Nostalgie, certes. Mais point celle qui vous donne des souliers de scaphandrier et vous entraîne vers. les bas fonds d'une mer morte.
Les Quatre Cents Coups (1959)
Truffaut : "L'adolescence ne laisse un bon souvenir qu'aux adultes ayant mauvaise mémoire."
Pour l'anecdote : dans les années 70 et au titre de "l'éducation sexuelle et affective", j'ai bataillé au sein de la commission cinéma de l'Education nationale (Belgique) pour que ce film ne soit plus interdit aux mineurs... En cause ? Non pas l'encouragement à brosser les heures de cours ou l'image réaliste de parents désunis, ni celle effarante de ces maisons dites de "redressement" pour ados décrétés "difficiles"... mais une scène où une supposée psychologue laisse tomber son crayon pour vérifier si le gamin qu'elle est chargée d'"examiner", va regarder ou non sous ses jupes. Authentique...
Tirez sur le pianiste (1960)
Quelle avanie !
Quelle avanie...
Quelle avanie...
"Davantage d'avantages,
Moralité :
Jules et Jim (1962)
A la sortie du film en Belgique, l'une ou l'autre ligue de défense des vertus conservées dans de l'eau bénite, lança des pétitions pour tenter d'arracher son interdiction. Et cette mobilisation passa par l'enseignement catholique, gonflant a contrario les files d'attente devant les cinémas car certains élèves s'y précipitèrent dans l'espoir de déguster une oeuvre des plus sulfureuses...
Baisers Volés (1968)
Truffaut : "En vérité, dans Baisers volés, chaque spectateur amenait son sujet, pour les une c'était l'Education sentimentale, pour les autres l'initiation, d'autres encore pensaient à des aventures picaresques. Chacun apportait ce qu'il voulait, mais il est vrai que c'était dedans. On avait bourré le film de toutes sortes de choses liées au thème que Balzac appelle "Un début dans la vie"... Avec les années qui passent, je crois que la dernière scène de Baisers volés, qui a été faite avec beaucoup d'innocence sans savoir moi-même ce qu'elle voulait dire, devient comme une clef pour presque toutes les histoires que je raconte."
Dans le climat tendu annonçant Mai 68, les premières images du film rappellent qu'il est "dédié à la Cinémathèque d'Henri Langlois". Truffaut était alors à la tête d'une grève dure et s'opposant au licenciement d'Henri Langlois, père spirituel de cette Cinémathèque nationale .
Charles Trenet : "Que reste-t-il de nos amours ?", chanson du générique et qui a donné au film son titre.
La nuit américaine (1973)
En une phrase des dialogues, Nathalie Baye, dans le rôle de l'assistante-script, résume ce long métrage : "Pour un film, je pourrais quitter un homme mais je ne pourrais jamais quitter un film pour un homme.".
Cette "nuit" pourrait réjouir tous les marchands de pellicule. En effet, Truffaut propose deux oeuvres cinématographiques pour le prix d'une seule. Car il tourne un film : "Je vous présente Paméla" dans cette "nuit amricaine". Mais voilà, avec Truffaut, c'est le firmament du 7e art qui offre toutes ses étoiles et non la 7ème recupération commerciale du public.
"La nuit américaine" pourrait n'être qu'un trucage : maquiller le jour en nuit obscure. En réalité, cette "nuit" symbolise toute la magie du cinéma. En 24 images/seconde, quel intense pouvoir onirique et poétique : métamorphoser des images fixes en imitation de la vie sur grands écrans ! Avec une référence au grand passé du muet. Le film n'est-il pas dédié aux actrices sans paroles que furent Dorothy et Lilian Gish ?
Personnellement, je garde ce Truffaut parmi les pellicules les plus précieuses de mon cinéma Paradisio. Dès les premières mesures du Grand Choral, mon coeur bat en toute démesure.
Combien de spectateurs emportés par la jubilation créatrice de ce "Grand Choral" n'en ont-ils pas ensuite cherché vainement les références dans les catalogues de Bach ou de Vivaldi ? C'est la modestie de Georges Delerue qui devait s'en trouver gentiment malmenée...
1 commentaire:
Décidément, quelle merveille ton blog! Il touche à l'essentiel de la condition humaine. Quelle brise roborative!
Je sens que je vais me repasser tous les Truffaut disponibles...
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