Paul Schaffer,
Le soleil voilé,
Auschwitz 1942 - 1945,
Préface de Simone Veil,
Société des Ecrivains, 2002, 227 p.
Serge Klarsfeld :
- "C'est à la sincérité de l'auteur que l'on doit d'être pris par la main dès les premières pages et de faire le chemin, tout le chemin sans lâcher cette main et en regardant ce qu'il a vu avec ses yeux.
Sincérité, intensité, pudeur, sensiblité caractérisent Paul, qui a traversé tant d'épreuves en conservant toujours une dignité innée et renforcée encore dès la plus tendre enfance par un milieu familial enpreint de l'humanité la plus chaleureuse." (1)
Simone Veil :
- "Les années ont passé, les temps ont changé. Les nouvelles générations, mieux à même de nous écouter parce que moins directement concernées, plus curieuses de nous entendre, nous ont incités à parler. En vieillissant, nous avons pris conscience de la nécessité de transmettre le témoignage de ce que nous avions vu et vécu afin que l'Histoire s'en empare. Nous avons ainsi tenu l'engagement, pris vis à vis de nos camarades que nous avons vu mourir dans des conditions abominables, de parler pour que l'on n'oublie pas (...).
Pour Paul Schaffer, c'est surtout le sentiment d'un devoir à accomplir qui l'a conduit à écrire le présent ouvrage, quelles que soient les difficultés et la douleur que ce travail d'écriture et de mémoire lui ont imposée." (2)
Paul Eluard :
- "Si l'écho de nos voix faiblit nous périrons." (3)
Revel 1942. De g. à dr. : Paul Schaffer, sa mère, son père, sa soeur Erika (Arch. P. Schaffer / DR).
La famille Schaffer est autrichienne. Elle vit à Vienne :
- "Tôt le matin du 10 novembre {1938}, nous avons été arrachés à notre sommeil, surpris par la brutale arrestation de mon père. Sans en connaître ni le motif ni ce qu’il était advenu de lui, ma sœur et moi allions en fin de matinée d’un commissariat à un autre pour tenter de le retrouver et pour connaître le sort qui lui avait été réservé.
Accueillis par le salut de « Heil Hitler » et des sourires narquois, sans recevoir ni explication ni renseignement, nous pouvions seulement constater une activité fébrile dans ces lieux. En effet, des milliers de Juifs avaient été arrêtés, nombreux parmi eux furent assassinés et d’autres se suicidèrent. En parcourant, avec une grande frayeur, les rues de notre quartier, nous avons rencontré des voisines affolées, qui étaient dans une situation identique à la nôtre : à la recherche qui d’un mari, qui d’un fils.
Mon père a été relâché sans explications quelques jours plus tard. Les vitres brisées des magasins juifs jonchaient le trottoir et une synagogue proche, était en flamme, comme d’ailleurs plusieurs centaines d’autres à travers toute l’Allemagne. En voyant l’autodafé des livres, comment ne pas penser à cette phrase écrite en 1821 par Henri Heine :« Là où on brûle des livres on finit par brûler des hommes »." (4)
Le 27 novembre, la famille Schaffer fuit cette Autriche nazifiée. Après une traversée de l'Allemagne et un passage difficile de la frontière belge, tous quatre arrivent à Bruxelles. Ils trouvent un toit à Ixelles. Mais les Allemands mettent fin à cette parenthèse relativement paisible. Ils envahissent le Royaume le 10 mai 1940.
Les Schaffer se joignent aux réfugiés descendant vers le Sud-Ouest de la France. Ils aboutissent à Revel.
Paul Schaffer :
- "A la gare, sous un chaud soleil d'été, de nombreux habitants étaient là en curieux (...). Parmi ces personnes se trouvait Pauline Sarda. Spontanément elle proposa à mes parents dès notre descente du train, de prendre Erika et moi pour la nuit chez elle (...).
En nous rendant à sa maison, nous rencontrons une villageoise qui lui dit sur un ton méfiant :
"Il paraît qu'il y a beaucoup de Juifs parmi les réfugiés !" (...)
