DANS LA MARGE

et pas seulement par les (dis) grâces de la géographie et de l'histoire...

samedi 19 juin 2010

P. 299. De Gaulle, certes. Mais Churchill ???

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Winston Churchill, Mémoires de Guerre, T. 1, 1919-1941, Tallandier, 2009, 444 p.

Discours des 17
et 18 juin 1940

De ce côté-ci de la Manche, du moins en France, à toute question portant sur la date du 18 juin 1940, la réponse est spontanée et unanime : c'est "l'Appel de De Gaulle". Tout en relativisant grandement le nombre d'auditeurs réels ce soir-là sur le continent (1)...
Pour ne pas porter que des lunettes tricolores, si vous parcourez les livres d'histoire sur l'Angleterre - et Churchill en particulier -, vous y trouverez la confirmation d'autres discours, historiques eux aussi...

Churchill, le 17 juin 1940 à la BBC :

- "Les nouvelles de France sont très mauvaises et je souffre pour le vaillant peuple français qui est tombé dans ce terrible malheur. Rien ne modifiera nos sentiments à son égard, pas plus que notre foi dans une future résurrection du génie de la France.
Ce qui est arrivé en France n'altère en rien notre action et nos desseins. Nous sommes à présent le seul champion encore en armes pour défendre la cause du monde. Nous ferons de notre mieux pour nous montrer dignes de cet insigne honneur. Nous défendrons notre patrie insulaire et, avec l'aide de l'Empire, nous combattrons sans relâche jusqu'à ce que soit levée la malédiction qu'Hitler fait peser sur l'humanité. Nous sommes certains que tout se terminera bien." (2)

(Mont. JEA / DR).

Churchill, 18 juin 1940 :

- "Nous maintiendrons toujours (...) nos liens de camaraderie avec le peuple français (...).
Les Tchèques, les Polonais, les Hollandais, les Belges ont uni leur cause à la nôtre. Tous ces pays seront libérés (...).
Ce que le général Weygand a appelé la bataille de France vient de s'achever ; la bataille d'Angleterre est sur le point de s'engager. De cette bataille dépend le sort de la civilisation chrétienne, la survie de l'Angleterre, de nos institutions et de notre Empire.
Toute la violence, toute la puissance de l'ennemi va très bientôt se déchaîner contre nous. Hitler sait qu'il lui faudra nous vaincre dans notre île, ou perdre la guerre.
Si nous parvenons à lui tenir tête, toute l'Europe pourra être libérée, et le monde s'élèvera vers de vastes horizons ensoleillés. Mais si nous succombons, alors le monde entier, y compris les Etats-Unis, et tout ce que nous avons connu et aimé, sombrera dans les abîmes d'un nouvel âge des ténèbres, rendu plus sinistre, et peut-être plus durable, par les lumières d'une science pervertie.
Armons-nous donc de courage pour faire face à nos devoirs, et comportons-nous de telle sorte que, si l'Empire britannique et le Commonwealth durent mille ans encore, les hommes puissent dire "C'était leur plus belle heure". (3)


François Kersaudy, Winston Churchill, Tallandier, 2009, 715 p.

Notes :

(1) Pierre Assouline sur son blog :
- "...Son fameux appel radiophonique, que presque personne n’a entendu et dont on recherche en vain l’enregistrement par la BBC (peut-être sera-t-il un jour exhumé des archives soviétiques…)."
(18 juin 2010).

(2) Winston Churchill, Mémoires..., op. cit., p. 346.
4e de couverture :
- "Les Mémoires de guerre de Winston Churchill, sont à la fois une grande œuvre littéraire, un témoignage de première main par l’un des trois grands protagonistes de la Seconde Guerre mondiale, une reconstitution unique de cette guerre sur tous les fronts en Europe, en Afrique, en Russie, en Asie du Sud-Est, dans le Pacifique sud, jusqu’au Japon et une analyse concise de l’après-guerre jusqu’en 1957, par un homme d’Etat qui a été tour à tour acteur et témoin des faits qu’il rapporte. C’est cette œuvre plus que toute autre qui a permis à Winston Churchill d’obtenir le prix Nobel de Littérature en 1953.
Un large survol des événements de 1919 à 1939 avec une richesse documentaire et une beauté de style classique qui rend ce livre comparable aux Mémoires de Guerre du général de Gaulle.
Édition établie, introduite et commentée par le plus grand spécialiste de Winston Churchill : François Kersaudy."

