DANS LA MARGE

et pas seulement par les (dis) grâces de la géographie et de l'histoire...

vendredi 9 octobre 2009

P. 184. "Walter, Retour en Résistance", le film et ses prolongements

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Affiche : prod. La Vaka (DR).

CNR, Midi Pyrénées :

- "Le 4 novembre prochain sortira sur les écrans "WALTER, RETOUR EN RESISTANCE" de Gilles Perret, cinéaste définitivement Savoyard, dont vous avez peut-être vu "Ma Mondialisation" portrait drôlatique d'un patron qui se croyait humaniste tout en délocalisant."
(22 septembre 2009).


Synopsis :

- "A travers l’histoire de Walter, ancien résistant, ancien déporté haut-savoyard et sur fond de politique actuelle, deux questions se posent tout au long du film :

« Qu’avons-nous fait des idéaux du Conseil National de la Résistance ? »


« Résister se conjugue-t-il au présent ? »


Walter Bassan, 82 ans, rescapé de Dachau (Ph. La Vaka / DR).

Gilles Perret :

- "Ce n'est pas un sujet historique. J'ai simplement voulu poser la question suivante : aujourd'hui, qu'est-ce que la résistance ? Encore une fois, je me suis attaché à dresser le portrait d'un homme, Walter Bassan, ancien résistant, ancien déporté à Dachau, torturé. J'ai voulu à travers cet homme - qui a toujours les mêmes valeurs républicaines, les mêmes idéaux - savoir si le verbe résister peut se conjuguer au présent.

Ce qui m'a incité aussi à réaliser ce film, c'est la méconnaissance des gens de tout ce qu'a apporté le Conseil national de la Résistance, qui est à l'origine par exemple de la sécu, de la liberté de la presse Il me semble que le sujet est d'actualité, non ?
On est en train de détruire petit à petit des décennies de progrès social, en accélérant la prépondérance du système libéral. Toutes les valeurs de cette époque sont désormais récupérées dans l'esbroufe. Et le travail de laminage continue.
Dans ce contexte, où les louvoiements, les ralliements improbables se multiplient, c'est plutôt rassurant de voir que des gens comme Walter existent encore. Avec des convictions, des valeurs inébranlables."
(Interview par Cyrile Bellivier, Le Messager.fr, 4 avril 2009).

coZop, lecture coopérative :

- "Aujourd’hui Walter Bassan a 82 ans. Il vit avec sa femme en Haute-savoie, et mène une vie pour le moins active. D’écoles en manifestations, de discours engagés en témoignages de la guerre, Walter continue son long combat, fait de petites batailles, contre toutes les formes de démagogies, d’injustices et d’oppressions. De même que lorsqu’il avait 18 ans, et qu’il « jouait » comme il dit, à distribuer des tracts anti-fascistes dans les rues commerçantes d’Annecy alors occupée, Walter agit en écoutant son cœur.

« Je n’ai pas changé », comme il se plait à rappeler.
Partageant ces mêmes « raisons du cœur », Gilles Perret réalise ici un portrait vivant de cet homme calme et insurgé. Nous sommes invités à les suivre en passant du Plateau des Glières à Dachau, à faire des retours en arrière pour mieux comprendre l’Histoire, à partager leurs inquiétudes face à un monde où l’inégalité et l’injustice gagnent sans cesse du terrain, à poser les questions qui fâchent...
Sans prétention, et avec la même simplicité et constance que Walter, ce documentaire révèle l’actualité, l’importance, et la nécessité, d’une résistance au quotidien."
(26 mars 2009).


Photo de tournage aux Glières. De g. à dr. : Walter Bassan, Stéphane Hessel, Gilles Perret (Ph. La Vaka DR).

Article XI :

- "La caméra entre doucement dans sa vie, l’accompagne dans ses nombreuses activités, lors d’une intervention auprès d’écoliers, d’une visite pédagogique à Dachau avec des jeunes savoyards ou de l’inauguration d’un musée de la Résistance. Le suit sur le plateau des Glières à l’occasion de la visite de Sarkozy puis, une semaine plus tard, lors d’un pique-nique citoyen organisé au même endroit pour protester contre la tentative de récupération présidentielle. Y revient avec lui un an plus tard, rassemblement reconduit en présence de Stéphane Hessel pour rappeler « les principes du Conseil national de la résistance (CNR) qui à défini des règles de vie commune basées sur la solidarité, l’entraide et la réussite de tous ».
De ce portrait intime, celui d’un homme assez résolu pour n’avoir rien renié des convictions l’ayant poussé à prendre tous les risques plus de 60 ans auparavant, de ce film serein, se dégage paradoxalement une grande force.
La conviction - aussi - que les idéaux du Conseil national de la résistance ne sont pas morts, ne pourront trépasser malgré les coups de boutoir et les innombrables tentatives de récupération de la majorité.
L’invitation - enfin - à ne pas baisser les bras.
« Le moteur de la résistance, c’est l’indignation. Je vous conseille à tous d’avoir votre motif d’indignation », déclare Stéphane Hessel dans le film.
« L’esprit de la résistance est toujours vivant », lui fait écho Walter Bassan. Voilà.
(JBB, 23 septembre 2009).

