DANS LA MARGE

et pas seulement par les (dis) grâces de la géographie et de l'histoire...

jeudi 1 avril 2010

P. 261. St-Martin de Prez

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Tour de défense, orifice de tir (Ph. JEA / DR).

L'église fortifiée de Prez
en Thiérache ardennaise (2)

Ce blog a déjà proposé onze étapes traçant des zigzags entre plus de 70 églises fortifiées en Thiérache. La dernière de ces étapes passait par Bancigny, l'un de ces édifices militaro-religieux se dressant dans le département de l'Aisne.
Leurs soeurs des Ardennes composent une famille nettement moins nombreuse (une quinzaine). Seule Signy-le-Petit avait été présentée page 231. Maintenant que la neige a magiquement disparu, les routes de vraie campagne en redeviennent plus praticables. Quoique généreusement bou(s)euses et bordées de fossés qui semblent sans fond...
Or donc, si vous quittez la nationale 43 remontant de Charleville-Mézières vers Hirson, peu avant l'entrée dans l'Aisne, en cherchant bien vers le Sud, en ne comptant pas trop sur des passants totalement absents, vous finirez par aborder l'ïlot de Prez, au milieu d'un océan de terres cultivées.

Carte des églises fortifiées de Thiérache ardennaise. Avec la localisation de Prez (DR).

Officiellement, Prez vous attend à :
- 3h de Lille,
- 2h30 de Paris (là, je ne parierais pas, du moins en respectant les limitations de vitesse),
- 2h de Bruxelles (quand on sait qu'il faut se farcir Charleroi et son interminable sortie, la prudence est également de mise).

Par contre, la toponymie, elle, est aussi fiable que parlante.
Prez occupe le centre d'une circonférence passant par (du Sud au Sud dans le sens des aiguilles d'une horloge) :
- le Pain de Sucre,
- la Côte de l'Ogelet,
- la Fosse de l'Oison,
- le Terroir St-Pierre,
- les Meliers,
- Tonvoye,
- Evaquets,
- la Fosse aux Faches,
- le Louvet,
- la Cerleau,
- l'Aubalette,
- le Cul du Mouton...

St-Martin de Prez (Ph. JEA / DR).

La commune couvre 12,4 km². On aura deviné que ce pays ne souffre pas de surpopulation : 141 habitants au dernier recensement. A chaque lever du jour, ceux-ci peuvent voir s'écouler discrètement le seul cours d'eau du village : l'Aube.

Et l'église ?
Remontant au XVIe siècle, elle a été dédiée à Saint-Martin, évêque de Tours.
Ouverte au public, elle est loin d'être abandonnée. Le chat noir de la ferme d'en face est un comédien né. Lui excepté, personne ne passe aux environs. On se sent néanmoins un rien observé. Mais bon, le spectacle est réciproque : les jeux de rideaux relèvent aussi du théâtre.
Le village semble replié sur lui-même mais pas grabataire.

Parfois, on se prend à imaginer les forêts de chênes métamorphosés en bancs d'églises (Ph. JEA / DR).

Côté occident, le gothique qualifié de flamboyant caractérise le portail. Ce serait une imitation de l'église d'Aouste, à vérifier quand un vent favorable nous y conduira...
Ici les défenses se limitent à une tour ronde (gruyère à meurtrières), au clocher massif et carré ainsi qu'au comble au-dessus du choeur.

A l'intérieur se respirent le mille-feuilles du passé, les dernières traces de l'hiver humide...

Panneau de stuc (Ph. JEA / DR).

Faute d'avoir déniché l'électricité et en l'absence de toute bougie, il faut se déplacer dans une pénombre certaine qui empêche d'apprécier le choeur baroque et ses statues en théorie protégées.
Restent 18 panneaux en stuc.
Au XVIIIe siècle, un artiste anonyme voulut réaliser uen sorte de bande dessinée de la vie du Christ mais aussi de celle de St-Jean Baptiste. Le tout dans une respectable naïveté que le temps (et des oublis d'oiseaux) ne malmènent pas trop...

St-Georges (Ph. JEA / DR).

