Jean-Marie Barnaud :
- "L'espoir ?
Le voici :
que nous soyons fidèles toujours à une promesse jusqu'ici pourtant jamais tenue à une aurore imprévisible, mais dont la lueur imaginée nous tient debout sur le tranchant des heures."
(Lire : remue.net).
Jean-Marie Barnaud :
- "L'espoir ?
Le voici :
que nous soyons fidèles toujours à une promesse jusqu'ici pourtant jamais tenue à une aurore imprévisible, mais dont la lueur imaginée nous tient debout sur le tranchant des heures."
(Lire : remue.net).
Extrait :
- "La semaine suivant la publication de l’image révisionniste, Le Canard enchaîné indiquait que la Maison de la presse de Montoire-sur-le-Loir avait été dévalisée de tout son stock de cartes postales (images précieuses à conserver) reproduisant la gare locale.
Un courant de la même veine alimenta Le Canard enchaîné pendant plusieurs semaines soit avec la photo d’une bouteille de vin portant une étiquette « pétainiste », soit avec la reproduction d’autres objets douteux en vente libre dans notre beau pays.
Comme l’avait proclamé le Maréchal Pétain, le 17 juin 1941 : « Français, vous avez vraiment la mémoire courte ! »
Tania, Clopine et Zoé Lucider, autres pages nomades ayant succédé à celle-ci et donc publiées depuis trop peu de semaines, n'ont pas encore pu atteindre les sommets hasselmanniens...
Caricature de Charles Trenet dans le Réveil du Peuple : de quoi furent capables les collabos qui le dénoncèrent - à tort - comme juif (DR).
5/ P. 85. Quand pour les antisémites, Charles Trenet devait s'appeler... Netter !
Jean Boisset :
- "Charles Trenet est de retour à Paris. Certains journaux, jadis, ont laissé entendre qu'il ferait sa rentrée au micro de Radio-Paris. Ce qui serait un peu farce, M. Trenet s'appelant, sauf erreur, Netter (dont Trenet est l'anagramme) et étant, paraît-il, petit-fils de rabbin. Patientons..."
(Réveil du Peuple, 31 janvier 1941).
Une page pénible qui à travers l'exemple d'un grand nom de la chanson française, montre combien l'antisémitisme est odieux. Dans ses méthodes. Par son vocabulaire. Dans sa haine implacable. De plus, à l'époque des collabos, ce genre de délation conduisait le plus souvent à la déportation, à la "solution finale"...
Mais Trenet n'était pas juif, se dédouana auprès de Vichy en écrivant une "Marche des Jeunes", ce qui n'empêcha pas l'interdiction de son "Si tu vas à Paris" :
- "Si tu vas à Paris,
Dis bonjour aux amis
Et dis-leur que mon coeur
Est toujours fidèle.
Si tu vois mon quartier,
Plus beau que l'monde entier,
Si tu vois ma maison,
Chante-lui ma chanson nouvelle.
Si tu vois mon bistrot
Et ma station d'métro,
Si tu vois rue Lepic
Ma concierge Sylvie,
Dis-leur qu'un jour viendra,
P't-être demain, on s'sait pas,
Où je r'viendrai chez moi,
Où j'pourrai r'voir tout ça
Pour la vie."
- "Je m'appelle Elise Frydman, la fille de Mme Frydman que vous citez dans votre film, L'Armée du crime. Je suis également la cousine germaine de Marcel Rayman. Lui m'a connue quelques mois (je suis née en mai 1942) ; moi, malheureusement pas, j'étais un bébé. Cependant, j'ai vécu plusieurs années avec Simon Rayman lorsqu'il est rentré des camps et qu'il habitait chez mes parents. Ses copains rescapés venaient souvent chez nous, rue des Immeubles-Industriels : Jean Lemberger, Maurice Weimberg, André Terreau…
Simon parlait tout le temps de son frère, de ses parents. Ma mère parlait de ses frères et sœurs. J'ai vécu toute mon enfance avec leurs souvenirs. Je buvais leurs paroles. Ils ont toujours été présents en moi.
