D'après la signature de L Fer Céline (graphisme JEA / DR).
Ne peut-on cesser de faire remuer le cadavre
de Céline ?
Pardon à celles et à ceux dont les blessures jamais refermées ne seront pas épargnées par cette page. Elle sort de l'ombre suite à la lecture de cette nième provocation en faveur de l'ignoble Céline et dont le Nouvel Observateur vient de se faire l'écho :
- Céline, humaniste incompris...
"Les pamphlets antisémites de Céline ont été écrits pour « éviter de nouveaux massacres ». C'est ce qu'ose affirmer un plaidoyer pour l'auteur de « Bagatelles pour un massacre » paru dans un respectable journal anglais. Il n'est pas passé inaperçu, comme le raconte Olivier Postel-Vinay dans le n° 10 du magazine « Books », qui sera en kiosque ce jeudi 29 octobre."
(NO, 26 octobre 2009).
La tactique des révisionnistes est aisée. Les protections de Céline veillent à ne pas laisser lire ses infâmies. Une loi veut également en protéger le public. Résultat : il se dit et se répète que Céline aurait bien signé des mots le déshonorant à jamais. Mais lesquels ? Dans quels contextes ? A quel point de sanie ? N'exagère-t-on pas ? Après tout, il avait du "génie" et c'est l'essentiel...
Avec le temps qui éponge. Avec la paresse ou la peur de lire dans les textes. Avec les nostalgiques d'"Au pilori". Avec les récurrences de l'antisémitisme... On en arriverait à présenter Céline comme une victime ce criminel de la plume. Trop tard pour le proposer comme prix Nobel, sinon pourquoi se gêner ? Alors, jouons la carte du "sauveur" !!! C'est odieux. En voici quelques preuves. Références à l'appui comme il se doit.
Brasillach Robert et Céline :
- "Le succès du livre {Bagatelles pour un massacre, Denoël, 1937} de Céline, véritable « cri de révolte des indigènes » eût été inconcevable il y a dix ans. Au Parlement, dans la rue, chez les médecins, les avocats, la question juive est désormais au premier rang."
(Je suis partout, n° 386, 15 avril 1938).
Cousteau Pierre-Antoine et Céline :
- "C’est notre génial ami Céline qui l’a dit – et il faut toujours revenir à Céline -."
(Je suis partout, n° 652, 11 février 1944).
Céline et la Culture :
- "Le latinisme plaît beaucoup aux méridionaux francs-maçons. Le latinisme c’est tout près de la Grèce. La Grèce c’est déjà de l’Orient. L’Orient c’est en plein de la Loge. La Loge c’est déjà du juif. Le juif c’est du nègre. Ainsi soit-il."
(L’Ecole des cadavres, Denoël, 1938, p. 284).
- "Un seul ongle de pied pourri, de n’importe quel vinasseux ahuri truand d’Aryen, vautré dans son dégueulage, vaut encore cent mille fois plus, et cent mille fois davantage et de n’importe quelle façon, à n’importe quel moment, que cent vingt-cinq mille Einsteins, debout, tout dérétinisants d’effarante gloire rayonnante. »
(Bagatelles pour un massacre, p. 319).
Céline et Desnos Robert :
- "Votre collaborateur Robert Desnos (1) est venu dans votre numéro du 3 mars 1941 {Aujourd’hui} déposer sa petite ordure rituelle sur les Beaux Draps (…).
Pourquoi M. Desnos ne hurle-t-il pas plutôt le cri de son cœur, celui dont il crève inhibé… « Mort à Céline et vivent les juifs ! » M. Desnos mène, il me semble, campagne philoyoutre (et votre journal) inlassablement depuis juin (…).
Que ne publie-t-il pas M. Desnos, sa photo grandeur nature, face et profil, à la fin de tous ses articles ? »
(Sommation d’huissier publiée dans Aujourd’hui, 7 mars 1941).
Première édition : 1937.
Céline et l'Extermination :
- "Vinaigre ! Luxez le juif au poteau ! Y a plus une seconde à perdre."
(Entretien avec Henri Poulain, Je suis partout, 7 mars 1941).
- "Il {Céline} dit combien il était surpris, stupéfait, que nous, soldats, nous ne fusillions pas, ne pendions pas, n'exterminions pas les Juifs, - il est stupéfait que quelqu'un disposant d'une baïonnette n'en fasse pas un usage illimité." (7 décembre 1941)
Ernst Jünger, Journal, T. I, 1941-1943, Julliard.
