Combien de sièges à l'Académie pour Jean-Loup Dabadie ?
Avec Simone Veil, c'étaient des dizaines de milliers d'ombres porteuses d'une étoile jaune qui se voyaient ouvrir les portes de l'Académie française. Là où siègèrent quelques collaborateurs patentés et rarement habités par les remords. Lire la page 51 de ce blog.
Avec Jean-Loup Dabadie, il est permis de supposer que se révèlera trop exigu le fauteuil 19 lors de la cérémonie de son entrée à l'Académie, le 12 mars prochain.
Car comment comprimer sur un seul siège le dramaturge et le journaliste mais aussi le scénariste et le romancier sans oublier le parolier...
Et pour les invités à la cérémonie, combien de fauteuils ne sont-ils pas à prévoir pour celles et pour ceux dont les noms sont devenus, à titres divers mais toujours pour la beauté des arts, indissociables du sien ? Aussi ne conviendra-t-il point de marquer son étonnement de le voir pénétrer sous la Coupole entouré de figures telles que Jean-Christophe Averty, Barbara, Guy Bedos, Robert Charlebois, Julien Clerc, Richard Cocciante, Dalida, Jacques Datin, Charles Denner, Liane Foly, Jean Gabin, Francis Girod, Juliette Gréco, Bernadette Lafont, Victor Lanoux, Philippe Léotard, Léa Massari, Jacques Monnet, Yves Montand, Michel Piccoli, Claude Pinoteau, Jean Poiret, Michel Polnareff, Serge Regginani, Régine, Yves Robert, Muriel Robin, Jean Rochefort, Jacques Rouffio, Claude Sautet, Romy Schneider, Michel Serrault, Philippe Sollers, François Truffaut...
Enfin, rejeté systématiquement et tel un manant par des Académiciens aux épées rouillées, Charles Trenet sera peut-être aussi de la cérémonie, les yeux lumineux d'une malice libertaire.
Aux multiples branches de l'arbre Dabadie, nous avons cueilli cinq fruits bio (... comme biographie).
1970. Les choses de la vie. Film de Claude Sautet. Le nom de Dabadie figure à deux reprises sur l'affiche...
Synopsis :
- "Au volant de sa voiture, Pierre, architecte d'une quarantaine d'années, est victime d'un accident de la route. Ejecté du véhicule, il gît inconscient sur l'herbe au bord de la route. Il se remémore son passé, sa vie avec Hélène, une jeune femme qu'il voulait quitter, sa femme Catherine et son fils..."
Ecrannoir.fr :
- "Les Choses de la vie n'est pas seulement une oeuvre marquante de par sa narration tout en flash-back, c'est aussi l'oeuvre charnière dans la carrière de Sautet. Il marque le cinéma français d'un réalisme social précurseur et se démarque en esthétisant ses sujets afin de mettre en lumière ses acteurs. On le surnommera alors le portraitiste du cinéma français.
Un portrait pour le moins lucide et acide, doux et amer, d'une bourgeoisie souvent auto-suffisante, et névrosée. Car des Choses de la Vie à Vincent François Paul et les autres, en passant par Quelques jours avec moi, Sautet dépeint un univers où le mâle ne se sent pas bien, et où la grisaille embrume les quotidiens."
1971. L'Italien. Paroles de J-L Dabadie, musique de J. Datin. Chanson inséparable de Serge Reggiani.
C'est moi,
c'est l'Italien
Est-ce qu'il y a quelqu'un
Est-ce qu'il y a quelqu'une
D'ici j'entends le chien
Et si tu n'es pas morte
Ouvre-moi sans rancune
Je rentre un peu tard je sais
18 ans de retard c'est vrai
Mais j'ai trouvé mes allumettes
Dans une rue du Massachussetts
Il est fatiguant le voyage
Pour un enfant de mon âge
Ouvre-moi, ouvre-moi la porte
Io non ne posso proprio più
Se ci sei, aprimi la porta
Non sai come è stato laggiù
Je reviens au logis
J'ai fais tous les métiers
Voleur, équilibriste
Maréchal des logis
Comédien, braconnier
Empereur et pianiste
J'ai connu des femmes, oui mais
Je joue bien mal aux dames, tu sais
Du temps que j'étais chercheur d'or
Elles m'ont tout pris, j'en pleure encore
Là-dessus le temps est passé
Quand j'avais le dos tourné
Ouvre-moi, ouvre-moi la porte
Io non ne posso proprio più
Se ci sei, aprimi la porta
Diro come è stato laggiù
C'est moi, c'est l'Italien
Je reviens de si loin
La route était mauvaise
Et tant d'années après
Tant de chagrins après
Je rêve d'une chaise
Ouvre, tu es là, je sais
Je suis tellement las, tu sais
Il ne me reste qu'une chance
C'est que tu n'aies pas eu ta chance
Mais ce n'est plus le même chien
Et la lumière s'éteint
Ouvrez-moi, ouvrez une porte
Io non ne posso proprio più
Se ci siete, aprite una porta
Diro come è stato laggiù
(Mille excuses pour la débilité de l'incrustration de présentation. Mais à défaut d'autre copie vidéo acceptable...)