(3) F. Kersaudy, Winston Churchill..., op. cit., p. 394.
4e de couverture :
- " « Nous sommes tous des vers », avait modestement confié le jeune Winston à une amie, « mais je crois que moi, je suis un ver luisant ! » Le mot n'est pas trop fort : Alexandre Dumas aurait pu inventer un personnage de ce genre, mais dans le cas de Winston Leonard Spencer-Churchill, la stricte réalité dépasse de très loin la fiction.
Jusqu'à 26 ans, les aventures du jeune officier et du reporter évoquent immanquablement celles de Tintin; mais ensuite, le personnage devient une synthèse de Clémenceau et de De Gaulle, l'humour et l'alcool en plus... ainsi qu'une imagination sans limites : « Winston, disait le président Roosevelt, a cent idées par jour, dont quatre seulement sont bonnes... mais il ne sait jamais lesquelles ! » C'est pourtant le général de Gaulle qui l'a le mieux jugé : « Il fut le grand artiste d'une grande histoire.»
Cette vie a été un roman; elle est racontée comme tel, sans un mot de fiction. Se fondant sur des recherches dans les archives de huit pays, la consultation de quelque quatre cents ouvrages et l'interview de nombreux acteurs et témoins, ce récit épique montre comment un homme solitaire, longuement façonné par d'exceptionnels talents et de singulières faiblesses, a pu infléchir le cours de notre siècle, avec la complicité d'un destin qui s'est radicalement départi de son impartialité."

12 commentaires:

Brigetoun a dit…

mieux que de l'admiration - parce que pas exigée comme dans le cas de De Gaulle - un être humain plein de défauts et de qualités - et celui qui a tout fédéré et tenu - certainement e personnage le plus important, dans les faits, de cette époque, non ?

JEA a dit…

@ Brigetoun

Le 17 juin à 2 heures du matin, Churchill téléphonait à Pétain (après avoir attendu interminablement que l'on veuille bien lui passer la communication du côté français).
Pour "engueuler" comme pas possible le Maréchal. Dans l'espoir de réveiller son amour propre. En vain.
L'anglophobie de certains responsables français de l'époque n'était pas un vain mot. D'aucuns préféraient encore une France devenant une "province du IIIe Reich" plutôt qu'alliée de la Grande-Bretagne.
Vous avez raison. Il fut un moment de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale où Churchill à lui seul symbolisa le dernier barrage de la civilisation face au nazisme...

NB : Mes excuses pour les commentaires restant sans réponses mais je tente actuellement de gérer les plagiats de plus d'une centaine de documents. Plus deux violations de serveurs sans oublier mon ordi. C'est un peu beaucoup...

D. Hasselmann a dit…

A l'époque, fumer le cigare relevait d'une certaine élégance et non de l'utilisation abusive des fonds de l'Etat.

Mais un Blanc peut-il être comparé à un Churchill ? Ce serait faire injure au second.

JEA a dit…

@ D. Hasselmann

La RATP mobilise-t-elle une armée de censeurs ?
Vous ne tirez pas à blanc quand vous chassez le clou...

Amaryllis a dit…

Et maintenant le genre de discours que l'on peut entendre :
http://correcteurs.blog.lemonde.fr/2010/06/18/ils-se-batturent-turlututure/

JEA a dit…

@ Amaryllis

S'il y a mobilisation, ici, elle est pacifique en prévision de votre page nomade de lundi prochain (si la technique ne nous trahit pas)...

Amaryllis a dit…

À lundi donc, JEA avec plaisir : chacun sur le blog de l'autre.

JEA a dit…

@ Amaryllis

d'ici lundi, heureusement ni veillée d'armes, ni d'alarmes, ni de larmes...
lundi : journée internationale des nomades !?!

Danaelle a dit…

Journée internationale des nomades... tous, nous ne faisons que passer.

JEA a dit…

@ Danièle Duteil

Mais une page en forme d'île nomade vous est réservée sur ce blog...

Danaelle a dit…

Merci JEA. Peut-être une page de mon nouveau recueil ?

JEA a dit…

@ Danièle Duteuil

Votre page sera un peu celle de ce blog aussi...
En attendant d'y présenter votre recueil !