- "Nous nous débarrasserons des Juifs, ou bien nous crèverons des Juifs, par guerres, hybridations burlesques, négrifications mortelles. Le problème racial domine, efface, oblitère tous les autres."
(L’Ecole des cadavres, p. 216).
- "Volatiliser sa juiverie serait l’affaire d’une semaine pour une nation bien décidée."
(Lettre à Jacques Doriot, Cahiers de l’émancipation nationale, mars 1942).
Céline et la Démocratie :
- "Paravent de la dictature juive."
(Bagatelles pour un massacre, p. 51).
Céline et les juifs :
- "Avant la venue d’Hitler, les Juifs trouvaient ça très normal les méthodes racistes. Ils se faisaient pas faute eux-mêmes d’être racistes, largement, effrontément, frauduleusement."
(L’Ecole des cadavres, pp 113-114).
- "La Judéologie est une science, l’étude de la maladie juive du monde, du métissage aryano-juif (…). Certains judéologues possèdent leur science à fond, sur bout des doigts, les rudiments, l’Histoire des Juifs, du complot juif depuis l’Ethnologie, la Biologie du Juif. Leurs travaux sont célèbres, incontestés, fondamentaux. Tous les Aryens devaient avoir lu Drummont (2) {sic}."
(L’Ecole des cadavres, pp 34-35).
- "Le Juif n'est pas tout mais il est le diable et c'est suffisant. Le Diable ne crée pas tous les vices mais il est capable d'engendrer un monde entièrement, totalement vicieux."("Lettre à Lucien Combelle", in P. Alméras, Les idées de Céline, Berg).
- "Bouffer du juif, ça ne suffit pas, je le dis bien, ça tourne en rond, en rigolade, une façon de battre du tambour si on saisit pas les ficelles, qu'on les étrangle pas avec. Voilà le travail, voilà l'homme."
(Les Beaux Draps, Denoël, 1941, p. 115, 1941).
Céline et Hitler :
- "Je me sens très ami de Hitler, très ami de tous les Allemands, je trouve que ce sont des frères, qu'ils ont bien raison d'être racistes. Ca me ferait énormément de peine si jamais ils étaient battus. Je trouve que nos vrais ennemis c'est les Juifs et les francs-maçons."
(L'Ecole des cadavres, p. 198).
-"Moi, je voudrais bien faire une alliance avec Hitler. Pourquoi pas ? Il a rien dit contre les Bretons, contre les Flamands… Rien du tout… Il a dit seulement sur les Juifs… Il les aime pas les Juifs… Moi non plus. J’aime pas les nègres hors de chez eux…"
(Bagatelle…, p. 317).
- "Chaque fois que Hitler prend la parole, il engage formellement la responsabilité des Juifs quant au déclenchement de la guerre européenne. Alors, pourquoi vous, qui voulez vous incorporer dans le National-Socialisme, n'engagez-vous pas également cette responsabilité ? Autre question. Etes-vous racistes comme tous les nationaux-socialistes dont Hitler fut, dès la première heure, le porte-parole, ou êtes-vous antiracistes ? Si vous êtes racistes, pourquoi n'en parlez-vous jamais ?"
(Au Pilori, 11 décembre 1941).
Première édition, 1938.
L’Ecole des cadavres :
- "L’Ecole était le seul texte à l’époque (journal ou livre) à la fois et en même temps : antisémite, raciste, collaborateur (avant le mot) jusqu’à l’alliance militaire immédiate, antianglais, antimaçon et présageant la catastrophe absolue en cas de conflit."
(Préface de l’édition de 1942).
Céline et le Racisme :
- "Racisme d’abord ! Racisme avant tout ! (…) Désinfection ! Nettoyage ! Une seule race en France : l’Aryenne."
(L’Ecole des cadavres, p. 215).
- "Racisme fanatique total ou la mort !"
("Lettre à A. Laubreaux", Je suis partout, 22 novembre 1941).
- "Les rejetons aryens de plus en plus aryens, les jaunes de plus en plus jaunes, les Juifs hybrides grotesques (regardez ces figures) de plus en plus impossibles."
(L’Ecole des cadavres, p. 109).
- "Pour recréer la France, il aurait fallu la reconstruire entièrement sur des bases racistes-communautaires. Nous nous éloignons tous les jours de cet idéal, de ce fantastique dessein… Liés, amarrés au cul des Juifs, pétris dans leur fiente jusqu’au cœur, ils s’y trouvent adorablement."