Ce fut un réel choc, nous nous attendions si peu à entendre une telle remarque dans ce lointain Sud-Ouest de la France ! (...)
L'arrivée de ce flot de réfugiés dans ce petit coin paisible de France, où les gens n'avaient certainement jamais vu de Juifs, pouvait certes provoquer de la curiosité, mais tant d'inquiétude était affligeante et inattendue."
(PP. 56-57).
Le 26 août 1942, le régime de Vichy frappe avec ses rafles en zone dite "libre", y compris à Revel (5). Les gendarmes viennent arrêter les Schaffer. Paul se sauve mais tente en vain de trouver de l'aide auprès d'un officier en retraite, "gaulliste" de par surcroît (6), puis du médecin de famille.
- "Me tenant comme un malfaiteur fermement par les poignets, rouge de honte j'ai dû traverser le village !
Ceux qui ont assisté à cette scène, pouvaient-ils imaginer que mon arrestation était due au seul fait que j'étais juif ?
L'acharnement de ces gendarmes pour rattraper le jeune fugitif que j'étais alors, paraît aujourd'hui incompréhensible ! Un peu de bonté, un peu d'humanité de leur part et mon destin aurait été tout autre..."
(P. 73).
Pas un Allemand à l'horizon donc, puisque les rafles se déroulent en pseudo zone "libre". Ce sont uniquement des Français qui enferment des citoyens, parce que juifs, au camp de Noé. De ces barbelés-là, 742 internés sont transférés vers Drancy. Le convoi du 1er septembre 1942, celui de Paul, comptait 48 jeunes. De tous ceux-ci, il restera le seul survivant.
En trop mauvaise santé, le père n'alla pas plus loin que à Noé. Mais son épouse et ses deux enfants, de Drancy, sont mis dans le 28e transport partant de la gare du Bourget le 4 septembre à 8h55. Dans les wagons, ils sont 1013. Ne reviendront de "pitchipoï" (7) que 2 femmes et 25 hommes.
- "Nous nous trouvions dans un total état d'épuisement physique et moral, quand après plusieurs jours de voyage, le train s'est arrêté en rase campagne près de Kosel, dans la région d'Auschwitz en Haute-Silésie. Les portes des wagons furent ouvertes avec fracas. L'aboiement des chiens se mêlait aux hurlements des SS ordonnant aux hommes valides, de 18 à 40 ans, de sauter sur le ballast, à plus d'un mètre cinquante du sol.
"Schnell, Schnell ! Raus !"
C'est dans un vacarme et une panique infernale que les familles ont été séparées (...).
J'entends encore les cris et les pleurs des familles désunies.
Les vociférations des SS, les aboiements des chiens laissaient peu de temps à de longues effusions !
Lorsque le train est reparti et a emporté Maman et Erika, j'ignorais heureusement le sort qui les attendait. L'horrible vérité, je l'ai apprise un an plus tard. Après l'arrêt à Kosel elles avaient été acheminées directement vers les chambres à gaz de Birkenau."
(PP 80-81).
L'usine Siemens à Bobrek, camp annexe d'Auschwitz (Arch. P. Schaffer / DR).
Ils sont environ 250, dont Paul Schaffer, détachés au camp de Tarnovitz, annexe d'Auschwitz. Six mois plus tard, ce sera le camp de Schoppinitz. Puis, en novembre 1943, Birkenau.
- "Afin de contrôler, à l'arrivée, notre état physique, on nous obligeait à courir par rangée de cinq. Ceux qui semblaient trop faibles étaient immédiatement éliminés.
Parqués ensuite dans une baraque, nous avons été accueillis par un discours édifiant d'un Kapo, (Kamp Polizei) ponctuant ses propos de coups de cravache sur ses bottes impeccablement cirées :
"Votre vie jusqu'à présent a été "douce" en comparaison de celle qui vous attend ici !"
Ce n'était pas une menace, c'était un avertissement !