Simon n'était pas le petit falot qui suivait toujours son grand frère en suçant un bâton de réglisse. A 14 ans, il mesurait 1m75, il était déjà dans la Résistance. A 15et 16 ans, il était responsable de groupes du XIe arrondissement et de plusieurs actions et attentats (documents à l'appui).
Bien que l'image que vous donnez de mon cousin Simon, qui a fait partie de ma vie jusqu'à sa mort en 2005 (image que vous avez transformée pour coller avec votre interprétation de l'histoire) soit pour le moins grotesque, ce n'est rien comparé à celle, scandaleuse, que vous inventez concernant mon cousin Marcel et son aventure amoureuse.
Je vous ai entendu sur France Culture, dans l'émission de Michel Ciment, citer vos sources d'information et de documentation avant la réalisation du film. Notamment Adam Rayski, Stéphane Courtois et Denis Pechanski. Il ne vous a donc pas échappé qu'il y a eu de nombreux témoignages se recoupant, concernant Lucienne Goldfarb. Simon a aussi écrit un témoignage sur ce qu'il a vécu en tant que résistant et déporté. Dans ce document, il dit que Marcel et lui se sont toujours méfiés de cette fille qui voulait intégrer leur réseau. Adam Rayski l'a souligné également à maintes reprises.
Je suis étonnée que vous n'ayez pas eu la curiosité de rencontrer des témoins encore vivants et faisant partie de la famille, dont Madeleine Peltin-Meyer, ma cousine, alors très proche de Simon et Marcel. Elle avait 12 ans en mars 1943 quand elle a vu sa mère, son père et sa tante arrêtés sur dénonciation de l'appartement de mes parents.
Jamais personne de ma famille ou de notre entourage, avant, pendant, ou après la guerre, n'a fait état d'une relation entre Marcel et Lucienne Goldfarb. Je m'interroge sur la source qui vous a amené à imaginer une telle relation. Lors de leur arrestation le 20 mars 1943, des témoins, dont Henri Krasucki, ont vu Lucienne Goldfarb se promener et plaisanter avec des policiers de la Brigade spéciale de Puteaux.
Vous vous êtes longuement entretenu avec Henry Karayan qui, comme vous le savez, a bien connu Marcel puisque celui-ci était son instructeur. D'ailleurs, Henry a certainement dû vous dire que Marcel n'était pas ce Lucky Luke exalté que vous avez bien voulu décrire (par le biais de Robinson Stévenin, excellent malgré tout) mais au contraire un jeune homme déterminé, réfléchi, prêt à tout pour vivre. Et non pas pour mourir.
Pourquoi n'avez-vous pas demandé à Henry Karayan s'il connaissait des membres de la famille Rayman ? Nos témoignages valent certainement autant que d'autres sources. J'ai été très surprise d'autre part que vous changiez le nom de Lucienne Goldfarb en Monique Stern alors que celui de ma mère, Mme Frydman, ne change pas, ni ceux des résistants.
Non, j'oubliais, Davidovitch, celui qui a dénoncé le réseau à la Gestapo en octobre 1943, devient Petra et l'inspecteur Piget… Pujol. Bizarre ! D'autant que vous ne citez pas la lettre de Manouchian jusqu'au bout alors qu'il dit ne pas pardonner "à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus" (une impasse qui a particulièrement choqué Henry Karayan).
Vous vous êtes beaucoup répandu dans la presse, à la radio, à la télévision en disant, entre autres choses, que votre film était un film historique. Il est vrai, cependant, que vous prenez vos précautions en annonçant, en conclusion, avoir commis quelques arrangements avec les faits réels, mais afin que ces résistants entrent dans la légende. Ces héros n'ont pas besoin de légende, monsieur Guédiguian, ils ont surtout besoin de vérité."
(s) Elise Frydman
(Le Monde, 26 novembre 2009).
Chemin de halage (Ph. JEA / DR).
Toponymie 21 :
Parchemins d'ici...