(Lettre à Jean Lestandi, Au pilori, 2 octobre 1941).
- "Il s’en faut de cent mille élevages, de cent et cent mille sélections raciales, éliminations rigoureuses (entre toutes celle du Juif) avant que l’espèce ne parvienne à quelque tenue décente, aux possibilités sociales (…). Par la sélection raciste, par l’élimination très stricte de tous les immondes, avant le dressage de tous les confus, les douteux, les hybrides néfastes, de tous les sujets trop bâtards, récessifs."
(L’Ecole des cadavres, pp 135-136).
Céline et le Révisionnisme :
- "Son livre, admirable, va faire gd bruit – QUAND MEME. Il tend à faire douter de la magique chambre à gaz ! ce n’est pas peu (…). C’était tout la chambre à gaz ! Ca permettait TOUT."
(A propos de la publication en 1950 du premier livre révisionniste signé par Paul Rassinier (3), Le mensonge d’Ulysse. Extraits d’une lettre à Albert Paraz, 8 novembre 1959. Cahiers Céline, 6, p. 276).
Céline et les Stérilisations :
- "Est-ce Drumont, est-ce Gobineau (4), ou le génial (il fallait avoir du génie vu l’époque…) Céline qui lança le premier l’idée mirifique. Un seul moyen pour se débarrasser des Juifs, sans massacres, sans pogroms : les stériliser. Oui, tous, mâles et femelles. Les enfermer d’abord dans de vastes camps, les prendre un à un, et hop !"
(Jacques Bouvreau, Au pilori, 23 juillet 1942).
- "Le chirurgien fait-il une distinction entre les bons et les mauvais microbes… Il doit stériliser… supprimer tous les germes… et par conséquent toute possibilité d’infection… comme pour dératiser un navire, dépunaiser votre maison… il faut une désinfection totale du pays – corps et âme… des déjudaïsations…"
(L’Ecole des cadavres, pp 260 à 264).
Thomas Louis et Céline :
- "A Louis-Ferdinand Céline qui a vigoureusement dénoncé les Juifs, parce que médecin des pauvres, il les a vus très malheureux sous la domination des Yds qui s’étaient emparés de la France."
(Préface, Les Raisons de l’antijudaïsme, Les Documents contemporains, 1942).
Fac simile de la fausse carte d'identité utilsiée par Céline pour quitter la France dans les bagages des Allemands (DR).
NOTES :
(1) Robert Desnos (1900-1945). Arrêté le 22 février 1944. Mort à Theresienstadt.
(2) Edouard Drumont (1884-1917). Auteur de "La France juive devant l'opinion", publiée en 1886. Bible estimée "immortelle" par les antisémites de service.
(3) Joseph Arthur Gobineau (1816-1882). Signa les 4 tomes de l'"Essai sur l'infériorité des races humaines" (fin de publication en 1855).
(4) Paul Rassinier (1906-1967). Promoteur du révisionnisme à la française. Réduisant la Shoah à une pseudo invention destinée à escroquer financièrement...
44 commentaires:
j'avoue que depuis longtemps la beauté du style n'est plus qu'un souvenir pour moi (idiot parce que "le voyage" n'affiche pas cette idéologie) incapable ue je suis de le lire, je fis un blocage
Pardonnez-moi mais vous êtes incroyable !
Le blog reste à l'ombre près de 20 jours. Une nouvelle page aujourd'hui mais sans avertissement. Parce que trop de Céline, c'est trop...
Et vous êtes encore et toujours la première à commenter. Les cartes géographiques doivent être revues qui situent Avignon bien loin des Ardennes.
@ Frasby
Que "votre joie demeure"...
Merci de rappeler que ce type était à gerber.
@ Anna de Sandre
Merci de "carder" vos amis...
Révisionnisme abject - qu'ajouter? Sinon que vous faites oeuvre utile, textes à l'appui, en le rappelant encore et encore.
Quelle bonne surprise de pouvoir rouvrir ce blog, merci !
@ Tania
Mais il reste des "spécialistes" pour prendre des balances de pharmacie et des pincettes. Et qui s'interrogent doctement quant à savoir si Céline n'est pas un malheureux "persécuté".
La ficelle à laquelle les révisionnistes veulent pendre la vérité historique est tellement grosse...
Ces mots de haine se prononcent toujours. Ignorant les clivages politiques. Ces cris de « Mort aux Juifs » dans des manifestations d'extrême gauche... Sans obtenir des organisateurs autre chose que des explications embarrassées.