Après ce préambule, de retour dans la cour, agressés par un froid glacial, (nous étions en novembre) on nous a dépouillés de nos vêtements, rasés de la tête aux pieds, avec un rasoir dont le tranchant était depuis longtemps émoussé, puis tatoués comme du bétail d'un numéro sur notre avant-bras gauche.
Le tatouage est interdit par la religion juive. (Lévitique XIX, 28)
Le mien est : 160 610.
Déshumanisés, humiliés, réduits à un chiffre abstrait, nous avions perdu notre identité."
(P. 89).
Tenir, jour après jour...
- "Plus que dans tous les autres camps, ici je sentais la mort rôder autour de moi. Je vivais en permanence dans son ombre et je devais m'en accommoder. Elle a fini par ne plus me faire peur !
Dès quatre heures du matin, le jour pointait à peine, les "Stubendienst" (chargés du service intérieur) jurant et hurlant nous réveillaient en tapant avec leurs bâtons sur les montants des châlis, frappant au hasard ceux qui n'étaient pas assez rapides pour se lever. Comme un troupeau affolé, nous courions aux latrines collectives, rudimentaires, dégradantes, assis les uns à côté des autres. (...)
Et venait la torture de l'appel interminable du matin.
Rassemblés en colonne devant chaque baraque, harassés, chancelants, au passage des SS le chef de Block ordonnait : Mützen ab ! (Otez vos calots) et si la cadence n'était pas rigoureusement précise, il hurlait à nouveau : Mützen auf ! (Couvrez-vous) Cet exercice, comme nous n'étions pas assez rapides à leur gré, pouvait durer des heures !
Puis la tête découverte au passage des SS, le chef du Block annonçait les présents, les malades et les morts. Comme au fur et à mesure que le temps passait, les plus faibles s'affaissaient d'épuisement et mouraient. On recommençait alors jusqu'à ce que le compte soit rigoureusement exact. Peu importait à nos bourreaux la neige, le vent, la pluie (...).
Puis groupés par commandos, nous sortions au pas, accompagnés de la musique d'un orchestre, comble de dérision, formé d'une soixantaine de déportés, se tenant près du porche.
Le groupe "Siemens" avait la chance exceptionnelle d'être transporté par camion à son chaniter de Bobrek, petit bourg situé à huit kilomètres de là, afin de transformer une ancienne briqueterie en usine de métallurgie et y aménager le futur camp de BOBREK."
(PP. 96-98).
En mai 1944, cette usine de Bobrek est opérationnelle.
Simone Veil :
- "Nous nous sommes rencontrés pour la première fois au début du mois de juillet 1944 à Bobrek (...).
Nous étions environ trois cents déportés, dont seulement une trentaine de femmes. Celles-ci étaient pour la plupart affectées à des travaux du bâtiment et de terrassement, alors que les hommes travaillaient généralement dans l'usine. L'espace du camp était très réduit, les hommes et les femmes avaient l'occasion de se rencontrer, et même de nouer des relations amicales, bien que non tolérées. Ces relations ont perduré jusqu'à ce jour, plus particulièrement entre ceux qui avaient été déportés de France.
Paul avait alors dix-neuf ans. Bien que déporté déjà depuis près de deux ans (...) il avait su préserver des qualités humaines tout à fait exceptionnelles qui contrastaient avec l'ambiance de brutalité qui régnait dans le camp. Sa dignité, sa gentillesse vis-à-vis de tous, une certaine forme de civilité, m'apparaissent encore aujourd'hui comme la plus belle victoire sur un système concentrationnaire conçu pour nous humilier et nous réduire à un état quasi bestial (...).
Il ne s'est pas abandonné au désespoir. Il voulait survivre, il l'a fait sans jamais s'abaisser à quoi que ce soit et en cherchant toujours à aider les autres."
(Préface, PP. 16-17).
Section des machines à Bobrek (Arch. P. Schaffer / DR).
Janvier 1945. L'avancée des troupes soviétiques entraîne l'abandon d'Auschwitz.
