mardi 15 décembre 2009

P. 209. Zoë Lucider : "Mélancolie spécieuse".

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Pages nomades (Ph. JEA / DR).

Prolongeant le sillage de
Dominique Hasselmann,
de Tania,
puis de Clopine,
la page nomade et mélancolique
de Zoë Lucider

Sur son blog de l'arbre à Palabres, l'arbre porte une minuscule et les Palabres une majuscule. C'est tout Zoë. Globe-trotteuse, elle a élu les horizons sans clim. Inspiré les alizés. Respiré les effluves des fleuves en fleur et des friches pour les cultures futures. Elle ne se fuit pas. Elle rencontre les autres, une rose des vents à la main pour ne pas prendre des chemins sans lendemains.
Cet arbre, elle l'a planté mais avec des racines baladeuses. Nous ne sommes pas à un paradoxe près !
Certes les dicos rédigés par des diplodocus infatués affirment sans sourciller que les "palabres" seraient par essence "inter-minables" et "oiseuses"... Bonjour le mépris. Alors que les gentes dames et damoiselles, jouvenceaux, têtes chenues, galopins et fillettes, saltimbanques, écrivains publics, allumeurs de réverbères, muses et autres gens de tous les voyages se réjouissent de cet arbre-point géométrique-amer-repère (sans bornes). Là convergent irrégulièrement, au gré de leurs pérégrinations, celles et ceux qui laissent éteints les postes de tv, dévorées de rouille les armes, vides les autoroutes, creuses les heures de fausses gloires...

Lucider ? Certes il y a décidément du lucide chez cette femme. Et elle n'est pas la der des ders à le faire savoir.

Traces devant Les Cruttes (Ph. JEA / DR).

Zoë Lucider :

- "Dans ce monde, on bâtit, on sculpte, on sarcle, on soude, on emboite, on ligature, on éviscère, on torture, en un mot, on s'occupe.
Quand on ne s'occupe pas, on périclite. N'essayez pas d'y échapper, c'est sans issue. Petits égos solitaires, dont il faut sans cesse déterrer le cou du sable des certitudes. Cerveaux stratifiés de milliards de mots, de billions d'émotions.
Sexes définitifs ou définitoires, besoin de plein et de chaud vrillé sous le nombril. Stylo et encre n'y feront rien. Au contraire, ils vous y ramènent. Vous croyez recracher la mixture en l'étalant sur votre petit papier. Innocence ! Elle sera dans votre bouche demain. Aussi amère qu'aujourd'hui.
Allez plutôt dormir. Dans un désert, que faire de mieux. C'est une consolation savez vous ?
Allez, ne résistez pas. Votre Ça ne demande que ça.
Votre moi sans aucun toi finira par se taire.
Et votre surmoi voguera, sur les ondes alpha et béta de votre capsule crânienne, sur l'huile immobile de votre douleur.
Ça, moi, surmoi, tous en hérésie dans ce monde balisé."

Empreintes à La Biousse (Ph. JEA / DR).

- "Paix ! Revenez à la raison !
Tout est prévu pour la gouverne. Inscrivez vos empreintes digitales sur ce petit carton, mettez votre salive à l'abri de notre coffre, souriez à la caméra.
Jurez fidélité à votre mari et à votre banquier et tout ira bien.
Le catalogue des étoiles est disponible et le noyau d'énergie sous contrôle.
Laissez-vous aller. Ce n'est qu'une longue attente. Avant de rencontrer le dentiste de l'âme.
Patientez. La mort est au bout.

Commencez par vous endormir. Ce sera moins douloureux. Vous serez habitués.
Puisez dans la gamme d'hypnotiques, c'est gratuit.
La révolte est taxée, l'ignorez-vous ? Ne vous l'a-t-on pas assez dit !
Le rêve n'est qu'un regret, un prurit. Croyez-moi ! Une mélancolie spécieuse! Une fainéantise."

(S) Zoë Lucider.

Reflets sur le Ton à Eparcy (Ph. JEA / DR).