Chemin Bidot, Blanc,
Cornet, Creux,
Fondu,
Jaune, Jean Duval,
Chemin d’Emery, d’Erée,
d’Oignies,
Chemin de Bagimont, de Blissy,
de Chabotte, de Clavy,
de Dricourt,
de Givry, de Goutel,
de Halles, de Hancart,
de Juniville,
de Laumont,
de Mézières,
de Reims, de Rémonville,
de St-Martin, de St-Pierre, de Ste-Brigitte,
de Sylvestre,
de Vaucelles, Vers la Forge Sailly, brume de neige (Ph. JEA / DR).
Chemin de l’Abbé Nizot, de l’Aqueduc,
de l’Epine,
Chemin de la Carrière Pilière, de la Chavestrée, de la Claire Fontaine, de la Corne de Cerf, de la Croix,
de la Feluy, de la Fontaine aux Chênes,
de la Garenne, de la Grève, de la Grosse Pierre,
de la Herde, de la Houssière,
de la Jauny,
de la Marquise,
de la Roche Algate,
de la Voie Baudiale,
Chemin des Aisances, des Américains, des Amoureux,
des Bœufs, des Bois Grimont,
des Cédrons, des Charbonniers, des Charrettes, des Chasseurs,
des Dix-Sept Quartiers,
des Faches, des Français,
des Gardes,
des Hayons,
des Kiosques,
des Longs Termes,
des Marchandises,
des Poteaux,
des Romains,
des Traînées,
des Vaches, des Vieilles Forges, Chemin aux nids de poules (Ph. JEA / DR).
Chemin du Bel Homme, du Blanc Caillou,
du Calvaire, du Chêne du Curé,
du Four à Chaux,
du Gauval, du Grand Tournant,
du Marais Vincent, du Mont des Haies, du Moulin,
du Petit Bonheur, du Petit Tournant, du Pilotis, du Pré l’Avocat,
du Rivage, du Roi de la Foulerie,
du Terne,
du Voleur,
Sur le Grand Beau Chemin,
Sur le Haut Chemin...Chemin vers le Pas Bayard (Ph. JEA / DR).
- "Dans les baraques des Allemands, le vin faisait monter le niveau sonore. A travers les cloisons, on entendait déjà tôt dans la soirée leurs fanfaronades de buveurs et cela ne laissait présager rien de bon. Quand les Allemands étaient ivres, il fallait que nous mettions une sourdine à nos épanchements. C'est comme ça qu'ils nous gâchèrent ce soir-là. Chaque jeune avait pourtant fait l'impossible pour rassembler, malgré les difficultés, des instruments de musique et donner de l'entrain à la pièce des malades grâce à un jazz bien bizarre.
Ainsi se passe et se perd la soirée dans les sourires et les divertissements, jusqu'à ce que tout soit brisé par l'irruption d'un garde allemand :
"Weiter machen" !
Qu'est-ce que cela pouvait signifier ? Tout à coup, l'ambiance légère fut réduite en miettes. Et nous sommes longtemps restés comme figés.
Le long Jos (8) revient dans notre baraque :
"C'était l'Obergruppenführer. Il a téléphoné pour donner l'ordre que nous puissions entonner en choeur nos chansons préférées. A minuit, la garde va venir et nous devrons chanter pour lui."
Je demande alors si nous avons la liberté de choisir notre air ? Comme il me répond positivement, je propose "Mein Yiddische Mama" que nous reprendrions en Anglais. Il me répond encore que nous n'avons aucun souci à nous faire.
Les jeunes n'en croyaient pas leurs oreilles. Et comme chacun savait combien Jos a le sens de l'humour, on s'imaginait qu'il plaisantait pour ne pas changer. Et tous de dire : "Dieu, en France, tout est possible." Nous rassemblons alors les meilleurs chanteurs et il ne leur faut pas beaucoup de temps pour s'accorder à plusieurs voix. D'autant que chacun connaissait bien les paroles.
Un peu avant les douze coups, un soldat allemand vient chercher la chorale pour la conduire au corps de garde, là où se trouve le téléphone. De façon très militaire, celui-ci sonne juste une minute avant minuit. Un ordre bref claque :
"Singen lassen".