Paul Schaffer :
- "Le 18 janvier 1945, à deux heures du matin nous avons été réveillés et informés de notre imminente évacuation. Sortis dans la cour, par moins 25°, c'est seulement à dix heures du matin que l'ordre de marche est intervenu ! (...)
Plusieurs milliers de déportés, formaient une pitoyable colonne, se traînant sur les routes enneigées de la haute Silésie en direction de l'Allemagne.
Finalement les Nazis ramenaient les Juifs dans le Reich, alors qu'ils avaient tout fait pour l'en débarrasser et le rendre "Judenrein" ! (Sans Juifs) (Expression qui a été employée pour la première fois par un club cycliste autrichien en 1926). (...)
Trébuchants, nous avons atteint à bout de forces, le camp de GLEIWITZ, où régnait une atmosphère de panique. Tout au long des 70 km que nous avons parcourus, il est impossible de dénombrer combien de déportés ont été vaincus par leur épuisement et se sont affaissés dans la neige et ont été achevés à coup de fusil."
(PP. 115-117).
Avec son ami Zev, Paul Schaffer va s'évader d'un wagon à ciel ouvert.
- "Vous êtes complètement "mechuge" ! ("fous" !)
- Et où irez-vous par ce froid et la profondeur de la neige ? Et de plus dans ce foutu pays !"
D'autres disaient :
"Il ne faut pas les laisser faire ! On va tous être tués à cause de ces inconscients !"
Enfin égoïstement :
"Mais qu'ils partent ! Cela nous fera un peu plus de place !"
Un train se trouvant à l'arrêt sur la voie parallèle, pendant que le nôtre ralentissait, ne tenant nullement compte de ce qui se disait, poussé par une volonté farouche, marchant par moments littéralement sur les corps pour atteindre le bord du wagon, j'ai sauté dans le vide, amorti par l'épaisse couche de neige ! (...)
Enfin j'ai aperçu quelqu'un rouler dans la neige, c'était Zev. (...)
Il est vrai que je me suis évadé avec l'espoir de survivre, mais j'étais aussi animé par une autre motivation, celle d'avoir choisi librement ma mort en cas d'échec et de quitter ce monde un peu à la manière d'un soldat mourant sur un champ de bataille...
Cette issue me semblait de loin préférable à celle à laquelle nous étions en réalité promis.
Plusieurs jours durant nous avons marché dans la forêt, espérant nous diriger en direction de l'est."
(PP. 118-119).
Les deux évadés finiront par rejoindre les troupes russes. Paul Schaffer sera rapatrié en France (sous une fausse identité) car il veut retrouver son père à Revel. Pour y apprendre que celui-ci, pour cause de trop mauvaise santé, a été libéré du camp Noé et admis à l'hospice de Revel mais y décéder.
La seconde partie du "Soleil voilé" décrit l'itinéraire personnel de cet orphelin de 20 ans, nommé aujourd'hui Président du Comité Français pour Yad Vashem.
Cette page du blog va entraîner inévitablement cette remarque d'un Paul Schaffer (8) spontané :
- "C'est trop. il ne fallait pas."
Alors que c'est infiniment trop peu.
Qu'il trouve ici, et en conclusion, l'expression répétée du respect très sincère et de l'affection pudique mais intense de celles et de ceux qui ont l'honneur de l'accompagner dans son actuel travail de mémoire .
Signature de Paul Schaffer (Arch. JEA / DR).
NOTES :
(1) Quatrième de couverture.
(2) Extrait de la préface, P. 14.
(3) Extrait du prologue, P. 21.
(4) Extrait de : Paul Schaffer, "1939-2008 – La « nuit de cristal » soixante-dix ans plus tard.", Conférence donnée à l'UNESCO le 8 novembre 2008, Séminaire : "Afin de tirer des leçons de l’Holocauste".
(5) Paul Schaffer est citoyen d'honneur de Revel. Il y donne régulièrement des conférences scolaires
dont le blog du Comité Français pour Yad Vashem propose cet écho : cliquer ici.