21 commentaires:

  1. bonjour JEA, j'adore la métaphore d'un cerveau stratifié sans doute même avec les mémoires hèriditaire!

    ah j'adore vos graphique belle représentation de la mer des pensées.

    merci et belle journée à vous JEA.

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  2. @ jedaen

    je laisse Zoë Lucider découvrir votre enthousiasme...
    quant à l'illustration de bord de mer, ce sont très prosaïquement des traces de...tracteurs
    faute de port, les pêcheurs de cette Manche-là conduisent leurs embarcations jusqu'au bord des vagues...
    et puis vogue la galère tandis que le tracteur commence à rouiller d'ennui parmi les coquillages oubliés

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  3. @ brigetoun

    en trois mots, vous avez décrit la substantifique moelle...

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  4. Prosaïques ? Éphémères comme château de sable. On associe rarement la légèreté à tracteur, et pourtant...

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  5. L'ancolie spacieuse rivalise dans le secret de la page noire : illustrations ouvertes comme des baies sauvages sur la langue (tirée) de Zoë comme toujours osée.

    (Lettres à recopier pour valider ce commentaire : pererc.)

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  6. @ Elisabeth.b

    Et ces tracteurs-là sont d'un rouge provoquant. Les sables se drapent d'un jaune dépassé. La mer flirte le plus souvent avec les gris. Et puis, ça et là, des tracteurs comme des grenades abandonnées...

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  7. @ D. Hasselmann

    A vous lire je comprends - enfin et mieux - l'expression : "ne pas avoir sa langue en poche"...

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  8. JEA j'aime l'harmonie de couleurs que vous décrivez. Et vos tracteurs ont l'éclat des grenades-fruits.

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  9. Rien de mou dans cette belle mélancolie qui plonge brillamment dans les eaux du Ton et non du ton sur ton. Merci, Zoë, de nous réveiller, de nous secouer, de nous empêcher de péricliter, en effet. D'élucider les maux des zozos toutes catégories.

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  10. @ Elisabeth.b

    et je taisais le plus étonnant : le ciel
    le cirque Barnum avec ses trois pistes contiguës, c'est une miniature de norêves en comparaison...

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  11. D'abord merci infiniment à Jea de ces enluminures. C'est si beau que j'ai l'impression de lire un autre texte. D'ailleurs,
    la métaphore d'un cerveau stratifié
    lucide et fort - sans appuyer
    L'ancolie spacieuse
    élucider les maux des zozos toutes catégories.
    vos commentaires créent par écholalie un autre texte comme ces images transforment les traces de tracteurs en océans et les lignes de fuite en horizons
    Merci à tous de votre délicatesse.

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  12. @JEA merci pour partager! la prose devenue poésie sans doute.c'est les petites choses quotidiennes qui sont facile à dramatiser ha ha.
    merci.

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  13. De Zoë, j'avais écrit un jour qu'elle était lucide et qu'elle ne manquait pas d'air. Je maintiens.

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  14. @ Tania

    Il y a plein de remerciements dans l'air... Les miens vont à vous pour avoir avoir accueilli parmi les textes et prétextes de votre blog, une approche du "Drôle de jeu" de Roger Vailland.

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  15. @ Zoé Lucider

    Si une maison d'édition en coopérative sortait des nimbes, et que des bénévoles ne soient pas pas écartés pour cause d'éloignement géographique, alors, alors...

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  16. @ jedaen

    ce qui ne sera pas dramatique, c'est le billet de demain jeudi : rendez-vous à Jeantes...

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  17. @ Chr. Borhen

    c'est un plaisir de vous lire, ici aussi...

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  18. Bravo Zoë, je vais relire ce texte plusieurs fois tant il m'a plu.

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  19. @JEA, une maison d'édition coopérative ? Est-ce un chaniter dont vous êtes prêt à poser les premières pierres ?
    0Chr.B, je me demande si je ne vais pas prendre cette citation comme carte de visite
    @Anna de Sandre, tu as eu droit ainsi à une session de rattrapage

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  20. @ zoé lucider

    poser la question, c'est y répondre (dans le contexte d'une coopérative)

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