DANS LA MARGE

et pas seulement par les (dis) grâces de la géographie et de l'histoire...

lundi 21 juin 2010

P. 300. La page nomade d'Amaryllis

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(Ph. JEA / DR).


Amaryllis et ses Bris de
Mo(t)saïques...

Sa responsabilité n'est pas négligeable même si elle ne lui est révélée qu'aujourd'hui.
Les "Bris de mots" d'Amaryllis resteront un sésame. La première porte entrebaillée puis ouverte sur les galaxies des blogs. S'y ancrent ou s'y tamponnent ou encore s'y déplacent en années lumière des quasi infinités de blogs en stock ou en révoltes, en révélations... Mais à l'origine, une seule étoile, celle d'Amaryllis, annonça ces mondes pas tous virtuels, multipliant les pluriels, avec chacun son rituel.
Donc premier blog découvert, première curiosité se métamorphosant en première fidélité que le temps n'érode pas. Restent intacts et vivaces et multiples les plaisirs de partager son écriture et ses illustrations-émotions.
Aujourd'hui, que la 300e page des mo(t)saïques l'accueille, n'est jamais qu'un juste retour aux sources...

Amaryllis ? Sa réponse :



- "Tableau de Raphaële Colombi.
Pourquoi Amaryllis ? C'est une fleur éclatante mais également le nom d'un papillon. Amaryllis est aussi une bergère chantée par Virgile dotée d'un sale caractère."

Sa voix :

Cliquer ICI quand elle lit du Michaux.

Sa page nomade :

- "Certains matins, elle grince car elle a besoin de sa dose minimum d'espoir pour se lever. Écrire sans réfléchir. Écrire sans intention évidente, sans réflexion, sans censure. Écrire sans encre délavée, en noir et rouge comme toujours. Écrire pour étirer, allonger le temps. Écrire pour se souvenir, pour murmurer ou crier. A Marie Ma Lys. Soupir. Écrire n'importe quoi, n'importe comment pour remplir. Les mots ne sortent pas, ils restent enfermés mais où ? Cerveau droit ou cerveau gauche. Ce n'est pas une question.
Elle délire, informe, difforme, déforme les mots, les sons. Qu'est ce que sont ses gribouillis, ses taches sur le papier? C'est une enfant, trop d'émotions, trop de miel. Elle hait le rose, le rose des corps, les écorchés, le rose poupée barbie, le chamallow, la guimauve, la barbe à papa (il n'a jamais eu de barbe, ce n'est pas celle là, c'est l'autre). Elle débloque les portes sans souci. Elle regarde le ciel et ses ratures. Elle préfère le peindre elle-même en bleu miracle. Où va-t-elle ainsi ? Dans un décor en carton. Attention, jeu dangereux, tu as déjà perdu et tu recommences. Tu, elle, toi, quoi ? Peut-on répondre ! Non, il faut chercher encore. Trouver le ton, le style. Le thon, elle l'a déjà mangé. il ne reste plus rien, plus rien. Elle pense en morceaux, ce sont des variations nocturnes sans musique. Elle marche sur un fil, somnambule. Tout le monde attend le moment où elle va tomber mais elle se rattrape toujours au dernier moment. Ils sont un peu déçus. Pas de sang, rien à raconter. Mais quand va-t-elle donc lâcher cette vie ? Elle y est attachée maintenant, alors elle se cramponne comme elle peut. Pourquoi ne le comprennent-ils pas ? Elle voit bien les ombres mais elle aperçoit aussi le soleil. Ne réfléchis pas, continue sur ta lancée de mots sans rapport avec toi, avec elle ; Toi c'est elle et elle c'est toi ... en même temps c'est quelqu'un d'autre, une jumelle que tu regardes et observes, détailles avec beaucoup de distance, sans amour. Qu'est ce que tu fais ? Une thérapie sauvage sans t'abandonner. Ensuite reconstruire, bâtir quelque chose de cohérent, élaguer. Franchir les chemins de traverse. Avoir des envies, être en vie. Continuer, prendre et rendre. Ne pas être dans le déni. Être un réceptacle des événements et les accepter, les écrire, les analyser. Perdre son doseur, son adoucisseur mais ne pas recommencer les erreurs. Se servir de son oeil comme d'une camera. Ne rien brusquer mais se comporter comme une espionne et éviter les plumes du paon et sa roue. Chercher la lumière qui fait avancer (ni celle trop brillante, ni la mate), l'accord qui fait résonner, les vibrations qui évitent les dissonances. Retirer les épines de l'oeil, les remettre sur la rose. Ce qui se dérobe en premier, ce sont les voix disparues. Braver le texte, lui tenir tête, le dompter. Ne pas éviter le monde comme elle le fait mais se cogner dedans, le prendre de face, face à face.
Ce ne sont pas des mensonges, juste le rajout d'une petite musique dans la réalité.
Un homme, une femme qui tombent, se sont-ils simplement trompés de sens ? et les sens giratoires ? Elle part vers des voyages trop subtils qui vont la laisser en plan ou sans carte. Pourtant avec les cartes routières où les GPS, elle ne peut plus se tromper ou est-ce le contraire ? Elle regarde avec insistance l'oeil de la lettre esperluette et la trouve belle, isolée, seule, craintive. Elle regarde les jours défiler et leur fait de l'oeil pense-t-elle, dit-elle, affirme-t-elle (sous-Duras pensent-ils !) Elle fait des bulles de phrases qui ne servent à rien. Elle écrit derrière une vitre ouverte et les lettres s'éparpillent les unes derrière les autres. Voilà tout a disparu et c'est tant mieux. Les pies continueront à jacasser."



Amaryllis : "Ombre porté" (DR).

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10 commentaires:

Brigetoun a dit…

très jolie (mot qui n'est pas faible) la page nomade

Tania a dit…

Se perdre dans les mots ou s'y retrouver ?
Bel échange de fidélité pour cette 300e !

Zoë Lucider a dit…

Faire de l'oeil aux jours qui défilent, une façon de les séduire qui me plait bien. Merci pour la pronomade

MH a dit…

@Amaryllis et Tania : l'ombre est éparse et décidée, comme les mots ?

Danaelle a dit…

Une page que j'ai savourée sans retenue.

JEA a dit…

@ brigetoun
@ zoé lucider (deux fois, comme on dirait, paraît-il, en Belgique)
@ MH
@ Danièle Duteil
je laisse Amarylis tirer la substantifique moelle de vos commentaires chaleureux
et je remercie celles et ceux qui ce jour, ont tourné pour la 50 millième fois une page de ce blog...

Amaryllis a dit…

Merci à tous et particulièrement à J.E.A.

JEA a dit…

@ AmaryLLis

enfer et putréfaction
ventre saint-gris et pâle sang bleu...
j'ai amputé ton nom d'une aile tout au long de cette page !!!

colo a dit…

Une si belle page à lire et relire. Merci.

Frasby a dit…

Une très belle découverte et un très bel univers que celui de Amaryllis.
Merci à vous JEA et merci à Amaryllis. Je coche précieusement cette page pour y revenir et y revenir ...