Photos d'avant l'hiver ardennais
Nuages sur mon village (Photo JEA / DR).
Ils se rassemblent
comme des oiseaux migrateurs
avant de quitter le continent
ou tels les glaçons
d'une banquise en débandade
dérivent vers leur disparition
ou ressemblent à autant de pétales
s'abandonnant aux courants d'airs...
Erable... ardennais (Photo JEA / DR).
Un arbre
dans la bibliothèque
du jardin
avec longue préface savante
mais aussi table des matières premières
index de noms impropres
et de lieux non communs.
Torchis (Ph. JEA / DR).
Opération à coeur ouvert
façade fendue
respiration artificielle
lumières aussi
scalpels
elle s'éveillera bien
plus tard
et s'émerveillera
des soupirs de soulagement
des oiseaux.
Au Pavillon (Ph. JEA / DR).
Petit, je comprenais :
"pays con en chênes"
(et je me révoltais
par amour des arbres
sans conter
les champignons humés
et les écureuils libérés)
mais les adultes ajoutaient :
"pays libéré de ses chaînes"
(et là, ils précisaient
que la bête venait de mourir
pour toujours).
Ensuite, cependant :
l'Espagne, le Portugal, la Grèce,
le Chili...
et tous ces autres horizons
que je ne dépasserai jamais
mais qui font la fortune
des marchands d'anneaux
de pipeaux, de drapeaux.
Traces d'été (JEA / DR).
C'est assez étrange
d'avoir pu porter tant d'ombres
à tant de gens irritables
alors que même un briquet
à amadou
n'a jamais déformé
mes poches
pas plus que des allumettes
si dérisoires pour
déclarer sa flamme.
Tourterelle de Turquie (Ph. JEA / DR).
C'est une façade livide de ville
sans plus d'habitants que mon village
avec en théorie le soleil
en mille fois plus tartarin
mais en pratique les mêmes gelées
sidérantes
et des années lumières pour trouver du pain
une femme solitaire
y propose des livres
introuvables ailleurs
sur d'improbables ici
et des appeaux à tourterelles
pour dialoguer faute de grivoises.
Cahier personnel (Ph. JEA / DR).
Plus d'encre que de craie
d'au revoir que de détours
de paroles que de banderoles
de lève-tôt que de vantard...
17 commentaires:
éPlus d'encre que de craie" mais belle encre et en bel accord avec les photos de même main
@ brigetoun
merci à vous si ce passage loin de votre Avignon ne vous a pas affligée...
Arbre et ombre, silhouette et aveuglette : le noir (et blanc) vous va si bien !
Je vous ai emprunté une photo pour le vent des blogs de ce dimanche.Vous n'êtes pas venu. Est-ce par modestie ou parce que vous êtes fâché de cet emprunt ? Ces noirs et blancs sont somptueux et les textes d'une nostalgie teineté de drôlerie.
@ D. Hasselmann
Je me hâte de publier du blanc et noir avant qu'une éminence au pouvoir ne décrète que ce n'est plus "correct" (un mot qui sent son occupation). Qu'il faut se lever de plus en plus tôt et avec de plus en plus de papiers pour s'accomplir dans les couleurs triomphantes des douleurs de boulots conduisant au suicide...
@ Zoé
Je suis venu et même vêtu en revenant... mais sans laisser de traces visibles.
Vous savez, les nuages de Cendron, accrochés à votre Arbre (un village où j'habitai longuement), ces nuages en sont devenus méconnaissables. Chez vous, ils ont trouvé comme un second souffle.
Je n'en étais évidemment pas "propriétaire". Mais que leur liberté les guide vers vos palabres, prouve que la terre est ronde et que les seuls réchauffements acceptables, sont ceux des amitiés chal(h)eureuses...
Vous peignez ? on dirait du Pollock et puis du Tapiès... du pur JEA ? une tourterelle qui fait la branche ? et elle nous chante une chanson triste au son des folies de Françoise, c'est vraiment superbe JEA, merci!!!
C'est magnifique ! un billet de noirs doux et de blancs fous même pas cassés.
Tandis que les phrases fascinent et s'acheminent...
En pointillés.
Non seulement poète surdoué, vous êtes peintre (je l'ai lu avant, c'est vrai de vrai !).
J'ai rajouté vos courants d'airs dans la table des matières premières...
Irrésistiblement.
@ claire
si quelques photos présentaient une proximité avec des toiles, ce serait uniquement parce qu'en grattant l'un ou l'autre peinture ancienne et peu grâcieuse, apparaîssent parfois des motifs sacrifiés
en photographie, sans systématisme, il m'arrive de gratter la première apparence pour voir ce qu'elle recouvre éventuellement...
@ frasby
madoué, ni poète ni peintre, scribrouillard et vendémiaire...
vos enthousiasmes ouvriraient des beuquettes dans les murailles les plus durailles
Les tourterelles turques ne se montrent guère à mon balcon de ville, mais lorsque nous descendons dans le Midi, leurs duos nous accompagnent partout.
Votre page de cahier a quelque chose de japonais.
Les antennes en V
Un papillon s'est posé
Devenu papier
@ Tania
De votre balcon en forêt urbaine, vous n'êtes pas invitée plus loin que les Ardennes françaises pour y débattre avec des couples de tourterelles de sujets qui, ailleurs, tourneraient aux querelles...
Quant au cahier personnel, il rappelle aussi (mais prosaïquement)les coups de règle sur les doigts (un instit plutôt indulgent utilisait le bois, un sadique frappait avec du métal.
Enfin ce mot pour ajouter être heureux que Zoé vous ajoute dans son VdB...
Que de richesses dans ce billet, vous auriez dû les déposer goutte-à-goutte, avec parcimonie pour qu'on les déguste comme une ambroisie.
Des mots polis avec tant d'élégance !
Et les photos en noir et blanc, mon faible ! Nuages, torchis et tourterelles pour l'éloge de la matière, traces d'été pour son théâtre d'ombres.
Tiens, les tourterelles, je ne les ai pas vues du premier coup, sans doute se sont-elles posées entretemps dans mon champ de vision !
@ Saravati
les tourterelles d'ici, elles ont plus d'un tour dans leurs ailes...
Joli ce billet!!!!
Mes préférés ! la première, les oiseaux..."Opération à coeur ouvert... " me parle bien.... et puis aussi "c'est étrange..."
J'aime aussi les photos en N/B,de jolis constrates.
L'hiver ardennais peut bien attendre.... ;-)
@ kris
mais l'hiver est promesse d'autres N/B qui semblent d'ailleurs préoccuper grandement les faisans arpentant mon jardin en ce moment...
Je croyais ne pas aimer les listes. (Dantzig m'agace.) Mais entre celles de Vinau et les vôtres, je suis enchantée comme une merlinoise.
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