mercredi 11 novembre 2009

P. 192. Minimaximes

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Il suffit d'ouvrir le stylo (Ph. JEA / DR).


"En vérité il n'était pas question de bonheur ni de malheur, mais de passer comme passent les mouches, les oiseaux ou les crapauds. Pas inutilement. Cela demeurait très nécessaire pour la figuration du monde. Il ne fallait pas mépriser les plus simples démarches."
André Dhôtel.




- Même avec des ailes lisses, un oiseau peut tomber des nues.

- Pendu au croc de boucher au couchant, le soleil est vraiment sanglotant.

- Les nuages lèvent le poing et ressortent leurs drapeaux noirs, leurs chiffons rouges pour manifester sur les grèves mosanes.

- Les coccinelles sont ramassées à l’appel des cloches.

- Belgicain ? Objection, votre Honneur. Je suis plutôt belgicahin-caha.

- La pluie épicée efface l’ardoise des soupirs.


- Mensonges d'une dernière nuit d'été.

- Le brouillard prestidigitateur jette de la poudre aux yeux des horizons.

- Au crépuscule, même les dieux basculent dans l’étang noir des trépassés.




Crépuscule sur Cendron (Ph. JEA / DR).



- Le poids d’une seule plume peut faire pencher la balance de l'histoire des désillusions.

- La grisaille taille large.

- A midi, avec leur colonne de droite et leur colonne de gauche, les vents désempierrent les parchemins.

- L’érable distrait perd des feuilles manuscrites et leur encre s’épanche de branche en branche.

- Les doigts mélancoliques des fumées retournent le sel de la terre.

- Ravagée de tics, la lune élégante se réfugie dans un parc privé d’électricité.

- Entre l’écorce diaphane des jours et l’arbre noyé des années.

- Les marais ribauds sortent de leur cage.

- L’arbre tintinnabulant comme une épine dans le pied de la colline et celle-ci boîte maladroitement.




8 novembre (Ph. JEA / DR).



- Sentence : potence pour mot-à-mort.

- Une source incrédule oscille entre l’amertume et la fièvre du samedi sans espoir.

- Dans la paume de la vallée, des sillons comme des lignes de survie.

- Un étang maquillé en murmures attend les réponses des échos anciens.

- Un héron scaphandrier a plongé dans l’eau trouble du bénitier.

- Malaisé de sembler plus clochard qu’un cheval pochard.

- Un papillon myope-mystérieux.



(Photo JEA / DR).

33 commentaires:

  1. poésie qui joue de la distance, la légère distorsion et l'humilité pour exister

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  2. @ brigetoun

    pas entièrement hors sujet : à voir votre blog ce matin, nous semblons partager exceptionnellement les mêmes ciels...

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  3. Rêveries près de vos étangs. J'ai traversé des champs inondés. Ici les mares sont éphémères.

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  4. Des mots à peindre et des images à écrire... très beau !!

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  5. Quel jeu de mots... et toutes les lettres en bouche pour y mettre des voiles et gagner l'immensité du plaisir partagé quand la langue se délie , s'en mêle et dit tout haut ce que la poésie pense tout bas.

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  6. @ Elisabeth.b

    Les "Rièzes" : ce nom d'ici parle de ces espaces marécageux qui offent des brouillards très fragiles parfois, gravement têtus à d'autres moments. En période de gels, les blancheurs sont comme en apesanteur.

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  7. @ claire

    et "belgicain"... vous ne m'aviez pas laissé seul face aux aboiements...

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  8. @ jean jacques

    c'est peut-être mieux que les mots tus et les bouches recousues...

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  9. Cher belgicahin caha, vos images et vos mots me font un bien fou, aujourd'hui. A cette heure crépusculaire et embarbouillée de brume, les dieux basculent et les coccinelles sont mises en boite.

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  10. Oh JEA ! comment vous remercier ? Vous déplacez merveilleusement les lignes. Chaque phrase est de toute beauté. Héron scaphandrier, papillon myope, le premier soleil sanglotant encore jamais vu sur la terre.
    Juste avec stylo, et un petit mot d'André,vous composez
    un "chant du monde".
    Tout est là. Et nous voilà épris, complètement renversés.
    Il est splendide votre billet !