1972. Une belle fille comme moi. Film de François Truffaut. Avec Dabadie à l'adaptation et au scénario.
Synopsis :
- "Stanislas Prévine, étudiant, prépare une thèse sur les criminelles. Il obtient le droit de mener ses recherches en prison. C'est ainsi qu'il rencontre Camille Bliss, une jeune détenue au langage vert et aux souvenirs très instructifs.
Une critique qui se veut empoisonnée mais qui représente le plus beau des hommages involontaires. Le Figaro :
1976. Un éléphant ça trompe énormément. Film d'Yves Robert avec Dabadie aux dialogues.
Avec Jean Rochefort, Claude Brasseur, Guy Bedos, Victor Lanoux, Daniele Delorme, Anny Duperey.
Synopsis :
- "L’histoire de quatre copains, restés de grands enfants à l’approche de la quarantaine. Etienne est heureux dans son couple, mais il est obsédé par l’image d’une jeune femme en robe rouge..."
Gérard Crespo :
- "L’immense succès en salle de cette comédie douce-amère fut à l’origine d’une suite, Nous irons tous au paradis, supérieure au premier opus, avec qui elle forme un diptyque agréable. Sans atteindre la dimension de Nous nous sommes tant aimés de Ettore Scola, avec qui on les compara à l’époque, ces films distillent une petite musique attachante, qui confirme le savoir-faire d’Yves Robert : Des Copains d’abord à Salut l’artiste, ce cinéaste s’est voulu le chantre de l’amitié masculine.
Dialogué par Jean-Loup Dabadie qui apporte avec lui l’univers de Claude Sautet, le récit est d’un classicisme très « années 70 », tout en refusant la linéarité et s’accordant des digressions insolites pour un cinéma grand public (l’adolescent qui s’éprend d’une Danièle Delorme mûrissante, les maladresses de Martine Sarcey). Car c’est aussi à tout un pan du cinéma d’acteurs que se réfère Un éléphant ça trompe énormément : c’est d’abord Jean Rochefort, alors grand seigneur du cinéma français, qui peaufinait son personnage de « cavaleur » ; c’est ensuite Claude Brasseur, dont la composition d’homosexuel viril et intégré était audacieuse pour l’époque. Les figures féminines ne sont pas oubliées, d’Anny Duperey parodiant Marilyn dans Sept ans de réflexion à Danièle Delorme, épouse du cinéaste, ex jeune première des années 50 et qui fit pour l’occasion un come-back remarqué à l’écran. Mais c’est surtout le duo Marthe Villalonga/Guy Bedos qui suscita les séquences les plus réjouissantes, le harcèlement récurrent d’une mère possessive donnant droit à des répliques d’anthologie. Dans ce numéro de juive pied noire horripilante, la Villalonga crève l’écran mais on peut regretter qu’il l’enferme dans un stéréotype d’emploi dont seul un André Téchiné réussira à la sortir.
Revoir Un éléphant, ca trompe énormément, c’est enfin se replonger dans la France de l’ère Giscard et de l’union de la gauche, avant les années jeunistes et « yuppies » de la décennie suivante."
(avoir-alire.com)
Bande originale : musique de Vladimir Cosma.
1978. L'assassin assassiné. Paroles J-L Dabadie, musique J. Clerc.
C’était un jour à la maison
Je voulais faire une chanson
D’amour peut-être
A côté de la fenêtre,
Quelqu’un que j’aime et qui m’aimait
Lisait un livre de Giono
Et moi penché sur mon piano
Comme sur un établi magique
J’essayais d’ajuster les mots
A ma musique...
Le matin même, à la Santé
Un homme... un homme avait été
Exécuté... Et nous étions si tranquilles
Là, au cœur battant de la ville
C’était une fin d’après-midi
A l’heure où les ombres fidèles
Sortant peu à peu de chez elles
Composent doucement la nuit
Comme aujourd’hui...
Ils sont venus à pas de loup
Ils lui ont dit d’un ton doux
C’est le jour... C’est l’heure
Il les a regardés sans couleur
II était à moitié nu
Voulez-vous écrire une lettre
II a dit oui... il n’a pas pu
II a pris une cigarette...
Sur mon travail tombait le soir
Mais les mots restaient dans le noir
Qu’on me pardonne
Mais on ne peut certains jours
Ecrire des chansons d’amour
Alors j’ai fermé mon piano
Paroles et musique de personne
Et j’ai pensé à ce salaud
Au sang lavé sur le pavé
Par ses bourreaux
Je ne suis président de rien
Moi je ne suis qu’un musicien
Je le sais bien...
Et je ne prends pas de pose
Pour dire seulement cette chose
Messieurs les assassins commencent
Oui, mais la Société recommence
Le sang d’un condamné à mort
C’est du sang d’homme, c’en est encore
C’en est encore…
Chacun son tour, ça n’est pas drôle
On lui donne deux trois paroles
Et un peu... d’alcool...
On lui parle, on l’attache, on le cache
Dans la cour un grand dais noir
Protège sa mort des regards
Et puis ensuite... ça va très vite
Le temps que l’on vous décapite
Si je demande qu’on me permette
A la place d’une chanson
D’amour peut-être
De vous chanter un silence
C’est que ce souvenir me hante
Lorsque le couteau est tombé
Le crime a changé de côté
Ci-gît ce soir dans ma mémoire
Un assassin assassiné
Assassiné... Assassiné…
Interprétation de Julien Clerc devant Jean-Loup Dabadie.
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