(6) Paul Schaffer : "Après la libération, j'ai appris qu'il était devenu le responsable de la résistance locale ! Quelle ironie !" (P. 72)
(7) Le pays, la localité de nulle part. Par dérision et désespoir : Auschwitz.
(8) Site du "Soleil voilé", cliquer ici.
13 commentaires:
Cher JEA, vous me faites découvrir là un homme que, par ailleurs, j'ai vu et entendu pour la première fois, avant-hier soir, sur France 3, dans un documentaire dû à Antoine Casubulo et intitulé "Les Rafles d'août 1942" en zone libre".
Ce qui m'a d'emblée frappé, chez cet homme, c'est son extrême élégance en même temps que son son extraordinaire humilité.
"Il ne fallait pas ?" Mais si, il le faut.
Toujours.
Partout.
Faites-vous prêter un poste de télévision avec un lecteur de VHS ou DVD, ou allez sur le site de France 3, qui sait, pour retrouver l'émission diffusée l'autre soir sur les rafles en zone dite "libre" en 1942 (celle du Vel d'Hiv est également évoquée).
Ce livre, au titre simple et profond, est sans doute comme un perce-neige.
soyez remercié pour votre travail d'allerte et de documentation
@ Chr. Bohren et D. Hasselmann
Vos commentaires ont été transmis à Paul Schaffer. Pour que ses paroles ne risquent pas d'être réduites à un sens unique. Lui témoignant. Sans retours. Chacun à votre manière, vous lui apportez une suite, un écho. Merci à vous deux.
@ brigetoun
Dans la préface de ce livre, Simone Veil se plaint des historiens, sans nuances. Mettant en cause leur refus global d'écouter les rescapés pour cause de risques du côté de la sacro-sainte objectivité...
Personnellement, je n'appartiens ni à l'école des tout aux seuls documents. Ni des tout aux témoignages directs.
A lui seul, Paul Schaffer couvre ces deux domaines de recherches, montrant leur complémentarité.
Mais à son propos, je manque évidemment de recul. Rigoureux mais pas intact quand je tente qu'il soit évoqué.
Paul Schaffer est un nom qui m'était familier... merci JEA de me dire pourquio et de nous raconter son vécu où documents et témoignages alternent en complémentarité comme si c'était là aujourd'hui.
@ claire
Pour eux, c'est hélas toujours là...
@ Elisabeth.b
Merci de signaler une rediffusion de :
- "Les rafles de l'été 1942 en zone libre. Un crime de l'Etat français"
ce samedi 5 septembre à... 4h35 !!!
Auteur de ce documentaire : Antoine Casubolo Ferro. Conseiller historique : Serge Klarsfeld.
Témoignages et commentaires de Marianne Spier Donati, Paul Schaffer, Édouard Drommelschlager, Serge Klarsfeld, Henri Rousso, Bernard Fogiel, Louis Fogiel et Maurice Szmidt, et les archives filmées de Gaumont Pathé, INA, ECPAD.
Avec les voix d'Yvan Attal et Sandrine Kiberlain.
Comme le dit bien Simone Veil à propos de la nécessité de transmettre, ce billet, ce blog, ce travail de mémoire inscrivent non seulement les noms et les faits dans l'Histoire, mais leur donnent une présence formidable. Merci.
@ Tania
Alain Fleisheir :
- Trop souvent l'Europe considère que la Shoah est la tragédie des seuls juifs, sans réaliser qu'elle est aussi le drame de son propre effondrement, car l'Europe qui se reconstruit peu à peu, restera longtemps encore, quels que soient les régimes politiques et la prospérité, un baraquement de chantier en préfabriqué, parmi les ruines de ce qui fut l'architecture même de l'esprit.
J'avais presque oublié que Kapo voulait dire Kamp Polizeï...
@ Anna de Sandre
C'était l'une des perversions du système : charger des détenus de la "police" sur les autres déportés. Le kapo étant un "privilégié" (travail, couchage, nourriture, chauffage) au prix de sa cruauté systématique.
Oui, j'avais gardé la définition du "privilégié cruel" en fait, et kapo était devenu la partie pour le tout.
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