La haine d'un groupe, la haine d'un peuple, la diabolisation constante. Chaque époque s'invente des prétextes. Fustiger le passé pour se dédouanner au présent ?
Cher JEA vous savez naturellement que ceci ne s'adresse pas à vous. Merci une fois de plus pour ce billet. Comme de nous offrir de nouveau vos pages.
@ Elisabeth.b
Vos paysages avec jardins et chemins quand ailleurs, l'air devient irrespirable...
À l'heure où l'on débat de la castration chimique, ce billet est poignant.
ArD
Je tombe pile, à la faveur d'un commentaire ce matin sur le mien, sur votre blog réapparu, comme à nouveau avec un soleil pourtant légèrement voilé.
Car cette anthologie célinienne arrive juste au moment où Eric Besson lance sa campagne sur "l'identité nationale" qui n'est pas sans rappeler les relents de l'époque pétainiste, telle que décrite par les historiens sérieux.
On verra peut-être bientôt des cartes d'identité (dans le genre de la fausse utilisée par Céline) pour certaines catégories de population, comme il y a, paraît-il, des immigrés "méritants" (les autres sont renvoyés à Kaboul où notre armée "pacifie" sans problème).
Et puis, un jour par an, nos enfants chanteront la Marseillaise (si Eric Besson parvient à mettre en oeuvre ses propositions affligeantes), comme il fallait entonner "Maréchal nous voilà !" dans les classes durant l'Occupation.
On pourra alors enfin rééditer et largement diffuser les pamphlets antisémites de Céline.
Votre retour, cher JEA, coîncide, à quelques jours près, avec celui de Dominique Hasselmann. Champagne (Ardenne) !!!
Ah oui, je suis précisément en train de lire "Céline", le nouveau Sollers.
Sollers aime Céline, et il s'en explique.
En outre, JEA, et sans doute serez-vous d'accord avec moi, Sollers ne peut être taxé de révisionniste par qui que ce soit et pour quoi que ce soit.
@ ArD
En préparant la page et donc en limitant les citations faute de place mais aussi pour ne pas rendre trop malade à la lecture, j'ai effectivement veillé à placer un "Céline et les stérilisations". D'autant que l'actualité populiste évoque même au niveau ministériel, des "castrations physiques"...
@ D. Hasselmann
Le bain révélateur non seulement de vos photos mais aussi de votre plume...
Rien de plus ajouter à tout ce qui a déjà été dit, si ce n'est : ça c'est un retour !
@ Chr. Borhen
Accordez-moi que jamais je ne cherche à galvauder les mots. Et s'il en est bien un qui soit une mine toujours prête à exploser, c'est bien : "révisionniste" (je préfère "négateur").
Et donc Tardi qui illustre "Le voyage au bout de la nuit", jamais il ne me viendrait la facilité, l'injustice et l'indécence de chercher à lui coller une étiquette de "révisionniste". De même pour Sollers. Que lui et que d'autres apprécient les talents de Céline romancier, ne les rend pas complices de mises en cause de la réalité même des chambres à gaz par le Céline pamphlétaire...
Mon propos c'est de refuser, d'argumenter mon refus de voir Céline hissé sur le pavois d'un "humaniste" incompris.
Il avait du talent, d'aucuns parlent de "génie". Quand ce talent, pendant des années et sans regret, est mis au service du nazisme, de la Shoah et autres barbaries, je le dis et le prouve. Un criminel de la plume ayant du talent, n'en reste pas moins un criminel. Relisons sa délation de Desnos. On sait comment cela devait finir...
@ C. Watson
J'eusse souhaité vraiment vous souhaiter la bienvenue dans un autre contexte que celui polémique de la bave célinienne...
Non seulement je vous l'accorde mais je n'en ai JAMAIS douté, JAMAIS.
De plus, c'est sans abstinence ni procuration que, si vous le permettez, je cosigne chacun des termes de la réponse que vous avez eu la gentillesse de m'adresser.
Cela étant, je continue de penser que, "pris et compris en tant que tel", un roman tel que "Voyage au bout de la nuit" constitue une oeuvre brillante et majeure (question de "goût").
Enfin, s'agissant de l'antisémitisme de Céline - et l'antisémitisme est abject (euphémisme) et Céline fut nazi -, il m'arrive de me demander, parfois, si, à tout prendre, son côté boursoufflé et dégueulasse n'est pas moins "néfaste", et moins néfaste parce que plus "visible", que les habiles circonvolutions de dandys précieux et plumitifs, à la prose moisie et puante, qui, en outre, exercent leurs talents, ici et maintenant, très tranquillement...
