées à la presse...).
Mais Cannes, là, aucun espoir. Alors que le cinéma belge et particulièrement francophone n'y passa pas vraiment inaperçu...

Danaelle a dit…

Voilà qui donne envie et de lire le livre et de voirle film !

JEA a dit…

@ Danièle Duteil

Le vent a limé
les ongles de l'horizon
aux pieds nus...