Walter Bassan à Dachau (Ph. La Vaka DR).

Lionel Hardy, député UMP Haute-Savoie :

- "J'en ai vu des films scabreux, mais en terme de démagogie et de propagande de gauche (ou plutôt en faveur de Besancenot), on a rarement fait mieux."
(site personnel, 24 février 2009).


Peut-être la "démagogie" et la "propagande" incriminées reposent-elles en grande partie sur cette séquence sucrée joyeusement par les télévisions de service. A savoir, l'image et le son d'un Président se distinguant à sa manière sur le plateau des Glières. Le film de Gilles Perret ne l'a pas inventé. Et d'authentiques résistants tels Walter Bassan ont été obligés de le supporter.

Article XI :

- "Nicolas Sarkozy se laisse aller. Regarde à peine les deux républicains espagnols venus risquer leur peau plus de soixante ans plus tôt pour cette France qu’il est censé incarner, tout juste capable de leur dire : « Très heureux. C’est formidable ! Et en plus, moi je défends les Espagnols. » Rictus amusé, il enchaîne : « Mais les Italiens sont pas mal non plus… Maintenant que je suis marié à une Italienne, hein… ».

Sourire crispé, il observe un jeune militaire : « Il est beau, ce chasseur alpin ! Vous savez que j’ai été jeune, moi aussi ? »
Les anciens résistants ne disent mot, un gradé de l’armée français tente de ramener le chef d’État à un peu de dignité. « Nous nous sommes refusés à laisser des résistants qui étaient tombés dans une embuscade enterrés dans une fosse commune. Nous les avons ramenés ici dignement », explique t-il, très vite interrompu par un président qui ne feint même pas de se sentir concerné. Qui tend le doigt pour montrer une cascade sur les hauteurs. Qui rigole sur l’habit rose d’une membre de l’assistance. Et qui tourne les talons en assénant : « Ben oui, faut bien s’amuser un peu… ».


17 mai 2009 : rassemblement aux Glières des "Citoyens résistants d'hier et d'aujourd'hui" (Ph. FSD 74 / DR).

Stéphane Hessel :

- "Résister, c’est refuser d’accepter le déshonneur, c’est de continuer à s’indigner lorsque quelque chose est proposé qui n’est pas conforme à ses valeurs, qui n’est pas acceptable, qui est scandaleux, et je le dis en particulier à ceux, et je sais qu’il y en a ici venus de Grenoble et d’ailleurs, qui commencent leur vie de jeunes et qui vont avoir un monde en face d’eux avec des défis qui ne peuvent être abordés utilement qu’en restant fermement attachés aux valeurs fondamentales sans lesquelles notre humanité risque de péricliter."

(Les Glières, 17 mai 2009).

Raymond Aubrac :