Les jeunes se mettent en arc-de-cercle devant le téléphone et entonnent ce chant :
Mijn Joodse moeder
Zo goed als jij, was er geen één.
Mijn Joodse moeder
Jij strooide liefde om je heen
Er was geen zorg, geen leed
Dat je kon hinderen ;
Je ging door vuur en ijs
Voor 't lot van je kinderen...
Ils chantent encore le second couplet et terminent par :
M'n oudje, m'n echt Joodse moeder,
Moeder mijn...
Un silence de mort succède aux derniers mots. Même le garde allemand qui a le téléphone en main, reste impressionné. La plupart des choristes ont de grosses larmes aux yeux. Alors venant du téléphone, une voix résonne :
"Er ist gut...",
puis :
"Er was sehr schön". (9)
Le 5 janvier 1944, les déportés juifs qui n'avaient pas déjà été transférés à Auschwitz par Malines (convoi XIV-XV), sont transportés à Drancy pour le convoi 66.
Sur le 288 Anversois des Mazures :
22 réussirent leurs évasions
27 survécurent à Auschwitz
2 furent fusillés après évasion
237 furent exterminés. (10)
Pierre du souvenir élevée sur le site du camp par l'Association pour la Mémoire du Judenlager des Mazures (Ph. JEA / DR).
NOTES :
(1) Après son évasion, caché et sauvé par la résistance dont Emile Fontaine, Juste parmi les Nations abattu par la Gestapo le 30 mars 1944.
(2) OT : Organisation de l’infrastructure, de la défense et de la production industrielle sous le IIIe Reich. Instrument de guerre sophistiqué destiné notamment à l’exploitation des territoires occupés.
(3) Les Mazures ont été le seul camp pour juifs de Champagne-Ardennes sous l’occupation. Son histoire est restée oubliée-ignorée jusqu’en 2002. Aujourd’hui encore, les autorités françaises (à commencer par la Préfecture des Ardennes) continuent à ne pas inviter les descendants de déportés, réunis en une Association L. 1901 avec siège social dans les Ardennes, aux cérémonies marquant notamment la Shoah et les déportations.
(4) L’Association pour la Mémoire du Judenlager des Mazures a remis à Mireille Colet-Doé un diplôme de reconnaissance pour son courage.
(5) Que Michel Grün, fils de déporté des Mazures, soit remercié pour avoir déposé ce volume dans les archives de l’Association.
(6) Möbelaktion : pillage entamé en 1942 à Anvers, les biens et avoirs juifs sont confisqués - officiellement - pour les victimes allemandes des bombardements alliés.
(7) Un service clandestin de courriers entre Anvers et Les Mazures avait notamment été organisé par une Belge du village : Mme Arnould.
(8) Joseph Peretz, évadé de la gare de Charleville le 5 janvier 1944. Caché et sauvé par la résistance. Emigré au Canada où il a rédigé ses souvenirs : The endless wait, A memor by Joseph Peretz, Ed. Lugus, Toronto, 1996.
(9)Traduction : JEA.
(10) Pour des études détaillées sur ce Judenlager et un « Mémorial » de ses déportés, consulter les catalogues de :
- Tsafon, Revue d’études juives du Nord, n°46 et n°3 hors-série.
- La Revue Historique Ardennaise, Société d’Etudes Ardennaises, n° XXXVI et n° XL.
(Impossible de dénicher une illustration moins nunuche...)
Paroles :
- "Il neige il neige sur Liège
Et la neige sur Liège pour neiger met des gants
Il neige il neige sur Liège
Croissant noir de la Meuse sur le front d'un clown blanc
Il est brisé le cri
Des heures et des oiseaux
Des enfants à cerceaux
Et du noir et du gris
Il neige il neige sur Liège
Que le fleuve traverse sans bruit
Il neige il neige sur Liège
Et tant tourne la neige entre le ciel et Liège
Qu'on ne sait plus s'il neige s'il neige sur Liège
Ou si c'est Liège qui neige vers le ciel
Et la neige marie
Les amants débutants
Les amants promenant
Sur le carré blanchi
Il neige il neige sur Liège
Que le fleuve transporte sans bruit
Ce soir ce soir il neige sur mes rêves et sur Liège
Que le fleuve transperce sans bruit."
