DANS LA MARGE

et pas seulement par les (dis) grâces de la géographie et de l'histoire...

mardi 28 octobre 2008

P. 41. Quatre films à (ré)écouter...

Les grands marionnettistes qui décident officiellement du défilement du temps, nous accordent royalement une heure de plus depuis ce dimanche...

Autant d'espaces élargis pour se souvenir et y puiser des rêves à venir.
En primaire, sur leurs fiches de scolarité, les enfants d'un ami cinéaste écrivaient scrupuleusement : "révolutionnaire" en réponse à la question portant sur la profession de leur père. Naïveté ou lucidité intacte ? ... Puis, au sortir de l'adolescence, le fils, étudiant en médecine, accompagnait en bénévole l'un(e) ou l'autre aveugle dans les salles de cinéma. Pour leur sous-titrer verbalement les images défilant sur le grand écran.
D'où l'origine de cette page.
Quatre films aux bandes d'une sonorité pas encore oubliée.

1958. Jacques Tati : Mon Oncle.

(Affiche : Pierre Etaix)

Audiberti, Brassens, Bussières, Caussimon, Dac, Doisneau, Grimault, Lamorisse, Prévert, Renoir (Jean), Robert (Yves), Tati, Trenet, Vian... Au nombre de leurs points communs : une profonde tendresse pour les malmenés de la vie et leur lucidité attristée devant une époque qui bascule, chavire.
Bientôt les "frères humains" ne seront plus que des "gens". Le monde du travail se trouvera dissout dans la mondialisation. Véroles et autres pestes défigureront les paysages même les plus secrets. Des villes se dresseront verticalement en tours infernales dans des zones-réserves non naturelles pour rejetés de la société.
Parmi les derniers gestes de résistance avant que tout ne sombre : Mon Oncle. Lui sauve au moins un gosse, son neveu, non par des discours nostalgiques ou par des leçons même pas pédagogiques, mais en lui offrant le temps de s'imprégner des douceurs, des douces heures qui vont disparaître.

ed-wood.net :

- "L'œuvre s'avère d'une richesse incroyable, d'une drôlerie irrésistible, d'une beauté visuelle ET sonore phénoménale et surtout d'une portée émotionnelle magique. C'est un film tout "simplement" parfait. L'œuvre d'un visionnaire poète, hyper sensible, hyper perfectionniste, qui signe une œuvre que l'on pourrait comparer à du "Kubrick avec des sentiments" (et de la naïveté délicate, aussi).

Mon Oncle est peut-être le film le plus triste de Tati (un comble pour une comédie), c'est aussi une des plus grandes œuvres (tout support confondu) sur le temps qui passe. Le temps qui passe et qui détruit les époques (nostalgie mais sans amertume, Tati constate, c'est tout), le temps qui fait vieillir (les scènes avec la jeune fille devant la maison de Tati font partie de ces plus beaux moments de magie cinématographique), le temps qui file toujours trop vite.

On est très ému devant Mon Oncle, de plus en plus au fil des visions (je le sais fort bien, c'est l'un des films que j'ai le plus vu dans ma carrière de cinéphile). Oeuvre inépuisable et primordiale..."

Musique : Alain Romans et Franck Barcellini.

1987. Percy Adlon: Bagdad Café.

Synopsis :

- "Les époux Münchgstettner, commerçants à Rosenheim, en Allemagne Fédérale, viennent passer leurs vacances aux Etats-Unis. Après une violente dispute avec son mari, Jasmin est abandonnée en plein milieu du désert Mojave, quelque part entre Disneyland et Las Vegas. Elle trouve refuge au "Bagdad Café", un motel-station-service délabrée, envahie par le sable et la poussière du désert. Jasmin n'a que les affaires de son mari. Aussi est-ce avec méfiance que Brenda, la patronne noire des lieux, voit s'installer cette grosse femme portant un costume loden.
Le monde semble tourner au ralenti dans cet endroit où seuls s'arrêtent encore quelques camionneurs venus faire le plein et se restaurer rapidement. La bouillante Brenda aimerait bien réer la vie des siens mais son fils, Sal Junior, se consacre exclusivement à l'étude des oeuvres de son idole, Jean-Sébastien Bach. Quant à sa fille, Phyllis, elle se préoccupe davantage de tortiller son postérieur que de l'écouter. Il y a aussi l'étrange et solitaire tatoueuse, Debby, et Rudi Cox, venu d'Hollywood et qui ferait volontiers le portrait de Jasmin.