Disant cela, je pense, entre autres, à cette enflure de René Camus.
@ Chr. Bohren
Ceux qui brillèrent moins au firmament des collabos mais en tirèrent largement profits...
Vous me faites penser au quotidien "Le Monde" qui, en toute connaissance de cause, offrit sa critique gastronomique (quel humour !!!) à Robert-Julien Courtine (1910-1998), l'un des trois piliers de l'Appel, organe de la "Ligue d'épuration" nazifiante...
Par contre, vite vos lumières car personnellement, j'avoue que le sieur René Camus m'est inconnu au bataillon des collabos. Un rapide coup d'oeil sur mes réserves ne m'a pas rassuré sur mon inculture...
"Les collaborateurs juifs du Panorama de France-Culture exagèrent un peu tout de même : d’une part ils sont à peu près quatre sur cinq à chaque émission, ou quatre sur six ou cinq sur sept, ce qui, sur un poste national ou presque officiel, constitue une nette sur-représentation d’un groupe ethnique ou religieux donné ; d’autre part, ils font en sorte qu’une émission par semaine au moins soit consacrée à la culture juive, à la religion juive, à des écrivains juifs, à l’État d’Israël et à sa politique, à la vie des juifs en France et de par le monde, aujourd’hui ou à travers les siècles."(Renaud Camus, donc, in "La campagne de France, Journal", Fayard, 1994)
Je me souviens, à l'époque, que ces quelques lignes avaient fait du bruit, les uns dénonçant l'antisémitisme de Camus (BHL, Sollers, moi-même dans le quotidien "L'Est Républicain"...), les autres prenant sa défense (Emmanuel Carrère, Alain Finkielkraut, Elizabeth Lévy, etc.)
Camus, aujourd'hui, continue d'écrire et de publier (au grand jour), chez POL, dans un très beau style de surcroît. En outre, il est président d'honneur d'un mouvement politique qu'il a fondé, le Parti de l'In-nocense (in-nocense.org). S'agissant de l'immigration, par exemple, le programme dudit parti est assorti du préambule suivant :
"D'inspiration "cratylienne", le parti de l'In-nocence est profondément attaché au caractère "français" de la France et "européen" de l'Europe, de même qu'au caractère suisse de la Suisse, italien de l'Italie, juif de l'État d'Israël ou japonais du Japon - bref à la diversité du monde. Il observe que la souhaitable intégration des immigrés devient très difficile, voire impossible, dès lors que leur nombre est tel, en proportion, qu'il dépasse les capacités intégratrices de la population antérieurement sur place. C'est très injustement selon lui que cette population autochtone est sommée de s'"intégrer" elle-même à un nouvel ensemble où ses traditions, sa culture, son mode de vie et sa propre identité se noient dans une indifférenciation hostile, tandis que se trouve gravement compromise une part importante des acquis de civilisation qu'elle avait su s'assurer, et qui ont fait justement l'attrait du pays pour les habitants des autres régions du globe."
Moi, quand je lis ça, je vomis.
in-nocence.org (pardon)
@ Chr. Borhen
Bon sang mais c'est bien sûr !!!
J'étais en pleine nuit et profond brouillard de la Shoah. Sans être revenu parmi les contemporains...
Et donc cherchais ce Camus-là dans les signatures de "Je suis partout" etc...
Grâce à vous, les pendules sont remises à l'heure. Evidemment ce Camus obtus, comment n'y avais-je point pensé ???
Ma seule, unique excuse : "L'Est Républicain" ne parvient pas jusque dans les Ardennes.
Soyez remercié pour ce rappel aux réalités présentes.
Le 'visible' moins néfaste ? Faut-il oublier l'Histoire des années 40 ?
Quant à l'antisémitisme de Renaud Camus, il a donné lieu à bien des débats.
L'indifférence au présent à l'antisémitisme qui s'exprime, qui ne cesse de s'exprimer dans notre pays, avec trivialité ou subtilité, est beaucoup plus inquiétante.
Le talent n'absout rien. On peut refuser de lire un écrivain. C'est au-delà du refus. Comme on ne peut entendre certaines musiques. C'est au-delà de la volonté. Marquées durablement par l'abjection.