Le vitrail principal du choeur illustre un St-Georges chevalier généreux. Dans un environnement moyenâgeux dont la sévérité est atténuée par des décors de fleurs et de feuilles fantaisistes.
Par contre, clin d'oeil à travers les âges aux gastronomes ? Deux cèpes (bolets) bénéficient d'une mise en valeur exceptionnelle au sommet du vitrail.
Ajoutez aux champignons la girouette-coq au vin, et voilà un menu pour votre visite...

Au sommet du clocher de St-Martin. Ceux qui cataloguent le coq comme animal "de basse cour" racontent n'importe quoi ! (Ph. JEA / DR).



18 commentaires:

Brigetoun a dit…

jolie conclusion

D. Hasselmann a dit…

La "girouette coq-au-vin", joli nom pour un plat d'un restaurant gastronomique du coin : à ouvrir !

Allez, encore un article trois étoiles.

Tania a dit…

De l'orifice de tir en passant par le Cul du mouton, ce billet nous entraîne décidément dans un trou noir.
Du coq sans arêtes, donc (au risque de me répéter).

JEA a dit…

@ brigetoun

Par contre ce mot "FIN" qui conclut le billet de ce jour sur votre blog (voir liens)... de quoi angoisser vos lecteurs, à moins que vous n'ayez sacrifié à la tradition du poisson du jour ?

JEA a dit…

@ D. Hasselmann

Sans même l'espérer gastronomique, pas l'ombre d'un resto à la ronde. Sans doute faut-il descendre jusqu'à Charleville ? Là, vous avez "Au cochon qui louche"...

JEA a dit…

@ Tania

Un trou noir ? C'était le "poisson d'avril" du journal parlé de la RTBF ce jeudi matin...

Du moins, si vous venez visiter Prez, n'y risquez-vous pas une alerte à la bombe (lire votre blog, dans les liens)...

Cactus , ciné-chineur a dit…

superbe là encore !

JEA a dit…

@ Cactus

Bienvenue à vous qui faites passer le nombre de visites de ce blog à plus de 37.000 ...
(me relisant, je me rends compte du risque de confusion : bienvenue à vous, parce que c'est vous et non par intérêt pour un compteur qui monte...)

MH a dit…

J'ai déjà eu le même rêve que vous à propos des bancs d'églises...

MH a dit…

... surtout parce qu'ils sont vides.
Quel beau vitrail !

JEA a dit…

@ MH

Une évidence : en de minuscules églises, avec des croyants en nombre plus que limité, vieillissent en silence des bancs superbes...

JEA a dit…

@ MH

Ce vitrail est un don de la famille Tiercelet... Mais j'avoue ne pas avoir creusé plus sinon que ce nom est celui d'une commune de Meurthe-et-Moselle.

Marie a dit…

Que dire de plus ! C'est à chaque fois un vrai régal de se promener chez vous , on fait des découvertes de lieux , de genres ... C'est un livre ouvert invitant nos yeux à exploiter la richesse des sites proposés ...

Merci ... ;o)
Douce journée ...

Danaelle a dit…

Visite très enrichissante. Toujours une foule de détails passionnants, des photos superbes. Et au passage, de jolis brins de poésie...

JEA a dit…

@ Marie

C'est aussi un livre entr'ouvert sur de petits mondes délaissés, pas désespérés pour autant...

JEA a dit…

@ Danièle Duteil

Inutile de le taire : pour ces photos toutes prises après 16h, le ciel était neurasthénique. Bonsoir la profonde dépression...
Au retour, mes clichés portaient tous un deuil involontaire mais opaque. Il fallut en vider des seaux de noire couleur pour arriver à quelque chose de présentable !

Zoë Lucider a dit…

Ces églises sont les témoins d'une ferveur qui a disparu. On ne peut que le regretter, qu'on soit croyant ou non. Quant ç la liste, toujours pittoresque "la fosse aux Faches" me pose question. Que sont ces Faches ?

JEA a dit…

@ zoé lucider

Les "Faches" seraient des lieux impropres à... la culture.

Et merci à vous pour le dernier billet sous votre arbre (voir liens), d'aucun(e)s s'y font sonner les cloches !