Allocine.com :
Il neigeait dans la salle du ciné Le Parc, à Liège. Une manière pudique d'offrir un mouchoir fugitif aux spectateurs des "Gens de Dublin" (projeté en Belgique avant la France).
C'était en 1987. Depuis, le temps ne s'est pas contenté de passer, il nous a laissés sur place. Mais sortant d'une longue hibernation commerciale, le film revient sur les écrans. La pellicule n'a pas pris une griffe...
The Dead
le testament de John Huston
Synopsis :
- "Dublin, le 6 janvier 1904, les vieilles demoiselles Kate et Julia Morkan offrent une réception à leurs parents. Au cours de la soirée, un invité chante un air ancien qui émeut particulièrement Gretta Conroy. De retour à l'hôtel Gretta raconte à son mari comment un jeune homme mourut pour l'avoir aimée.
Dernière oeuvre d'une des personnalités les plus foisonnantes du cinéma. Grand admirateur de Joyce, Huston projetait depuis 1956 d'adapter cette nouvelle qu'il décrit «comme un morceau de musique, avec des thèmes qui apparaissent et disparaissent à plusieurs reprises».
Olivier Rossignot :
- "Capter l'instant, saisir la beauté des gestes, des voix, et des visages, goûter la saveur de la vie par chaque seconde qui s'écoule, en adaptant la nouvelle éponyme de James Joyce, c'est ce que parvient à faire John Huston dans son ultime chef d'oeuvre : Gens de Dublin.
Retournant au pays de ses origines juste avant de mourir, John Huston l'irlandais offre à travers ce film testament une réflexion sur le temps qui passe, les souvenirs épars et les regrets éternels de la jeunesse.
Loin de tout académisme, en 1987, ce vieux monsieur dressait avec Gens de Dublin l'un des plus beaux éveils à la mort qui soit. Sublime de bout en bout, Gens de Dublin dégage une émotion particulière, précieuse, de celles qui rapprochent l'Art de la vie, de celles qui semblent dialoguer avec vous, personnellement."
(culturopoing.com, 2 décembre 2009).Repas de fin d'année. Le calendrier de la vie s'allonge mais la mort attend qui aura toujours le dernier mot (DR).
André Ruellan :
L'ultime chef d'oeuvre de John HUSTON ressort sur les écrans. Réactivé par CARLOTTA FILMS, " Gens de Dublin " fait retouver un film admirable, une merveilleuse et incisive description d'une soirée de Nouvel An qui va de l'ironie à la gravité avec la mort en touche finale. C'est sublime.
Exemplaires sont la reconstitution de l'époque 1900, de l'atmosphère de Nouvel An que distille une caméra virtuose, aux effets dynamiques et aux couleurs chaleureuses très significatives de l'histoire. D'où cette merveilleuse et incisive description de cette soirée de fête enneigée, au sein de personnes pittoresques issues de la bourgeoisive irlandaise profondément anti-britannique. Ce déroulement quasi-intime sans même un phonographe, mais accompagné au piano, est impressionnant de justesse, de valeurs particulières, de charme et d'humanité quand se dévoilent au cours des conversations l'ironie et l'émotion.
Admirable Anjelica HUSTON : elle est dolente, émouvante, lumineuse et tout en finesse et en distinction."
(Nord-Cinéma.com, 9 décembre).
Arnaud Aubelle :
- "John Huston fut certainement le cinéaste hollywoodien le plus féru de littérature, adaptant tour à tour Dashiell Hammett, B. Traven, Herman Melville, Rudyard Kipling, Arthur Miller. Et donc James Joyce, dont il transpose ici l’une des nouvelles.
Ce film est l’œuvre d’un homme de 81 ans, adopté depuis de longues années par une Irlande à laquelle il souhaite rendre hommage.
Les Gens de Dublin se construit sur ses paradoxes.