Les tortionnaires peuvent être des brutes incultes ou de fins lettrés. Le siècle passé à détruit à jamais l'idée que la culture était une protection contre la barbarie.
@ Elisabeth.b
- "Trop souvent l'Europe considère que la Shoah est la tragédie des seuls juifs, sans réaliser qu'elle est aussi le drame de son propre effondrement, car l'Europe qui se reconstruit peu à peu, restera longtemps encore, quels que soient les régimes politiques et la prospérité, un baraquement de chantier en préfabriqué, parmi les ruines de ce qui fut l'architecture même de l'esprit."
Alain Fleisheir
("Les Angles morts". Seuil)
Oui. Elle continue dans cette erreur (ignorance volontaire ?) . Elle considère si souvent que l'antisémitisme ne nous concerne pas tous. D'où l'usage indécent qui peut être fait du mot 'communautarisme'.
Les mots d'Alain Fleisher disent remarquablement cette Europe qui a choisi de détruire une partie d'elle-même. Apauvrie à jamais. Choisirait-elle un jour d'oublier.
@ Elisabeth.b
Au long de traversées de désert, parfois je relis ces lignes que vous connaissez mais partagées volontiers avec vous :
- "- Les oubliettes n'existent pas. Rien d'humain n'est à ce point parfait, et il y simplement trop de gens dans le monde pour rendre l'oubli possible. Il restera toujours un survivant pour raconter l'histoire... La leçon de ces histoires est simple et à la portée de tous. Politiquement parlant, elle est que, dans des conditions de terreur, la plupart des gens s'inclineront, mais que certains ne s'inclineront pas... Humainement parlant, il n'en faut pas plus, et l'on ne peut raisonnablement pas en demander plus, pour que cette planète reste habitable pour l'humanité."
Hannah Arendt
"Eichman à Jérusalem"
et j'ajoute une page au blog du Comité Français pour Yad Vashem.
A l'ombre (que c'était long !) près de 20 jours, j'ai guetté fébrilement le retour de ce blog, comme vous savez. ô oui! ma joie demeure ! surtout n'en doutez pas... Mais comble de la joie (qui demeure), j'ai dû la cacher un instant devant ce billet sidérant. Ces extraits de haine à vomir, qui se superposaient avec des débats très actuels (dont parlent vos commentateurs) comme ce terme de "castration chimique" entre autres horreurs en vogue en ce moment. Pardonnez moi, de n'avoir pu commenter de suite. Je vous ai lu, et me suis trouvée "bec claqué" par trop de choses que j'ai essayé longtemps d'ignorer (Cela s'appelle mettre la tête dans le sable) d'où cette relation étrange que j'entretenais (parlons à l'imparfait) avant ce billet,encore un peu avec certains livres de Céline, forte attraction pour le style, grande répulsion, dégoût de ses idées. Tout comme le dit Tania, "vous faites oeuvre utile, textes à l'appui" assez courageusement, je trouve. Mais votre billet a dû balancer un pavé quelquepart sur mon ignorance, pour me faire un effet pareil. En tout cas vous avez réussi JEA, à m'éclairer par ces textes, et votre façon à vous de nous en apprendre...Je savais le bonhomme assez ignoble, mais à ce point, je ne m'en doutais pas... J'encaisse ce coup, et c'est plutôt une excellente chose. Merci à vous pour ce billet fulgurant. Que votre blog demeure le plus longtemps possible. Ca repart très fort.
J'insiste et signe (avec ma joie).
Votre joie fait plaisir à lire Frasby. Je ne souhaite pas lancer la discussion ici, mais je me permets une remarque. Le débat actuel autout de la 'castration chimique' (c'est un traitement) est d'un ordre différent. Il concerne des criminels. C'est à dire des hommes jugés pour leurs actes, qui sont très graves. Non je ne prétends pas que cela justifie tout, rassurez-vous.
La haine antisémite, inexplicable, concerne des enfants, des femmes et des hommes parce qu'ils sont nés Juifs.
Quand en Europe, des années 70 à 2002, on a stérilisé de force des femmes Rroms, parce qu'elles étaient nées Rroms, on a renoué avec des pratiques criminelles. Curieusement il s'en est peu parlé.
Comprenez, je ne cherche nullement à donner de leçon. Mais je suis convaincue qu'il est essentiel d'essayer de nommer le plus justement possible. Je crains les amalgames. Tout n'est pas identique.
Être jugé pour un acte. Être objet d'insultes, d'agression, être torturé, assassiné sans autre raison que sa naissance.
