DANS LA MARGE

et pas seulement par les (dis) grâces de la géographie et de l'histoire...

jeudi 25 septembre 2008

P. 31. L'un des 38.000 Monuments aux Morts de France

(Photo : JEA, LNAJ, 14 juillet 2008, à droite : la Mairie).

Ces 26 et 27 septembre, la Société d'Etudes Ardennaises propose un colloque sur : "L'Autre Résistance. 1914-1918".

Les travaux se dérouleront au Musée de Novion-Porcien : "Guerre et Paix en Ardennes".

Au programme, cinq interventions le vendredi à partie de 14h sur le thème : "Ecrire pour ne pas oublier".

- "Les témoignages privés dans les collections des Archives départementales des Ardennes",
par V. Rouchy-Levy, archiviste départementale.
- "Une source inédite : le journal des Ardennais de Paris, survivre et résister en exode",
par N. Charles, enseignant et chercheur.
- "Des élèves racontent la guerre : compositions françaises d'enfants réfugiés dans les Alpes-Maritimes",
par J-F Saint-Bastien, SEA.
- "Les adultes écrivent la guerre. Les cahiers d'Alexandre Guérin, secteur de Vendresse et les cahiers d'Alcide Aubert de Taillette",
par notre amie Marie-France Barbe, historienne.
- Une visite commentée du Musée.

Le samedi à partir de 9h : "Les troupes allemandes au front et à l'arrière du front".

- "La résistance allemande sur la Suippe et sur l'Aisne",
par le colonel J-P Letang.
- "Nécropoles militaires allemandes dans les Ardennes",
par C. Plinson, conservateur adjoint de la nécropole de Noyers Pont Maugis.
- "Les troupes allemandes et l'occupation du nord du département de la Meuse",
par J. Lanher, professeur à Nancy II.
- "Les troupes allemandes et l'occupation à l'est du département de l'Aisne",
par J. Leclere, enseignant, chercheur.
- "Les mouvements des troupes allemandes dans les Ardennes en 1917-1918 à travers les notes de l'abbé Mathy de Signy l'Abbaye",
par J-P Marby, président de la SEA.

Le samedi à partir de 14h : "Figures de résistants, volonté de résister".

- "Fuir les Ardennes occupées pour servir dans l'armée française : l'itinéraire de l'instituteur Malicet",
par B. Gonel, SEA.
- "Pommes de terres cachées à l'ennemi : un exemple original de résistance villageoise",
par G. Deroche, enseignant, chercheur.
- "Champagne-Ardenne. Une figure de la résistance rémoise : Mgr Luçon",
par J-F Boulanger, université Reims.
- "Georges Corneau et la défense des Ardennes"
par J. Dupuy, enseignant, chercheur.
- "Résister dans les départements occupés",
par F. Cochet, université de Metz.
Correspondance, informations et réservations : J-P Marby, président de la SEA. Cliquer : ICI.

Pour rappel, ils furent 8 millions d'hommes à porter l'uniforme français pendant la Première guerre mondiale. Ce qui signifie concrètement un citoyen sur cinq appelé à s'arracher à son foyer. Aux fronts, I.450.000 d'entre eux perdirent la vie. Ce dont témoignent les 38.000 monuments éparpillés dans tout l'hexagone comme autant de témoins figés dans leur devoir d'une mémoire toujours plus érodée par l'alzeimer du temps.

Dans le Tome I des "Lieux de Mémoire" (1), Antoine Prost a établi une classification de ces monuments aux morts de 1914-1918. Car loin d'être stréotypés, ils présentent au contraire une diversité complexe.
C'est sur base de cette classification que celui de mon Village peut être déchiffré (voir photo).
Il ne relève pas des monuments "militaires" : avec, par exemple un poilu statufié, des photographies de soldats, l'application d'une médaille comme la Croix de Guerre, ou encore l'exposition d'engins de mortcomme un mortier de tranchée, voire des munitions sous forme d'obus etc...
Le monument d'ici n'est pas plus "religieux", dépourvu qu'il est de tout signe ostentatoire comme une croix ou une autre référence à un culte.
Par contre, la stèle a été voulue à la fois "républicaine" et "funéraire". Elle rend un sobre hommage aux citoyens de la Commune, ces "Braves" qui ont sauvé la France de ses envahisseurs. Une urne symbolique protège les cendres de ces républicains qui ont ainsi perdu la vie pour la liberté, l'égalité et la fraternité.

(Photo JEA, LNAJ).

La mention "Mort pour la France" fait l'objet des articles L 488 à L 492bis du Code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre.


Ont droit à cette distinction :


- "les membres des forces armées françaises, y compris les supplétifs, requis ou engagés à titre étranger, tués au combat, morts des suites de maladies contractées ou d'accidents survenus en service commandé au cours des guerres mondiales, d'Indochine, d'Algérie, des opérations extérieures de maintien de l'ordre ou de la paix, notamment sous mandat de l'ONU ;
- les prisonniers de guerre décédés dans les mêmes circonstances ;
- les victimes civiles de nationalité française des guerres de 14-18, 39-45, d'Indochine ou d'Algérie."

Cette reconnaissance est "liée aux circonstances du décès. Lorsque le décès survenait en zone de guerre, la mention "Mort pour la France" était inscrite, par l'autorité militaire, sur l'acte de décès qui était ensuite transmis à la mairie du domicile de la victime." (2)

Les noms des morts 1914-1918 de mon Village sont répartis sur deux faces de la stèle :
- 16 poilus de A à D
et
- 16 de F à W.

C'est ici que la critique historique se réveille. En effet, sur ces 32 poilus "morts" pour la France, vérifications faites, il s'avère que 11 ne sont pas repris sur la base de données des "Morts pour la France", base établie par le Ministère de la Défense. (3)

Ce sera le sujet d'une prochaine page de ce blog.

Notes :

(1) Antoine Prost, "La République. Monuments. Les monuments aux morts" in "Les Lieux de mémoire. T.1" sous la direction de Pierre Nora, Quarto-Gallimard, 1997.

(2) Ministère de la Défense. Service général pour l'administration. Règles d'attribution de la mention "Mort pour la France" aux militaires et civils tués au cours des guerres et conflits.

(3) Ministère de la Défense. Service général pour l'administration. Mémoire des hommes. Cliquer : ICI.

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