ni d'être obligatoirement des "Anciens"
pour déguster ce film
de Gianni Di Gregorio.
Le 19 mars, un blog m'a emballé en présentant cette comédie ayant obtenu le Prix du Meilleur premier film à Venise en 2008 mais que des distributeurs frileux commencent seulement à sortir hors de la botte italienne.
Ce blog - Andiamo ! - est celui d'Eve Mongin, une avocate française plaidant à Perouse où elle abrite ses amours (mari et famille).
Eve Mongin :
- "La sortie en France du film Le déjeûner du 15 août, un petit film tout simple, me fait plaisir : primo, parce que les films italiens qui sortent dans les salles françaises se font rares, embellie 2008 exceptée (Gomorra et Il Divo),
secondo, pour ses nombreuses scènes de repas qui font venir l'eau à la bouche
et terzo parce qu'il me rappelle pourquoi j'aime ce pays.
C'est un film sans prétention, qui parle de petits riens, de petites choses de la vie, construit autour de Gianni (acteur et réalisateur du film), vieux célibataire romain, fin cuisinier, un peu aviné et hypocondriaque. Il passe son temps à boire des coups entre l'enoteca (bar à vins) et l'alimentari (épicerie) en bas de chez lui et forme un drôle de couple avec sa mère, 93 ans superbement portés, coquette et un peu capricieuse, dans le quartier du Trastevere. Gianni va se retrouver à son corps (très) défendant à passer le 15 août (ferragosto), en compagnie de trois autres vieilles dames restées seules."
(Blog Andiamo !).
Synopsis :
- "Gianni, 50 ans et des poussières, vit avec sa maman dans un grand appartement au cœur de Rome, où il s’occupe de tout : cuisine, ménage et courses. Acculés par les dettes, l’ensemble de la copropriété menace de les expulser car ils n’ont pas payé leurs charges depuis plusieurs années.
Le syndic d’immeuble, Alfonso, propose alors à Gianni un marché insolite : garder sa mère pendant le week-end du 15 août, contre l’effacement de cette dette.
Le jour dit, Gianni voit arriver non seulement la mère d’Alfonso, mais aussi sa tante... Victime d’un malaise, Gianni appelle son ami médecin, qui lui demande à son tour un service..."
Jean-Luc Douain :
- "Ce film nous vient du diable vauvert et connaît un succès spectaculaire en Italie. Son auteur, Gianni Di Gregorio, jusqu'alors assistant, scénariste, y raconte une histoire en grande partie autobiographique, avec la faconde bonhomme d'un Ugo Tognazzi ou d'un Nino Manfredi.
Tourné dans son propre appartement du quartier du Trastevere, à Rome, dans des conditions artisanales proches du néoréalisme, avec des comédiennes amatrices et parfois une caméra cachée, produit par Matteo Garone (l'auteur de Gomorra), le film nous renvoie sciemment dans un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.
Ce temps est celui des protagonistes : un type de 50 ans qui ne rate pas une occase pour siroter un verre de chablis, vit avec sa mère possessive et règle tous les problèmes d'intendance : cuisine, ménage, courses. Tous les soirs, Gianni lit un passage des Trois Mousquetaires à sa génitrice pour l'endormir, lui parle de d'Artagnan.
Ces gens-là ont des dettes, l'épicier leur fait crédit, ils ne payent plus les charges de la copropriété depuis des lustres. Va-t-on les faire expulser ? Le syndic a une idée plus conviviale. Partant avec sa maîtresse pour le 15 août, il propose à Gianni d'accueillir sa propre mère deux jours, arrangements financiers à la clé."
(Le Monde, 17 mars 2009).
Photo extraite du film : la mamma, 93 ans, et son fils, 50 ans (DR).(Le Monde, 17 mars 2009).
Eric Libiot :
- "Il fait tout : la mise en scène, l'acteur, le scénariste et le gratin de pâtes. Gianni Di Gregorio est bien le chef étoilé de cette chronique italienne qui possède les humeurs des meilleures comédies transalpines, en moins mordant, sans doute, mais avec davantage d'humanité.
Le film se déroule entièrement le 15 août à Rome, période où tout le monde quitte la ville pour aller folâtrer à la campagne ; tout le monde sauf Giovanni, 50 ans, qui habite avec sa mamma et que les dettes obligent à accueillir la mère et la tante du syndic de son immeuble pour le week-end. D'où une cohabitation pas facile avec trois vieilles dames, dignes, certes, mais passablement atrabilaires.
Gianni Di Gregorio, également coscénariste de Gomorra, filme en observateur, souvent caméra à l'épaule, et accroche des fragments. Le Déjeuner du 15 août est un film qui déroule tranquillement ses histoires, d'où pointent humour et coups de griffe. Gianni Di Gregorio aime visiblement ses personnages mais ne leur cire pas les pantoufles pour autant. Tant mieux."
(L’Express, 19 Mars).
Ariel F. Dumont :
- "Un regard mélancolique et comique sur le troisième âge et un rebond sur la société actuelle basée sur le concept de consommation. Une société qui privilégie les personnes actives et qui a parfois encore du mal à accepter le fait que les personnes âgées ont envie de vivre et surtout, d’aimer et d’être aimées. Voilà le véritable thème du film.
Une solitude née de la disparition du concept d’agglomération familiale notamment dans les grandes villes et qui poussent les enfants à « abandonner » momentanément leurs parents ou grands-parents pendant les vacances."
(France-Soir, 11 mars).
Photo extraite du film : ce déjeûner du 15 août, un film à lui seul (DR).
Vincent Ostria :
- "Au lieu d’une œuvre mécanique, surdécoupée, d’une comédie de masques truquée, gaguesque et sarcastique – il y en a certes eu de belles chez Risi, Comencini ou Scola –, Di Gregorio opte pour un style coulé et organique, au diapason de l’hédonisme du récit, qu’on devine avoir également été celui du tournage. Ainsi, lorsqu’on voit Gianni s’affairer à la préparation des repas en sifflant du vin, on imagine qu’il doit tourner comme ça, tranquille, jouisseur, à la bonne franquette.
La force du film est qu’il n’appuie rien. Les gags ne sont ni téléphonés, ni suivis d’une chute retentissante. Le somnifère dans la camomille des vieilles ne produit pas d’effet bœuf ; le fait que Gianni aille acheter un poisson-chat du Tibre pour le déjeuner est cocasse en soi mais reste une simple digression, une aération dans le huis clos. Tourné caméra à l’épaule, faisant la part belle au plan-séquence, le film introduit un naturel inédit dans la comédie italienne. Faut-il pour autant conclure à une renaissance, affirmer, paraphrasant le titre d’un scénario de Di Gregorio : le cinéma italien “a l’air mort mais il est juste évanoui” ?"
(les inrocks, 6 mars).
Le succès de ce film reposant en partie sur la re-découverte par d'aucuns que les Anciens ne sont pas que des objets encombrants, rappelle avec émotion le cinéaste belge Benoît Lamy (hélas assassiné par son compagnon). La révolte enthousiasmante de vieux Bruxellois dans son Home, Sweet Home ou La Fête à Jules (1973), reste un vrai morceau d'anthologie.
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