@ frasby
Je laisse les pavés à Mai 68, non pour les lancer mais bien évidemment pour les plages ainsi libérées (en vérité, à cette époque-là, je n'en ai pas touché un seul mais j'ai définitivement décidé de ne pas enseigner les scléroses).
Par ce billet, le but n'est pas de choquer, encore moins de blesser. Mais d'informer. De réagir, arguments à l'appui, face à un nouvel essai de blanchiment d'un Céline au cadavre relifté sous les traits d'un "humaniste".
Si les citations reprises ne vous sont point connues, quoi d'étonnant ? Non pas que vous soyez personnellement en cause EVIDEMMENT. Mais parce des ayant-droits s'opposent à la diffusion des textes les plus puants de Céline. Parce qu'en France, une loi écarte les pamphlets les plus ignobles de l'exposition et de la vente au public. Ainsi, deux volontés opposées se rejoignent pour obtenir un résultat commun : une occultation. "On" dit que Céline fut "antisémite maladif", "collabo sans états d'âme" mais en restant dans le vague. Alors, l'histoire se confirme n'être pas un luxe, elle qui recherche, recoupe, compare et puis laisse libres les lectrices et lecteurs de se construire leurs opinions.
Sinon, votre commentaire me laisse sans voix. J'arriverai néanmoins à murmurer : merci.
@ Elisabeth.b
Il y a des préalables pour effectivement ne pas tomber dans les anachronismes, les comparaisons impossibles, les concours aux horreurs.
Et donc la Shoah est unique dans l'histoire de l'humanité (nombre de victimes, méthodes d'extermination etc).
Et donc trois génocides resteront comme autant de hontes pour le XXe siècle : les Arméniens, les juifs, les Tutsis.
A notre que pour avoir simplement rappelé ces évidences, je me suis fait insulter de "Mengele" sur le blog de la République des Libres !
Si la mémoire de toutes ces victimes appelle le refus d'oublier (et de pardonner), leur histoire nous éclaire sur les présents. Et nous interpelle. Ne serions-nous pas aussi, un jour, parfois, ou plus, des complices de racismes, de nationalismes, d'injustices, d'humiliations, de rejets des différences ???
C'est au nombre de ces points d'interrogation que se situe par exemple l'évocation par une Ministre de la castration physique. Ce qui revient à répondre au crime par la barbarie, à faire régresser ainsi l'humanisme, à cultiver une politique suiviste, marchande du temple des populismes.
Cher JEA, je me trouve bien embarassée. je venais joyeusement vous entretenir d'un sujet léger vous et votre guimbarde et je repars, car à la suite de ce billet ce serait indécent et dérisoire.
Mais je suis heureuse que vous ayez décidé d'ajouter des pièces aux Mot()saiques. Même si celle-ci est une brulurecouticri
@ Chère zoé lucider
Demain promis, ce billet sera tourné.
JEA « C'est au nombre de ces points d'interrogation que se situe par exemple l'évocation par une Ministre de la castration physique. Ce qui revient à répondre au crime par la barbarie,... »
Ne pas oublier une composante dans cette analyse : infliger une peine irréversible revient à tuer 2fois en cas d'altération de la capacité de ceux qui jugent. C'était le cas de la peine de mort. On ne ressuscite pas après avoir été innocenté, des années plus tard. Son irréversibilité aurait mérité qu'elle n'existât jamais. Alors, les castrés qui seraient décastrés en cas d'erreur judiciaire ? Mmmhhh, je n'y crois guère.
ArD
@ Ard
La peine de mort a été abrogée en Belgique après un trop grand nombre d'erreurs judiciaires...
Et j'ai été tellement touché par Julos Beaucarne rappelant son refus définitif de la peine de mort au soir de l'assassinat de sa compagne, France, par un errant que tous deux avaient recueillis...
Bonjour Jea, vous voilà donc de retour, c'est une bonne nouvelle. Je ne me lancerai pas dans de longs discours sur Céline qui est lié pour moi à des souvenirs personnels difficiles. J'ai eu à subir de longs discours révisionnistes. Passons.
Je dirai juste que tout en trouvant "le voyage" brillamment écrit (comme Christophe), ce que véhicule Céline justifie que ma lecture se soit arrêtée là.