- "Ici, nous célébrons le combat de nos camarades. Bien différents les uns des autres, mais contre un même ennemi et préparant un avenir commun. Bien différents, des Maquis, des FTP, des militants de l’Europe, de toutes sortes, unis contre l’ennemi nazi, qui veut exploiter toute la planète au nom d’une supériorité raciale, et aussi contre les complices qu’il avait malheureusement chez nous. Mais combattant pour un seul but : la liberté, l’indépendance, la justice, la solidarité.
Le combat des Glières, c’est une promesse d’avenir qui s’exprime à cette époque-là dans le monument de la Résistance qu’on appelle le programme du Conseil National de la Résistance. C’est un programme en deux parties. La première partie, elle était pour eux, pour les Résistants. Et la deuxième partie, qui prévoyait l’avenir, elle était – elle est pour nous.
Notre République, n’a d’identité qu’à travers l’héritage, c’est-à-dire l’histoire parfois dramatique de ses aspirations et de ses combats. Nous cherchons aujourd’hui qui sont les combattants qui sont aujourd’hui ici parmi nous. Les combattants, ce sont les Résistants d’aujourd’hui, ceux qui pratiquent l’indignation, comme dit Stéphane [Hessel], ceux qui reconnaissent l’injustice, mais ne se contentent pas de la reconnaître : ceux qui se dressent pour la combattre sans l’accepter. Je crois bien qu’on peut dire qu’ils sont tous républicains, mais nous devons constater qu’ils sont variés, car nous avions voulu qu’ils le soient.
Mais si quelques-uns d’entre eux veulent accaparer la mémoire, nous devons les dénoncer comme adversaires, car ils veulent accaparer à leur profit notre avenir. (Applaudissements).
Ces hommes courageux dont nous sommes les héritiers vont du souci de soi au souci des autres, et c’est cet avenir qu’il nous faut définir. Il est construit sur les valeurs qui ont construit leur combat : des volontaires, des solidaires, des tolérants, des courageux, des patriotes, peut-être des européens, des hommes et des femmes qui veulent pratiquer la justice, y compris dans le maintien et le partage des ressources vulnérables de la planète. Et nous avons besoin non seulement d’un programme commun, mais aussi de projets communs.
Voilà une des grandes lacunes de notre temps, et de notre pays. Nous ne savons pas vers quoi nous allons, dans un monde de plus en plus complexe. Il nous faut ces projets, par respect pour ceux qui se sont battus pour élaborer cette promesse d’avenir. Il nous faut aussi cet optimisme que partageaient tous les Résistants, sans exception, et qui les persuadaient d’être, à travers tant de dangers, avançant vers leur but : plus de liberté, plus d’égalité, plus de fraternité.
Voilà ce que nous devons transmettre aux jeunes, comme Stéphane, Walter, comme Serge, et comme Lucie. Merci."

(Les Glières, 17 mai 2009).

Raymond Aubrac sur le plateau des Glières (D'après une photo FSD 74 / DR).

9 commentaires:

Anna de Sandre a dit…

Résister, dénoncer, collaborer... Une employée de banque a appelé les flics pour arrêter un client légèrement noir et sans papiers qui a été expulsé. J'en ai un peu marre qu'on dise qu'il faut éduquer, informer, faire un devoir de mémoire, qu'avant "on savait pas" et gnagnagna. Il y aura toujours des connards et des dégueulasses qui envieront et haïront toujours les mêmes choses, auront les mêmes convoitises et dégoûts, et qui passeront à l'acte.
Mais il est tard, monsieur. Je rentre chez moi.

JEA a dit…

@ Anna de Sandre

Sous ma plume, vous n'aurez jamais lu : "devoir de mémoire".
Mais, parfois : "travail de mémoire". Par respect des victimes, par refus des fatalités, par volonté d'humanisme...

Anna de Sandre a dit…

Ne vous méprenez pas JEA, j'en ai juste marre que de formidables travaux comme le vôtre ne servent à rien ou n'éclairent la lanterne que d'un petit nombre.

JEA a dit…

@ Anna de Sandre

Merci (vraiment) d'être revenue sur vos pas quoique vous rentriez chez vous...
La question de "servir à quelque chose" ?
Sans simplification ni assimilation abusives. Mais sortir des poèmes du néant. En les cherchant dans l'encrier. Leur finalité est la liberté qui leur ouverte, à ces poèmes. Pas de s'interroger sur les chiffres de lecteurs, les évaluations des émotions générées.
En histoire, rechercher, critiquer, analyser, enregister des voix qui vont s'éteindre, ne pas dérouler les tapis des pouvoirs manipulateurs, étoiler les nuits et les brouillards que les négateurs voudraient définitivement obscurs...
Ce ne sont que des lanternes, certes, mais au moins elles n'aveuglent pas.

Brigetoun a dit…

aucun pouvoir ne peut sincèrement aimer l'esprit de résistance ni le tolérer, mais simplement faire semblant

JEA a dit…

- "En vérité il n'était pas question de bonheur ni de malheur, mais de passer comme passent les mouches, les oiseaux ou les crapauds. Pas inutilement. Cela demeurait très nécessaire pour la figuration du monde. Il ne fallait pas mépriser les plus simples démarches."
André Dhôtel

JEA a dit…

@ brigetoun

merci d'apporter un peu d'eau du Rhône à celle de la Meuse

claire a dit…

Le pouvoir ne fera plus semblant le jour où il établit des projets communs et travaille au bien commun ! le bien commun est une notion perdue mais qu'il est possible de réveiller auprès de nos jeunes, en fait ils n'attendent que cela.

D. Hasselmann a dit…

Si on se disait que "cela ne sert à rien", combien de blogs fermeraient instantanément ?

Celui-ci est précieux, l'audience n'est pas une garantie de sérieux.

Mille petits ruisseaux, etc.