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  11. Ce Jaroussky est extraordinaire. la prmière fois que je l'ai entendu il chantait Carestini. Acheté le CD dans la semaine

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  12. @ zoé lucider

    j'ai cherché à mettre "le mot" au féminin...
    et n'ai trouvé que "la mo-elle"
    mais comme s'en réjouissait déjà notre bon Rabelais, c'est évidemment la substantifique moelle... celle qui fait un bien fou quand on doute de tout et même du reste

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  13. @ Frasby

    Cette année, exceptées "Les voix du Pamano" je n'ai rien lu (et cependant que de bouquins escaladent de plus en plus les marches d'escalier ici, pour cause de pénurie grave de bibliothèques), donc cette année malgré le rythme banal de trois livres ouverts en parallèle, je n'ai rien lu de plus déchirant, de plus juste, de plus prenant mais aussi de plus généreux, de plus limpide que votre récit de Toussaint.
    Vous, les autres commentateurs (masc. gram.) et moi encore, nous n'avons rien à cirer des flagorneries et autres pitreries de cours littéraires (ou se gorgeant d'être telles).
    Il n'y a pas l'ombre d'un ascenseur dans mes ardennes. Pas de renvoi possible.
    Je vous l'écris parce que si ce n'est maintenant, c'est que je deviens trop barbon.

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  14. @ Zoé

    dans le désert vert d'ici, mais désert néanmoins
    un mirage
    une oasis
    le festival baroque de l'abbaye de St-Michel en Thiérarche
    un prix unique pour les places
    pas de priviliges
    ni de concours de snobisme
    par contre France Musique enregistre chaque année plusieurs concerts eu égard à la qualité des programmes et de l'acoustique
    tout ceci pour vous confirmer que Jaroussky nous est vraiment fidèles, à nous les gentils (je l'espère) paumés de mon coin
    il a toutes ses qualités professionnelles et donc certaines sont exceptionnelles
    mais il faut y ajouter son respect de tous les publics
    et sa générosité...

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  15. @ Frasby

    il y avait un noeud à mon stylo : ne pas oublier le lien vers cette Toussaint bouleversante :

    http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/11/02/comme-un-dimanche.html

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  16. @ Cactus homme lézard

    Borhen ? au moins pas de risque de cinquième colonne à l'horizon
    et vivement son roman chez Gallimard fin de l'hiver (si je ne me plante pas)

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  17. @ Anna de Sandre

    Pas de biffures pour ces deux-là...

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  18. Ah, magnifique billet, photos et textes!
    Suis arrivée ici grâce à brigetoun, me suis régalée.

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  19. Entre poésie et jeux de mots, à la lisière du haïku, une brochette de belles paroles qu’on se farcirait bien à l’heure de l’apéro, avec juste ce qu’il faut de poudre pour moudre le brouillard.
    Privée en ce jour de chauffage, je vais de ce pas m’enquérir de la lune …

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  20. @ Nathalie, Avignon

    Ici, tout le monde est sur le pont pour saluer dignement votre première venue !

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  21. @ Saravati

    Si cela vous dit. Au village, nous avons une forêt (pas un bois quand même). Et chaque année, chacun reçoit une part de coupe tirée au sort. Pour 8 Euros. Assez de bois pour ne pas s'éveiller avec le chauffage parti à la cloche de... bois.

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  22. Vous offrez votre coupe ? C'est très généreux. Il ne suffit plus que d'abattre les arbres, débiter le bois, le transporter, en faire des bûches d'une taille raisonnable. Bref le plus facile.

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  23. @ Elisabeth.b

    évidemment la forêt municipale ne joue aucun rôle dans les contes de fées : aucun coup de baguette magique pour métamorphoser un chêne en bûches à la dimension de votre feu ouvert
    mais ici, la solidarité n'est pas un mot confiné aux dictionnaires
    et avec la crise permanente, ce ne sont pas les pros du bois qui manquent en cas de besoin
    bref, personne ici ne meurt de froid, ce serait plutôt de vie non partagée...

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  24. J'aime beaucoup le crépuscule sur cendron !

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  25. Merci JEA
    Qui pourrait mieux le dire que Brassens ?


    http://www.youtube.com/watch?v=gMBeHJC9_uk

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  26. @ sylvie

    une association sans but lucratif : "Nuages sans Frontières"...
    la photo se situe le pied gauche en France et le droit en Belgique

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  27. @ Saravati

    oui, oh que oui : les copains d'abord...

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  28. JEA j'aime vous lire.
    (Il est tard, je ne vais pas broder n'est ce pas... D'autant plus que je suis meilleure en couture, la haute et les bas, comme il se doit)

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  29. @ C. Watson

    Et les maths à mort...

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  30. @ Mademoiselle C.

    Encore que parfois les brodent rient et voilà qui nous change de nuits tristounettes...

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