@Elisabeth. b : Pour les amalgames, j'entends bien, vous avez raison d'être très prudente. Mais notez que je n'ai soulevé aucun débat parce qu'il me paraitrait hors sujet pour les raisons qui se trouvent à la fin de votre commentaire. Simplement, qu'un terme comme "castration chimique" puisse apparaître dans les médias aujourd'hui et se faufiler très naturellement aux oreilles d'auditeurs,m'inquiète et me glace puisque ce terme appartient à ce genre de champ lexical qui me semble faire le terrain des totalitarismes. Ensuite pas question pour moi, de mélanger les sujets. Mais JEA aborde cela très bien et si je me suis mal exprimée je vous prie de bien vouloir m'excuser, (je crains d'être encore assez maladroite, sur le sujet), mon intention n'était pas ici, d'émettre des parallèles entre deux éléments impossibles à comparer. Juste de souligner la gravité de ce qui peut se véhiculer dans un langage. JEA emploie un mot: "complicité" qui illustre tout à fait une crainte, au delà des débats. Une crainte de la régression des esprits, qui pourrait (dans la plus noire des appréhensions) mener par glissements (ou regression, ou, si vous voulez, haine raciale) à certaines autres dérives...
@JEA : Pavé oui, enfin c'était une image. Il y a parfois des éclairages si fulgurants, qui (r)éveillent plus qu'ils ne blessent... En vous lisant je me suis rendue compte que j'en savais peu sur Céline, presque rien (ignorante vous dis je !) ou juste ce que tout le monde connait de ses idées inacceptables. Evidemment ça met mal à l'aise de se regarder tolérer ce "peu"appris, au profit d'une admiration stylistique. La mise à jour était vraiment nécessaire, mais elle bouscule, il était temps. Maintenant que vous m'expliquez que ces textes ont été "freinés" dans leur diffusion, je comprends mieux.
Merci à vous
ps :
Difficile de glisser ma joie entre les lignes quand le thème est si grave. Je crains qu'elle ne soit mal interprétée. Donc, Je la cache. (Mais vous savez... ;-)
@ Frederique M
Ne plus le lire mais encore, comme vous, écrire, rendre leurs beautés aux mots, faire reculer les horizons des pages...
@ frasby
nous avons nos écorchures et aucune écorce ne pourrait les recouvrir...
mais nous partageons aussi parfois le pain et le vin de nos sourires...
@ Chr. Borhen
A propos de Renaud Camus, votre dernier billet qui n'est pas coincé dans la forme étriquée des commentaires de ce blog :
- http://lettreslibres.zeblog.com/420927-onze-de-choc/
Frasby le format 'commentaires' a ajouté à ma réponse une dureté qui ne vous était pas destinée. Je n'aurais pas dû réagir au débat qui m'éloignait du sujet du billet. Mais puisqu'il a été abordé... La 'castration chimique' n'est qu'un traitement médical utilisé depuis un moment en psychiatrie. Et demandé aujourd'hui par un criminel qui le sens des effets.
Si certaines questions, certains refus sont justes, ils peuvent occulter un débat essentiel. Ici les violences sexuelles. Faites à des enfants. À des femmes. Des millions de par le monde, en temps de guerre, en temps de paix. Si le mot castration fait justement horreur, qu'il ne détourne pas d'une question : cette violence faite aux plus faibles, acceptée en bien des pays, quand elle ne s'inscrit pas dans leur loi.
En Francel a fallu attendre 1980 pour que le viol soit reconnu pour ce qu'il est : un crime. Le viol commis par un époux ou un compagnon n'a été sanctionné que plus tard. L'humanisme a ses paresses.
L'effroi que suscite l'agression d'un enfant est certes instrumentalisé. Le populisme se porte bien, à droite ou à gauche, il ne connait pas le dédain.
Un retour pour un post...qui n'a rien d'une bagatelle.
Et pourtant, si l'ultime revanche, la plus douce était la compassion pour ce délire écumant, cette ratiocination haineuse? Il est mort dans le vomi et la terreur et je goûte la beauté du monde. Je peux relire le voyage au bout de la nuit, sans effroi, sans fascination.
Lui a perdu.
Occupons nous des autres.
Je vous embrasse.
@ anita
Là nous en sommes aux enfants de la 3e voire de la 4e génération issues de survivants. Ces enfants sont tellements émouvants (tout en veillant et à leur parler et à ne pas les charger d'un passé si démesuré).
Et si vous le permettez, je vous rejoindrai concrètement : occupons-nous de tous les autres !
Comme me l'écrivait un préfet interpellé : "Pour qui vous prenez-vous" ?
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