Paradoxe de la forme : d’une concision exemplaire, c’est certainement l’œuvre la plus dense de son auteur.
Paradoxe du fond : sans qu’aucune intrigue ne le porte, le film aborde mille sujets, raconte mille histoires.
A l’écran, la caméra glisse sur les personnages, les caresse et les enveloppe. Huston atteint ici une sorte de perfection formelle, d’absolu cinématographique. Il se dégage de chaque plan une fluidité rare et précieuse : les images coulent, empreintes de sérénité. Et l’inoubliable monologue final, sublimé par ses images de paysages glacés, confère définitivement au film un caractère testamentaire."
(aVoir-aLire.com, 15 décembre). Anjelica Huston (DR).
Utopia, Toulouse :
- "C'est le dernier film du grand John Huston, que la camarde a fauché juste avant la sortie. Et c'est sans doute la plus belle œuvre ultime qu'on puisse imaginer, un film intense et serein, poignant et pudique, grand et profond sans ostentation. Fugace et inoubliable comme un sourire entrevu qu'on n'a pas su retenir, comme un souvenir enfoui qui soudain resurgit et nous met l'âme sens dessus-dessous. Un bonheur rare…"
(s. d.).
Mathieu Lindon :
- "La générosité était le sujet de l’œuvre de Joyce et l’est aussi de celle de Huston. Gens de Dublin est un film d’amour: il montre comme on peut découvrir ce sentiment en soi rien qu’en le constatant chez une autre pour un autre.
C’est janvier, il neige sur l’Irlande et sur ses tombes. En voix off, sont prononcées les dernières pages du texte, tel un monologue intérieur (technique que Joyce rendra célèbre en littérature avec celui de Molly Bloom à la fin d’Ulysse), tandis que la caméra abandonne le huis clos pour des images de campagne.
Il y a beaucoup de petits rien mais aucun geste, aucun mouvement subalterne. Avec une délicatesse infinie et une brutalité vitale, le film s’insère dans les émotions disparues et ressuscitées, dans les amours partagées à distance, dans le temps, dans l’espace. Il y a soudain une magie modeste de John Huston qui fut toujours passionné par l’échec sans que l’humilité soit pour autant sa marque de fabrique esthétique. Une légèreté prend ici possession des drames les plus lourds. Gens de Dublin montre comment respirent les morts."
(Libération, 16 décembre).
Pour relire la nouvelle de Joyce.
Ciné-club Caen :
- "Si on ne trouve pas ici les grands espaces où se déroulent habituellement les films de Huston, on retrouve dans Les gens de Dublin ces héros typiques qui malgré l'énergie qu'ils déploient n'atteignent pas leur but, sauf si le hasard vient les aider.
Huston révèle la dimension tragique de l'existence, l'homme étant la proie de forces naturelles ou sociales qu'il ne maîtrise pas. Huston accorde ainsi une grande importance au décor dont la dimension est toujours plus vaste que celle des individus et Gabriel regardant la neige tomber sur l'Irlande sait que malgré ses discours et l'amour qu'il vient à nouveau de ressentir pour son épouse, sa liberté d'action ne peut être que passagère."
(17 décembre).
Pascal Merigeau :
- "Le plus beau des cadeaux : la réédition du chef-d'oeuvre absolu qu'est «Gens de Dublin», le dernier film de John Huston. Oeuvre ultime, en effet, filmée par un cinéaste à bout de souffle, qui à l'heure de voir s'ouvrir les portes de la mort puise dans une nouvelle de James Joyce les accents d'une méditation dont s'imprime à jamais dans la mémoire chaque image, chaque mot, chaque son, le moindre battement de cils d'Anjelica Huston, la voix usée d'une vieille dame chantant une chanson d'amour dans un salon, le regard porté par un homme sur son épouse endormie, qui vient d'avouer qu'elle n'a jamais cessé de penser à ce garçon qui autrefois...
Si un film a jamais mérité le qualificatif de sublime, c'est celui-ci. Dublin, Noël 1904, voilà, vous y êtes. Vous n'en reviendrez pas."
(Le Nouvel Observateur, 17 décembre).