Jasmin manque de provoquer un véritable drame en prenant sur elle de nettoyer et de ranger le bureau de Brenda. Au retour de la patronne, les foudres de celle-ci s'abattent sur elle. Mais peu à peu, Jasmin inspire confiance; le vieux Rudi aimerait bien finir ses jours avec elle. Même Brenda est désormais conquise. Grâce à une boîte de magie, Jasmin montre des tours avec la complicité de Brenda. Le " Bagdad Café " fait peau neuve et devient l'attraction de toute la région pour tous les routiers. Les affaires sont florissantes, jusqu'à ce que l'office d'immigration cause des tracas à Jasmin, au grand désespoir de Brenda et des siens. Mais Jasmin est bientôt relâchée et le "Bagdad Café" revit."

(Question personnelle et idiote : le film a-t-il gardé aux States le même titre depuis que Bagdad est devenue synonyme de capitale cauchemardesque pour les boys qui l'occupent ?)


Calling You

Paroles et musique de Bob Telson
Interprétation de Javetta Steele

Desert road from Vegas to nowhere
Someplace better than where you've been
A coffee machine that needs some fixing
In a little cafe just around the bend

Refrain :
I am calling you
Can't you hear me
I am calling you

Hot dry wind blows right through me
Baby's crying and I can't sleep
But we both know a change is coming
It's coming closer
Sweet release

Refrain

Desert road from Vegas to nowhere
Someplace better than where you've been
A coffee machine that needs some fixing
In a little cafe just around the bend
Hot dry wind blows right through me
Baby's crying and I can't sleep
And I can feel a change is comingcoming closer
Sweet release


Refrain.

1991. Christine Pascal : Le Petit Prince a dit.

Bernard Génin :

- "Apprenant que sa fille, Violette, 10 ans, a une tumeur au cerveau, Adam l'arrache littéralement aux médecins. Non, elle ne subira pas les horreurs de l'acharnement thérapeutique. Elle fera un long périple en Provence, où Mélanie, sa mère, jusque-là séparée d'Adam, les rejoindra. La cellule familiale se reforme provisoirement, jusqu'à l'arrivée de la maîtresse d'Adam...

Un film plein de vie sur la mort : c'est ce qu'a superbement réussi Christine Pascal. Qui devinerait, en voyant Violette, ronde et rieuse, que la mort est au travail ? Ses parents en oublient leurs différends et semblent vouloir vivre deux fois plus fort. Constamment sur le fil, Christine Pascal s'attarde sur la plénitude des corps, sur la beauté de la nature ensoleillée. Ce n'est que furtivement qu'elle nous montre se ternir le regard de l'enfant (Marie Kleiber, inoubliable).


Prix Louis-Delluc 1992, Le petit prince a dit redonne leur sens à deux qualificatifs galvaudés : pudique et bouleversant. D'autant que, depuis, la réalisatrice nous a quittés tragiquement {suicide} après un dernier film, Adultère, mode d'emploi (1995)."
(Télérama, 14 octobre 2006)



Bande Originale du Petit Prince m'a dit : Requiem de Fauré. Ici, dans la version du King's College.

1992. Tony Gatlif : Latcho Drom

Synopsis :

- "Voyage aux sources de la culture rom, où Tony Gatlif, gitan d’origine algérienne, passe en revue toutes les déclinaisons et toutes les instrumentations possibles de la musique tzigane à travers du Nord-Ouest de l’Inde, en passant par l’Egypte, la Turquie, la Roumanie, la Hongrie, la Slovaquie et la France.
Mille ans d’histoire marquée par la haine et le rejet de ces peuples qui jouent leur vie et expriment leurs sentiments jusqu’à la folie. "Latcho Drom" signifie "bonne route".

Jean-Luc Macia :

- "Cent minutes de chants, magiques,émouvants. Pas une comédie musicale mais peut- être le premier pamphlet cinématographique uniquement en musique. Les héros ? : des anonymes bien typés. Oh, ne voyez aucun racisme dans cette épithète car Latcho Drom est sans doute le meilleur plaidoyer antiraciste jamais réalisé.

...Rien n'est affirmé, tout est suggéré. La musique est toujours belle, parfois envoûtante... Comme par magie et avec un vrai talent de cinéaste, Tony Gatlif a réussi son
pari."
(Le Monde)

Parce qu'il n'est pas question d'oublier qu'à Auschwitz, un camp dans le camp, avait été entouré de barbelés pour les Tziganes dont le voyage devait lui aussi se terminer en fumées et en cendres...


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